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VITDITS ET AGLAMIETTES
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Vous venez d'atterrir sur le blog d'AGLAMIETTES où sévissent Aglaé, Thomas et Dan.

Chez nous, vous trouverez des textes courts, des aphorismes pas toujours très sérieux, des réparties dites VD, ou « Vitdit » pas vraiment classiques, mais, autant que possible humoristiques.

Laissez-nous un commentaire si vous avez le temps et l'envie.

Les commentaires sont accessibles sous chaque post de nos auteurs.

Une réponse vous sera adressée (sauf caprices de l'informatique toujours possible) !

vitdits-ecran

Participez sous la rubrique : « Le Plumard » réservée à nos amis et invités.

A bientôt !

26 mai 2012

Hervé Baudouy...'La Fin de l'innocence ?'...première partie...

 

 71885716

 

Je ne participais jamais aux Bals organisés par l’école. Pour plusieurs raisons ; la plus importante, sans doute, étant que j’aurais détesté y aller tout seul, et Olivier ne voulait jamais m’y accompagner : à son avis, ces Bals étaient faits pour les Débiles, vaste secteur de la population…

De plus, je dansais mal, et je souffrais d’acné intermittente ; de toute façon j’étais assez marginal à l’école. J’emmenais mon harmonica partout où j’allais, certains gars m’appelaient HarmoniMec. Laissez-moi vous dire que ça fait mal ! Surtout quand les filles se mettent à ricaner en chœur.

 

Généralement, les soirs de Bal, je rejoignais Olivier, et on se tirait des plans. On louait une cassette « cool », un truc du genre « Vendredi 13 » ; on s’achetait des cokes gigantesques ; avachis sur le sofa, on regardait le film en philosophant sur la débilité des mecs de l’école.

 

Le soir de ce bal-là, Olivier avait une gastro carabinée. D’une certaine manière, j’en fus content : je n’allais pas à ces festivités rythmées parce qu’il attendait de moi que je reste avec lui et qu’on fasse des trucs cool ensemble…

Ce qui fait que ce soir-là, j’allais au Bal.

Comme tout le monde.

Je m’attendais à quelque chose de romantique…

 

En plus, je danserai des slows avec une fille ! C’est tout ce que je voulais, en réalité (mis à part éviter d’avoir une érection en dansant trop serré)

 

Après l’école, je suis retourné à la maison, me suis douché ; j’ai collé mes cheveux avec du gel bon marché ; j’ai peint mes boutons avec une crème piquée à ma sœur. (Rétrospectivement, à cet âge-là, les garçons se maquillent autant que les filles !) J’ai enfilé une paire de jeans noirs et une chemise rouge : « Ça me fera paraître sexy », pensai-je.

 

Je me suis regardé dans la glace : j’étais vraiment le mec le plus cool de ce Bal ! Puis j’ai demandé à maman de m’y conduire. Elle m’y a emmené dans la vieille « familiale », et je suis descendu à trois coins de rues de l’école. La plupart des mecs (et *toutes* les filles !) riraient pendant des siècles de me voir descendre de cette antiquité.

 

Il faisait un peu frisquet, aussi ai-je pris le pas accéléré : mi-course à cause du froid, mi-marche, pour ne pas déranger ma coiffure si bien arrangée. J’arrivais à la porte en même temps que Jacques et Pierre, deux élèves de ma classe.

 

  • Woaaaaw ! Devine qui vient danse ! Harmonimec !

  • Joue-nous un air, s’il te plaît ! Un beau !

 

Je leur fis un bras d’honneur et passai la porte. J’entendis la voix de Jacques :

 

  • On te massacre quand tu ressors, débile !

 

L’école était décorée de cœurs rouges, roses et blancs et de Cupidons informes de carton. Des ballons rouges et blancs voletaient partout ; un grand panneau imprimé annonçait : « Bal de la Saint-Valentin – École Saint-Pierre. »

Quelqu’un avait colorié alternativement les lettres, mais le marqueur rouge était tombé en panne avant la fin…

Vous voyez le tableau ? …

 

J’ai abandonné au vestiaire ma veste en vrai-faux-simili cuir, j’ai passé ma main dans mes cheveux et ramassé un paquet de gel ; ça collait à mes mains comme une traînée de miel. Je m’étais toujours demandé pourquoi on ne pouvait pas laisser nos manteaux dans nos casiers. Je venais de comprendre : pas assez de surveillance, donc rien pour nous empêcher de fumer dans les toilettes, ou de faire de l’exploration corporelle rapprochée dans les placards ou les salles de rangement.

 

J’entrai dans le gymnase, alors que la musique commençait. Je fis exactement la même chose que les autres mecs : je m’assis. Je restai là pendant quinze bonne minutes, pendant que Percy Lewis and the News chantaient le pouvoir de l’amour, Prince parla d’un rasperry beret, et Corey Hart nous confiturait son habitude de dormir avec des lunettes de soleil et…

 

et je suis allé acheter dix réglisses rouges et un gobelet de Pepsi pour un dollar et demi. Ça m’aiderait à supporter la solitude et ça me donnerait une contenance.

Je revins à mon banc et suçait mes réglisses. Il n’y avait qu’une douzaine de personnes sur la piste, rien que des filles.

