Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
VITDITS ET AGLAMIETTES
VITDITS ET AGLAMIETTES
Publicité
Archives
Derniers commentaires
VITDITS ET AGLAMIETTES
Newsletter
0 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 355 408
Vous y êtes !

Vous venez d'atterrir sur le blog d'AGLAMIETTES où sévissent Aglaé, Thomas et Dan.

Chez nous, vous trouverez des textes courts, des aphorismes pas toujours très sérieux, des réparties dites VD, ou « Vitdit » pas vraiment classiques, mais, autant que possible humoristiques.

Laissez-nous un commentaire si vous avez le temps et l'envie.

Les commentaires sont accessibles sous chaque post de nos auteurs.

Une réponse vous sera adressée (sauf caprices de l'informatique toujours possible) !

vitdits-ecran

Participez sous la rubrique : « Le Plumard » réservée à nos amis et invités.

A bientôt !

26 mai 2012

Hervé Baudouy...'La Fin de l'innocence ?'....deuxième partie...

71885716

 

Gina s’assit précipitamment à côté de moi, balança son pied vers Roussette pour l’éloigner. Puis elle se tourna vers moi et essaya de sortir ce qu’elle avait à dire.

  • Hum…

  • Oui.

  • Je…

  • Tu t’appelles Gina ?

  • Oui.

De nouveau, ce grand geste du bras. Ce coup là, elle manqua renverser mon Pepsi. Je déteste les mimes et je hais la pêche !

 

  • Moi, c’est Daniel.

On s’est serré la main; la sienne était froide et moite ; la mienne aussi sans doute…

 

  • Heu… reprit-elle, je peux te demander quelque chose ?

  • Vas-y !

 

Elle regarda Roussette, laquelle leva les pouces en signe d’encouragement. Gina respira profondément, posa ses mains sur ses genoux, et se lança courageusement.

 

  • Je peux avoir un bout de ton Mars ?

 

Oh! Ce que j’aurai pu m’amuser avec ça ! J’aurai pu lécher le morceau avant de lui donner. J’aurai pu lui demander si elle avait dix sous ; elle aurait dit oui ; je lui aurais alors dit que ça ne coûtait que dix sous au stand.

Ou bien, un truc hilarant du genre : « Tu réalises que, dans mon pays, demander ça à un homme revient à lui demander d’être son esclave sexuel ? »

Bon. En fait, je lui ai donné un bout de Mars. On a mangé en silence, pendant un moment. Ses amies lui faisaient signe de poursuivre le plan en béton concocté dans les toilettes. Gina leur renvoya de signes cabalistiques en essayant de me les cacher. Je fis semblant de ne rien voir.

 

Bon sang ! Comment diable allais-je casser la glace ? J’étais plutôt timide en ce temps-là, et le Bal avait progressé, au point que des mecs s’étaient aventurés sur la piste.

Un vieux succès des années 80 se déversa des haut-parleurs : « Gino-Vanelli’s Black Cars ». Gina commença à battre la mesure du pied, sur le beat d’intro au synthé.

 

  • Tu aimes cette chanson ? demandai-je.

  • Je l’adore.

  • Tu veux danser ?

  • Bien sûr.

 

On s’est levé et on a dansé ! Je ne me suis jamais pris pour un bon danseur. Elle dansait en gardant une main sur le ventre, comme beaucoup de filles. J’ai toujours aimé ça. Elle me regardait dans les yeux au lieu de jeter des coups d’oeils nerveux à ses amies. Elle se moqua de moi, disant que j’avais l’air d’avoir avalé un parapluie.

Les Black Cars finissaient de hurler. Je demandai à Gina si elle voulait danser la prochaine.

  • Ok.

Gino Vanelli s’évanouit et fut remplacé par. . . un slow.

Je pense que c’était Air Supply. Ou un truc de Bryan Adams. Peu importe, je me contentais de rester planté devant elle en la regardant. Elle me rendit mon regard comme si je lui avais demandé de me montrer ses seins. Autour de nous, une douzaine de couples ondulaient par petits groupes. La plupart d’entre eux se tenaient par les hanches, en laissant trente bons centimètres pour le Saint-Esprit.

Certains, plus âgés, dansaient serrés, le menton sur l’épaule…

Les amies de Gina nous observaient de leur coin comme des fans de foot avant un penalty.

Elle commença à se tourner vers elles, mais je l’arrêtais en écartant légèrement les bras. Ce n’était pas beaucoup, mais le signal était clair : « Si tu veux danser ce slow, moi je suis prêt ».

 

 

Elle l'interpréta correctement et rassembla le courage nécessaire pour s'avancer jusque-là moi.

 

Ses copines gloussèrent et se trémoussèrent, puis coururent en ricanant vers els toilettes

quand je pris le taureau par les cornes et l'attirai contre moi (elle, pas le taureau !), si près que sa tête se posa sur mon épaule. Elle se raidit pendant quelques secondes, puis ses bras s'enroulèrent autour de mon cou et elle se serra contre moi. Elle ne me regarda pas pendant toute la danse, mais fixa la porte des toilettes des filles, comme si ses copines l'avaient trahie.

