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VITDITS ET AGLAMIETTES
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Vous venez d'atterrir sur le blog d'AGLAMIETTES où sévissent Aglaé, Thomas et Dan.

Chez nous, vous trouverez des textes courts, des aphorismes pas toujours très sérieux, des réparties dites VD, ou « Vitdit » pas vraiment classiques, mais, autant que possible humoristiques.

Laissez-nous un commentaire si vous avez le temps et l'envie.

Les commentaires sont accessibles sous chaque post de nos auteurs.

Une réponse vous sera adressée (sauf caprices de l'informatique toujours possible) !

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Participez sous la rubrique : « Le Plumard » réservée à nos amis et invités.

A bientôt !

15 août 2012

Marlène Tissot.."Les Chips"....extrait du roman 'Les Voix'...

 

bret12

Bretagne vue par Marlène...



C’était bien, les dimanches matin. Presque comme si papa n’existait plus. Il s’en allait au café du coin pour rejoindre ses potes et c’était, pour moi, un peu de paix et de silence. Puis il rentrait, pas très loin avant midi, avec son air goguenard et une odeur de bière et tabac brun. Il s’installait devant la télé. Maman lui apportait un sac de chips et une bouteille de rouge qu’il lapait directement au goulot. Il s’enfonçait lentement dans le sofa en regardant une émission de foot. Les chips craquaient dans sa bouche entre les cris de victoire et de défaite. Des tas de chips. Et certaines tombaient entre les coussins tandis que le tapis sous la petite table vitrée absorbait les bavures de vin. Papa oubliait maman et le repas qui cuisait. Papa m’oubliait et j’aurais aimé que la vie ne soit faite que de dimanches matin.


L’après midi, parfois, lorsqu’il faisait beau temps, nous allions nous promener au bord du canal. Maman sortait une vieille couverture et un gâteau raté qu’il fallait manger quand même, pendant que papa ronflait. Le temps passait, un peu trop vite et maman tricotait et je ramassais quelques fleurs, puis le soleil tombait déjà. Nous devions rentrer, reprendre place entre les murs étriqués. Je tentais de marcher le plus lentement possible le long du canal. Nous croisions des familles qui disaient bonjour en souriant. Nous disions bonjour, en souriant aussi. C’était ce qu’il fallait faire.

Et puis le soir venait. Sur la fin du dimanche, tout s’accélérait. Papa était partout. Sa voix, son odeur, ses regards qui glissaient sur moi. Maman préparait un souper froid et nous dînions devant la télévision en regardant une vieille série américaine. Elle tenait particulièrement à ce genre de rituels, maman. Comme s’ils lui donnaient l’illusion que nous étions une famille ordinaire. Et moi, je fixais l’écran. Sur les coussins du sofa, les chips oubliées de papa me griffaient les cuisses. Bientôt, ce seraient les mains égarées de papa, ce seraient d’autres blessures, moins visibles et pourtant, plus profondes.

 

Marlène Tissot

 

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