Elles partaient toutes leurs grandes chevelures des années quatre-vingt, des jeans serrés, et des tonnes et des tonnes de maquillage.

L’éclairage disco, diffusé par la boule centrale éclairait tout ça de lueurs aléatoires, chaotiques et frankensteiniennes.

 

À ma troisième réglisse, je remarquai finalement ce groupe de filles, de l’autre côté de la piste. Quatre filles. Trois brunettes et une rousse. Les brunettes étaient grandes, plus grandes que moi. La rousse était plus petite ; ses cheveux étaient vraiment à la limite du crépu, et sa figure était une intéressante combinaison de tâches de rousseur et d’acné. Je trouve ça bizarre, mais assez rassurant qu’il y ait toujours un mouton noir dans un groupe de filles. Ouais… mais qui suis-je pour juger, hein ?

 

Une des brunettes portait une jupe vert fluo qui lui couvrait les genoux, et des collants noirs assez fins pour laisser voir la peau.

Elle portait un pull noir échancré qui laissait voir la quasi inexistence de ses seins : vraiment petits pour une fille de son âge. Entre eux se balançait une petite boule de cuivre suspendue à un cordon noir.

La fille à la jupe vert fluo jouait à « Je te regarde. Tu me regardes ? », par-dessus mes réglisses…

Ses amies le remarquèrent ; elles allaient certainement la pousser vers moi ; elle commencerait alors à dire des choses adolescentes super-intelligentes du genre : « Soirée cool ! » pour s’enfuir aux en courant dans les toilettes des filles.

Elle se rendit d’ailleurs aux toilettes au moins huit fois dans soirée ; accompagnée de ses amies bien sûr. Je sais, je ne suis pas le premier gars, ni le dernier à poser la question fondamentale : » Pourquoi doivent-elles toujours aller au toilettes ensemble ? «.

Et voilà ; première procession vers le dernier salon où l’on cause entre filles…

Elle en ressortit seule quelques minutes plus tard et commença à marcher vers moi. Ses amis passèrent la tête à la porte pour voir si l’Agent Spécial Vert Fluo avait accompli sa mission : prendre contact avec l’ennemi. C’était bien avancé, ça je peux vous le dire !

La testostérone coulait à flots à travers mon système, et mon hypophyse se sentait des frétillements intempestifs.

 

Je sentis soudain Mr Content se mettre au garde à vous, plus bas, et je savais qu’il y resterait toute la soirée. Fabuleux !

Cette fille allait voir ce dépassement incongru dans mes pantalons et me prendre pour un pervers. Puis viendrait le moment où le Pepsi aurait fait son chemin, et me pousserait vers les toilettes ; là il me faudrait me coller à l’urinoir, pour que les autres mecs ne me considèrent pas comme un étalon en rut. Il me faudrait bien sûr uriner vers le haut de la cuvette (parce que la pousser vers le bas ferait un mal de chien); alors j’aurai cette sensation dégueulasse de voir l’urine rebondir sur mes bras… se laver les bras, après ? Avec les réflexions amicales ? « Hé, HarmoniMec a pissé sur ses bras ! » Ah! Les filles !

 

Tout ça me traversa l’esprit en trois secondes, et mes yeux se trouvaient au niveau de son entrejambe vert fluo. Mon regard escalada lentement son corps. Son visage s’empourpra ; aussi rouge que mes réglisses.

Elle ouvrit la bouche, puis la referma. Tiens, elle porte un appareil dentaire.

 

  • Heu… dit-elle et elle perdit ses mots.

  • Pardon ? je me tortillai sur mon banc. Aïe ! Ça devenait vraiment serré, en bas. Heureusement Olivier m’avait dit, deux ans avant, de « la » mettre en position verticale. Surtout avec des slips serrés.

  • Je… heu…

Elle chercha du regard, derrière elle, un support moral.

Ses copines ricanèrent et disparurent dans les toilettes.

 

  • Ce sont tes amies ?

Une question directe. Ça lui convenait mieux.

 

  • Oui.

Elle bougea son bras devant elle comme si elle soulignait un argument. En fait, ça la fit ressembler à un mime amateur pratiquant le célèbre sketch «  Je m’en vais à la pêche ».

 

Elle continua à remuer son bras, au rythme de la musique, puis se rendit compte qu’elle avait l’air stupide comme ça. Elle s’arrêta et fixa frénétiquement le plancher. Il fallais que je l’aide.

  • Un beau plancher, non ?

  • Ouais… Ouais… fit-elle, débordante d’éloquence.

  • J’ai fait un pari avec mon ami Olivier. Il dit que c’est nettoyé au Spic & Span. Moi je dis que c’est du Mr. Propre. À ton avis ?

 

Elle arrêta d’analyser le plancher, parut se consacrer au plafond. Je cherchais quelque chose de rôle à dire sur le plafond, du genre : « Tu vois des cafards, là-haut ? ». Plutôt stupide, je vous l’accorde. Alors je ne dis rien.

 

La petite rousse grassouillette apparut alors, à trois mètres de Vert Fluo et lança :

  • Demande-lui, Gina, sinon, je le ferai.

 

A suivre…

 

Hervé

 

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Commentaires
A
Gravure directe sur cuivre...
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