L'Aglaphone tout neuf!!!..."Le pochetron du Coco" de Brautigan....pardon pour les fautes...
Un oiseau de Micel Perrot-Desnoix
Le pochetron du Coco
Comme il était petit, j'avais un ami qui s'est mis à pochetronner au Coco à cause d'une hernie. Il appartenait à une famille très nombreuse, allemande et pauvre. Tous les autres enfants de la famille étaient obligés de travailler pendant l'été, à cueillir les haricots au tarif de 200 et demie la livre pour que la famille arrive à faire la soudure. Tout le monde travaillait, sauf son ami qui ne pouvait pas, à cause d'une hernie. Il n'y avait pas d'argent pour l'opérer. Il n'avait même pas assez d'argent pour lui acheter un bandage herniaire. Alors il restait à la maison et il s'est mis à se pochetronner au Coco.
Un matin d'août je suis allé le voir chez lui. Il était encore au lit. Il m'a regardé de dessous une révolutions de vieilles couvertures déguenillées. Il n'avait jamais dormi sous un drap de sa vie.
- Tu m'as apporté la pièce de 500 que tu m'avais promise ?
- Oui, je lui ai fait. Elle est là, dans ma poche.
- Bon.
Il a sauté de son lit. Il était tout habillé. Une fois il m'avait dit qu'il ne retirait jamais ses vêtements pour aller se coucher.
« Pourquoi s'embêter ? Avait-il dit. De toute façon, on finit toujours par se relever. Autant être prêt. Ça ne trompe personne de retirer ses vêtements avant d'aller se coucher. »
Il est allé dans la cuisine, en faisant attention de ne pas marcher sur les enfants les plus petits, dont les couches trempées avaient atteint divers degrés d'anarchie. Il s'est préparé son petit déjeuner : une tartine de pain maison avec une couche de sirop Karo et une couche de beurre de cacahouète.
- Allez, on n'y va, a-t-il dit.
Nous sommes sortis, lui, moi et sa tartine. L'épicerie se trouvait à trois rues de chez lui, de l'autre côté d'un champ couvert d'herbe jaune et grasse. Il y avait beaucoup de faisans dans le champ. L'été les avait engraissés et c'est à peine s'ils ont fait mine de s'envoler quand nous nous sommes approchés.
- Bonjour a dit épicier. Il était chauve, avec une tache de vin sur le crâne. Cette tâche, on aurait vraiment dit une vieille voiture garée sur sa tête. D'un geste automatique, il a frappé une boîte de Coco et l'a posée sur le comptoir.
- Cinq cent.
- C'est lui qui les a, a dit mon ami.
J'ai plongé la main dans ma poche et j'ai donné la pièce de 500 à l'épicier. Il a hoché la tête et la vieille voiture rouge afin de les embardées sur la route comme si le conducteur faisait une crise d'épilepsie.
On est sorti.
On a retraversé le champ, mon ami en tête. L'un des faisans n'a même pas semblant d'essayer de s'envoler. Il a traversé le champ devant nous, en piétant, comme un cochon emplumé.
Quand nous sommes arrivés chez mon ami, la cérémonie a commencé. Pour lui, la préparation du Coco, c'était une vraie histoire d'amour, un rituel. Il fallait y procéder avec beaucoup de précision et de dignité.
D'abord, il a pris un bocal de 4 l et on est allé de l'autre côté de la maison, à l'endroit où le robinet d'eau. J'ai tout droit hors du sol comme le doigt tendu d'un saint, au beau milieu d'une mare de boue.
Il avait ouvert la voie de Coco et il en a versé le contenu dans le bocal. Ensuite, il a émit le bocal sous le robinet et il a ouvert l'eau. L'eau saisie du robinet en éclaboussant partout, avec de grands gargouillis.
Il a bien fait attention que le bocal ne déborde pas et que son précieux Coco de se répande pas par terre. Une fois le bocal plein, il a refermé le robinet du geste sec et délicat à parfois du neurochirurgien célèbre qui procède à l'ablation d'une partie endommagée de votre imagination. Puis il y a fixé le bouchon de sur son bocal en serrant bien, et il a secoué par un bon coup.
La première partie de la cérémonie était terminée.
Tel le prêtre inspiré de quelques cultes exotiques, il venait de célébrer selon les rites cette première partie de la cérémonie.
Sa mère est arrivée de l'autre côté de la maison et elle va demander, d'une voix pleine de sable et de ficelle:
- et la vaisselle, c'est quand que tu vas t'en occuper, hein ?
- Bientôt, a-t-il dit.
- Ouais ben, t'as intérêt.
Une fois qu'elle a été repartie, on aurait dit qu'elle n'avait jamais été là. La deuxième partie de la cérémonie a commencé lorsqu'il a remporté son bocal avec d'immenses précautions jusqu'à un poulailler abandonné, derrière la maison. « La vaisselle peut attendre », m'a-t-il dit. Bertrand Russell n'aurait pas dit mieux les choses.
Il a ouvert la porte du poulailler et sommes entrés. L'endroit était jonché d'illustrés à moitié pourris. On aurait dit des fruits sous un arbre. Dans un point, il y avait un matelas et, à côté du matelas, quatre bocaux d'un litre. Il a porté son bocal de 4 l jusqu'aux quatre bocaux d'un litre et il les a remplis très soigneusement sans renverser une seule goutte. Il leur a remis les bouchons dessus, en serrant bien : il était fin prêt pour sa journée de picole.
En principe, avec une boîte de Coco on est censé faire que deux litres, mais il lui il en faisait toujours quatre, de sorte que son Coco n'était que l'ombre de sa concentration idéale. En plus, normalement, il faut ajouter une mesure de sucre par boîte de Coco, mais il ne mettait jamais de sucre dans son Coco parce qu'il n'avait pas de sucre et mettre.
Il se fabriquait sa propre réalité à base de Coco et parvenait ainsi à l'illumination.
Nouvelle tirée de : « La pêche à la truite en Amérique. »