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VITDITS ET AGLAMIETTES
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Vous y êtes !

Vous venez d'atterrir sur le blog d'AGLAMIETTES où sévissent Aglaé, Thomas et Dan.

Chez nous, vous trouverez des textes courts, des aphorismes pas toujours très sérieux, des réparties dites VD, ou « Vitdit » pas vraiment classiques, mais, autant que possible humoristiques.

Laissez-nous un commentaire si vous avez le temps et l'envie.

Les commentaires sont accessibles sous chaque post de nos auteurs.

Une réponse vous sera adressée (sauf caprices de l'informatique toujours possible) !

vitdits-ecran

Participez sous la rubrique : « Le Plumard » réservée à nos amis et invités.

A bientôt !

14 août 2012

Hervé Baudouy..."Ironies Boursicosmiques..."

HerveChalet

Hervé La Clopouille!

 

 

Confus-Tseu l'a dit, un soir qu'il était sobre :

"La gravité, ça n'a aucune importance, tant qu'on ne se prend pas au sérieux!" (1)

 

*******

 

I.

 

 

Hermann Donnerwetter reposa son Flug-V2 sur la table, perplexe. ; il réfléchit quelques instants :

- En baisse de 18 points, vous êtes sûr ?

- Absolument, répondit l'agent de change, Mac Fleetwood. Vous n'avez pas le choix ; vous devez vendre vos actions avant la banqueroute totale.

 

L'atmosphère devenait chargée, dans ce bar d'une banlieue glauque. Les gorilles locaux avaient déjà éjecté deux Gluchmolles beurrés et trois Flexistones blindés à l'acide morluphyque.

Sur la petite scène, on voyait Chick Tranzit et Glorai Moundy, présumé être le duo comique le plus hilarant à l'ouest du quartier.

"Aussi comiques qu'un plat de spaghettis dansant le rock and roll", pensa Hermann...

Il sentait une migraine l'investir. La fumée, les odeurs, l'alcool, les nouvelles boursières, cela faisait beaucoup.

 

Les actions en question étaient des Actions Gouvernementales. Non pas des bons ou des obligations à revenus.

Non. C'étaient des actions de propriété et/ou de contrôle du gouvernement.

Plus vous en possédiez, plus vous aviez votre mot à dire sur la conduite du Gouvernement (nouvelles lois, impôts, police,

armée, etc.)

Celui qui possédait la majorité des Actions était ipso facto déclaré Président du Conseil d'Administration de la Terre.

Et détenait en fait les pleins pouvoirs.

 

Le système avait pris son essor dans les années 2000, lorsque tous les gouvernements occidentaux, suivis par le reste du monde, et ce, toutes tendances confondues, avaient pris le tournant du libéralisme sans entrave.

Quelques référendums, en Europe, habilement rédigés, sur des textes illisibles et/ou indigestes, avaient eu raison des résistants à la vague.

Là où le référendum ne fonctionnait pas, le gouvernement modifiait la constitution pour imposer ses vues. Suivant le vieux principe politico-financier :"Depuis quand le peuple a-t-il vraiment son mot à dire?".

 

A quelques variantes près, le schéma ressemblait assez à ceci :

 

Peu après les tours de passe-passe politiques pour contourner les refus populaires, le Président apparaissait sur les écrans, et prenait acte de cette "victoire importante de l'avenir de notre pays", et assurait dans la foulée que "l'espoir et le bonheur sont repartis du bon pied, vers un avenir qui ne saurait être que meilleur!"

Le Parlement-croupion prenait ses quartiers dans les édifices idoines, bientôt rebaptisés Club-Merde par des pamphlétaires facétieux. . .

Les Techniciens du Bonheur pouvaient alors passer à la phase suivante : la mise en place de la mécanique.

 

Suite à des conversations privés et discrètes, entre des gens très discrets, dans des lieux hyper-discrets, la première offensive fut lancée sur le marché de la Santé.

L'Industrie pharmaceutique, relayée par les cliniques privées, les médecins non conventionnés et autres chantres de la liberté du commerce, se livra à un pilonnage Grosse Bertha contre la Santé Publique au nom, sacro-saint désormais, de "la concurrence libre et non faussée".

Et, bien évidemment, ils gagnèrent : la constitution était de leur côté.

Ainsi, tous les hôpitaux furent privatisés (puis , ultérieurement, "rentabilisés", pour pouvoir offrir aux actionnaires des bénéfices "décents").

Les médecins furent déconventionnés d'office, et la Sécu transformée en Compagnie d'Assurances-Santé, payante bien entendue (pour ceux qui avaient les moyens de payer, bien sûr).

