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VITDITS ET AGLAMIETTES
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Vous y êtes !

Vous venez d'atterrir sur le blog d'AGLAMIETTES où sévissent Aglaé, Thomas et Dan.

Chez nous, vous trouverez des textes courts, des aphorismes pas toujours très sérieux, des réparties dites VD, ou « Vitdit » pas vraiment classiques, mais, autant que possible humoristiques.

Laissez-nous un commentaire si vous avez le temps et l'envie.

Les commentaires sont accessibles sous chaque post de nos auteurs.

Une réponse vous sera adressée (sauf caprices de l'informatique toujours possible) !

vitdits-ecran

Participez sous la rubrique : « Le Plumard » réservée à nos amis et invités.

A bientôt !

26 mai 2012

Hervé Baudouy...'La Fin de l'innocence?'....suite et fin!

71885716 

 

Elle courut - elle a vraiment couru ! - aux toilettes. Je quittai ma pose décontractée ; la crampe dans mes bras devenait douloureuse.

"S'il te plait ! N'emmène pas tes copines !"

J'attendis, en marmonnant des jurons. Qu'est-ce qui lui prenait tant de temps? Elle avait une crampe, elle aussi ? A cette allure-là, on aurait à peine le temps de se payer un petit cornet.

Cinq minutes plus tard, elle émergea des toilettes. Avec un air décidé, elle sortit son ticket de vestiaire et enfila un manteau pourpre avec un col blanc et rose...

- Tes amies viennent ?

- Heu... Tu veux qu'elles viennent ?

- Non. Oh non ! Allons-y.

 

Nous avons quitté l'école. Mon cœur battit plus vite : les Deux Crétins allaient-ils se venger de mon bras d'honneur?

Non, la nuit était vide.

Le glacier était à quatre coins de rues, Je passai devant elle pour marcher à sa gauche

- Pourquoi tu fais ça ?

- La tradition. Les hommes sont censés marcher du côté de la rue ; au cas où une voiture nous éclabousserait, je serais mouillé, pas toi.

- Oh ! C'est gentil !

- Pas autant que toi.

Elle gloussa. Je me croyais très spirituel, mais quand je revois al scène, je rougis encore.

 

Le glacier était désert; un garçon anémique, un peu plus vieux que moi, essuyait les tables. Une petite blonde porcine se tenait à la caisse, penchée sur un livre de maths. Une machine à jus cliquetait joyeusement derrière elle.

- Quelle sorte de sundae tu veux ?

- Au pamplemousse

- Ok. Assied-toi, je reviens.

 

La blonde leva les yeux et me sourit

Elle avait un appareil dentaire, en plus ! Je fouillai mes poches... Et me figeai : je n'avais plus qu'un billet de deux dollars. Assez pour un sundae pour elle, et un grand rien pour moi.

Mauvais plan ! Je ne pouvais pas la regarder manger en jouant avec le sucrier. Les filles de son âge n'aiment pas ça. Elles se sentent embarrassées. (Étonnant que j'aie déjà su cela, à quatorze ans ?).

 

J'épluchai le panneau du regard, et je vis ce qui allait me sauver : pour une semaine, un double sundae, 1,99 $. Ouf !

- Le Double Spécial. Moitié pamplemousse, moitié chocolat.

- Ça roule !

 

On a parlé et mangé en même temps… Elle trempait ses morceaux de pamplemousse dans mon chocolat. Allô, Freud !

Nous nous sommes découverts une foule de points communs : les films d'horreur, toute la série des Vendredi 13 (dans faire de cauchemars !). On adorait tous les deux les "Grands 8", la barbe à papa, etc., etc.

 

- Quelle heure est-il, demanda-t-elle en finissant son pamplemousse chocolaté.

- Neuf heures moins dix.

- Merde ! Faut que j'y aille.

- Ok ! Salut !

Elle mit ses mains sur ses hanches ;

- Tu ne me raccompagnes pas ?

J'ai souri en enfilant ma veste;

- Bien sûr que si. On y va.

- Imbécile ! , souffla-t-elle en sortant.

Elle prit mon bras ;

- Je plaisantais.

Puis elle se rendit compte qu'elle avait saisi mon bras, et elle commença à retirer sa main. Je la lui pris et mêlai mes doigts aux siens...

Et M. Content se remit au garde-à-vous, là-bas, un peu plus bas...

 

Nous avons marché jusqu'à l'école, main dans la main, en bavardant de choses et d'autres, de son école, de ses parents, de se amies. Une des brunettes, Jeanne, l'avait invitée. Merci Jeanne !

On a escaladé la petite clôture longeant l'école. Je demandai :

- Es-tu contente d'être venue ?

- Je le suis, maintenant. Puis elle se figea. "Oh! Merde !"

- Quoi ?

- Mon père.

- Où ?

- Là-bas. La Toyota grise.

- Tu dois y aller...

- Ouais...

- Alors, je pense qu'on ferait mieux de se quitter ici.

- Oui.

 

On était debout, l'un en face de l'autre ; je regardais le ciel, et elle fixait le sol...

- Pourquoi regardes-tu le sol, alors que la lune est si belle là-haut ?

- Je ne sais pas... Un simple murmure.

- Alors, regarde la lune !

 

Je touchai légèrement son bras ; ce fut comme si ça la "déclenchait". Elle releva la tête, et la lueur de la lune se refléta brièvement dans ses yeux bruns.

- C'est joli, dit-elle.

- Ouais. Très joli.

- Mmmm...

 

Un flot d'élèves se déversa de l'école. Les autos sur le stationnement se réveillèrent, une batterie de phares s'alluma. On était encore loin.

- Hé bien, lançai-je bravement, c'est maintenant ou jamais.

- Heu... Oui.

 

Je me penchai vers elle, espérant qu'elle en fasse autant. Elle ne le fit, mais elle me laissa l'embrasser. Ça ne dura que cinq secondes peut-être ; je me concentrai davantage pour ne pas perdre l'équilibre que sur le côté sensuel de la chose. Je m'attendais à ce que ce soit une chaude expérience érotique qui me ferait frémir jusqu'à la moelle ; en fait ça m'a paru froid et un peu élastique... Mais mon cœur battait plus vite : j'avais embrassé une fille ! J'avais passé la ligne. Définitivement !

 

- Hé bien, salut ! Dit-elle

Elle s'écarta et partit vers le stationnement.

- Gina !

Elle se retourna.

- Oui ?

- Je peux avoir ton téléphone ?

- Oh bien sûr. Tu as un stylo ?

- Non, mais je m'en souviendrai.

- 271-1622

- C'est noté !

 

Elle a souri et est repartie… Je l'ai suivie des yeux jusqu'à ce que je ne distingue plus que la jupe vert fluo, dans la lueur des phares.

 

Alors, je sautai à nouveau la clôture, et courus à la maison, en chantant :"271-1622!", pour ne pas l'oublier.

 

 

Hervé

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