Quand la musique s'arrêta, elle s'écarta sans un mot et s'enfuit vers... les toilettes, bien sûr !, sans regarder derrière elle.

 

Je haussai les épaules et retournai au stand acheter des Mars et autre Pepsi. Puis je me rassis, et essayai de comprendre comment le cerveau d'une adolescente pouvait fonctionner :

"Mais qu'est-ce qu'elle fiche là-dedans ?!"

J'étais si euphorique que j'en oubliais M. Content, de plus en plus au garde à vous.

Oh ! Voilà ce qu’elle y fait aux toilettes ! Je croyais l'entendre :

- Quel cochon ! Il voulait danser juste pour colle son sexe contre moi.

Et une autre fille répondait :

- Je connais un bon avocat...

 

Au diable ! Pensai-je. Je ferais mieux de partir avant que ça dégénère. J'engloutis le restant de Mars,

puis m'envoyai une dernière gorgée de Pepsi, et sortis mon ticket de vestiaire, alors que Cindy Lauper commençait à chanter que les filles veulent juste s'amuser.

J'étais en train d'enfiler mon vrai-faux similicuir quand Roussette sortit en trombe des toilettes, façon Charge de la Cavalerie Légère. Elle me vit prêt à partir et aboya :

- Attend !

Elle slaloma entre les grappes de danseurs, et s'approcha, un morceau de papier à la main :

- Il faut que tu lises ça.

Je le dépliai. L'en-tête disait que David Mainson, de l'Immobilière Gold voulait être mon agent immobilier.

La suite me concernait davantage. Une écriture d'ado ; aucune autre catégorie d'êtres humains

ne met des cœurs sur les "i" au lieu de points. Et ça disait :

" Est-ce que je te plais ?"

En dessous, deux petites boites : "Oui" et "Non".

Je dis à Roussette :

- Tu es mignonne, mais tu n'es pas mon type.

- Ça vient de Gina. En plus, j'ai déjà un copain.

- Bon. Tu as un stylo ?

Elle n'en avait pas, mais sortit de son sac un de ces énormes crayons à maquillage.

Je me tournai pour avoir un peu d'intimité, et je mis une grosse croix graisseuse dans la case "Oui",

et repliai le papier. Je rendis à Roussette crayon et papier en lui disant de s'envoler.

Je pensais faire viril et élégant, mais quand j'y repense, j'ai dû ressembler à un type se prenant

pour James Bond.

 

Elle voulut déplier le papier.

- Non ! Tu le lui donnes plié. C'est pour elle. Je reste ici encore dix minutes.

Elle me fit une grimace, et repartit au galop...

Et je tournai en rond devant le vestiaire comme un homme dont la femme va accoucher.

Au moins, ça ne la perturbait pas, que je souffre d’Erectionnitus Inopportunis.

Cindy Lauper arrêta de nous parler des filles qui veulent juste s'amuser, et fut remplacée par

Les Wild Boys qui nous confièrent, en hurlant, que les garçons eux aussi veulent juste s'amuser.

Mais pas de la même façon. Il faudrait les mettre en contact, ces deux-là. Ils pourraient faire une compil'...

 

Gina sortit des toilettes. En fait, elle fut plus ou moins poussée dehors par ses "copines".

Elle passa ses mains le long de son corps, comme pour lisser un pli, et se tourna vers le vestiaire

J'étais appuyé contre une table, essayant désespérément de paraître décontracté et distancié, très Humphrey Bogart dans Casablanca.

Elle s'approcha et examina encore un peu le plancher, puis lança :

- Heu... Salut !

- Tu préfères rester ici ?

- Ça m'est égal.

 

"Ça m'est égal...".

Cette phrase - marque déposée des filles de cet âge-là. Quand une fille est poussée dans un coin,

avec une question à réponse Oui/Non, et qu'elle sait qu'une des réponse lui apporte le paradis,

et l'autre une fessée, elle répondra : "Ca m'est égal".

- Moi, je commence à m'ennuyer. Je te raccompagne chez toi, si tu veux.

- Hé bien... Je n'habite pas vraiment ici.

- Je le sais. C'est une école.

- Non, dit-elle en gloussant. Tu es drôle ! Je veux dire... JE ne vais pas à cette école.

Je suis venue avec une amie. J'habite à l'autre bout de la ville. Mon père doit venir me chercher. Désolée.

- Pas de problème, c'est la vie. A quelle heure il vient ?

- Neuf heures.

Coup d'œil à ma montre ; huit heures et quart.

- Si tu veux, on peut aller chez le glacier. Je te paye un sundae.

- Heu... Il faut que je voie avec mes amies.

- Oh ! Je n'ai de l'argent que pour toi.

 

 

A suivre…

 

Hervé

 

Publicité
Publicité
Commentaires
H
J'y pense... j'y pense ...:-)<br /> <br /> RV
Répondre
A
...avant la soirée!<br /> <br /> <br /> <br /> Ce texte est un de ceux que je préfère dans la série'RV et les ados'...et toute cette série en particulier mériterait largement une édition papier....tu nous diras,Hervé, si ça voit le jour dans not'belle province?
Répondre
Publicité