Les tests de médicaments furent abolis également, pour cause d'entrave à la concurrence.

Le Ministère fut réduit à une équipe de statisticiens, travaillant sur des chiffres fournis parle privé ; chiffres qu'ils "travaillaient"

de manière à ne pas être accusés d'entrave à la concurrence.

 

Le Castor Ricaneur, journal satirique, entonna en première page, l'hymne bien connu des Chantres du Bonheur :

"Tout va très bien, Madame la Marquise..."

 

Les Chantres du Privé laissèrent passer un an, pour que les gens digèrent cette transformation radieusement progressiste de leur environnement, avant de s'attaquer à un autre bastion : L'Éducation Nationale. Là encore, le pilonnage intensif se fit contre le concept d'éducation publique, qui entravait à l'évidence la liberté du "commerce du savoir" et la concurrence.

Le concept - obsolète et insupportable - fut donc éradiqué.

Toutes les écoles, Universités et instituts de formation furent privatisés.

Les enseignants furent réembauchés par leurs nouveaux "propriétaires", et en des termes qui ne laissaient aucun doute sur leur avenir glorieux :"Je vous paye, vous fermez votre gueule, et vous enseignez dans la 'bonne ligne'. Circulez".

Les cours de philosophie furent immédiatement encadrés par des "inquisiteurs scolaires".

Le Ministère de l'Éducation (qui perdit au passage son qualificatif de "nationale") devint le Ministère de la Formation et de l'Insertion dans le Marché.

Ce Ministère se contentait d'élaborer les programmes, en "concertation" avec le Conseil des Patrons, et quelques syndicalistes invités comme observateurs. Il entérinait, en fait.

On assista à une mise en coupe réglée de l'éducation ; laquelle n'avait plus qu'une fonction ; fournir au Marché les employés dont celui-ci avait besoin... Les professeurs d'histoire, suivit bientôt par la philosophie et les sciences humaines (sauf les Ressources Humaines),

disparurent, emportés par la vague de rationalisation de l'édifice.

Des quotas par profession furent établis. Les récalcitrants furent licenciés illico pour entrave à la liberté du marché...

 

Et le Castor Ricaneur d'entonner à nouveau l'Hymne des Libérateurs du Marché :

"Tout va très bien, Madame la Marquise..."

 

[Au passage, toutes les aides aux journaux avaient été supprimées, ce qui fit ricaner le Castor encore plus...

Un conformisme de bon aloi s'étendit sur le monde des médias.

Bien qu'on vit apparaître peu à peu des publications éditées à l'extérieur du Paradis du Marché.

Ce qui fit dire à certains : Ça me rappelle l'Ancien Régime, où les pamphlets étaient édités à l'étranger..."].

 

Une autre année passa...

D'autres Chantres du Bonheur de Commercer Librement prirent le relais, et s'attaquèrent à la Défense et à la Police.

On en arriva donc à une armée et à une police entièrement privées, dont l'état louait - fort cher - les services.

 

La Justice enfin passa à la casserole du Marché Libre et Heureux. On organisa des ventes aux enchères pour les postes de Juges, d'Avocat général et de Juge d'Instruction.

Les prisons - privatisées dans la foulée - furent gardées par d'anciens détenus embauchés par les nouveaux propriétaires. Le Droit du Travail passa, lui, de 1200 pages à 25...

 

Des grèves générales furent réprimées dans le sang, par une armée et une police privées - qui ne demandaient pas mieux que de s'exercer un peu, pour ne pas perdre la main... Le marché des prisons explosa, bien évidemment.

Les grévistes, manifestants et autres récalcitrants, arrêtés, furent jugés comme terroristes...

Ainsi en décida le général Émile Sabhorre, nouveau Président de la Commission, en annonçant un train de mesures anti-terroristes inspirées

du Patriot Act d'une Grande Démocratie Occidentale. . .

Laquelle était devenue une dictature molle de fait peu auparavant, après une attaque dite "terroriste", dont les circonstances réelles restèrent aussi troubles que pour la première.

Le général annonça simultanément le rétablissement de la censure préventive et la transformation des syndicats en Unions Corporatives. . .

 

On assista, au cours de ces années glorieusement Libre-marchéistes, à un exode de cerveaux, chercheurs et enseignants, ainsi que de gens ordinaires, (et de tous les journalistes du Castor Ricaneur), prêts à affronter les Enfers Extérieurs...

Mais peu à peu, le virus "libéral" se répandit.

Et l'idée vint naturellement à quelques brillants esprits, de passer à la phase suivante ; la fusion des institutions politiques mondiales en un seul gouvernement. Puisque les gouvernements n'avaient plus pour fonction que de servir l'économie - et surtout les comptes en banque des "actionnaires", il était plus simple de rationaliser.

Et on rationalisa !

Et on arriva à l'idée d'Actions Gouvernementales.

Qui donnaient maintenant la migraine à Hermann.

 

 

Il avait passé sa vie à acquérir ces AG. Par des combinaisons habiles - et sur lesquelles nous ne nous étendrons pas, il était parvenu à en rafler la quasi-totalité.

Il avait donc acquis un statut de roi "à l'ancienne", façon "Car tel est notre bon plaisir!".

Un roi qui régnait sur toute la planète.

En homme avisé, au fait des us et coutumes en vigueur, il était un praticien convaincu et obstiné du "Carpe Diem"

Autrement dit, il en profitait. Jusqu'à plus soif.

Mais il avait toujours soif...

 

 

 

 

*******************************************************************

 

(1) Ce que Newton confirmera plus tard, quand il énoncera son Principe Pommus Murphycus :

"Quand une pomme beurrée du mauvais côté tombe, elle finit par tomber sur la tête de quelqu'un, et du côté beurré !" (2)

 

(2) Et Nostradamus n'aurait manqué pour rien au monde d'y aller de son petit quatrain, poète comme il était :

"De grande effrayeur la pomme sera messagère,

Si tombe aux pieds d'Eve en jeans,

Au point du jour tombera le soir glomifère,

Seront horreurs bien pyres que Mr Beans."

 

 

 

II.

 

 

Il reprit :

- Mais comment est-ce possible ? Ce n'est PAS possible !!

- C'est dû à une déflation monétaire massive. Avec toutes ces méthodes modernes de production à coûts ultra-bas, tout est moins cher partout.

Ca donne une baisse des salaires. Et le résultat de tout ça, c'est une réduction générale de la monnaie...

En expert donnant son diagnostic, Mac était très satisfait de lui-même.

 

Hermann reprit, amer.

- Mettez les actions sur le marché, alors.

- En fait, j'ai déjà un acheteur.

- Vraiment ?

- Ouais, répondit Mac en souriant intérieurement.

- Pour toutes?

- Toutes.

- Qui ?

- Un investisseur secret. Je ne sais pas qui il est. Apparemment, il a fait de gros investissements juteux pendant des années.

Tout ce qu'il m'a donné, c'est son nom.

Herman était abasourdi. Quelqu'un de plus riche que lui ?

- Son nom ?

- Et.

- Et ?!

- Yep !

- C'est une farce, vous vous foutez de ma gueule! Lança Hermann.

- Peu importe le nom. Le fait est qu'il veut acheter et que vous voulez vendre.

 

*******

 

Il y avait une vieille tradition, toujours respectée : le Discours d'Acceptation.

Dans le temps, quand le Président était élu, il/elle se présentait au peuple - grâce à la télévision, et déclarait avec emphase combien il/elle était honoré€ d'être el nouveau dirigeant du pays.

 

Bien entendu, il n'y avait plus d'élection, mais le Discours avait toujours lieu, dans la capitale, devant le Palais présidentiel, où les Administrateurs Gouvernementaux avaient leur résidence.

 

Hermann et Mac étaient assis vers el fond de l'estrade, attendant de féliciter le nouveau Président de la Terre.

Hermann se sentait nerveux. Il avait de voir quelqu’un de plus riche que lui.

- Où est-il ?, demanda-t-il à Mac. Je n'ai pas toute la journée à perdre.

- Mais si, vous l'avez. Vous n'avez plus de job.

 

Soudain, un bruit sembla descendre du ciel. Ils levèrent les yeux. Ce qu'ils virent aurait secoué l'ufologue le plus avide ; une soucoupe volante. Une vraie soucoupe.

Le vaisseau se posa derrière la foule énorme rassemblée.

En descendit un petit extra-terrestre orange-bleu-jaune-et-vert, muni des tentacules, des yeux et des énormes dents dont tout science-fictionniste actif et normal rêve - ou cauchemardise.

L'être monta sur le podium et positionna une de ses bouches devant le micro.

- Mon nom est ET, dit-il d'une voix en fait assez agréable, bien qu'un peu huileuse. Craignez-moi, car je suis votre Surveillant !

Il y eut quelques applaudissements et ricanements nerveux, mais grosse modo, le silence eut la palme.

 

Herman se tourna vers Mac :

- Vous ne m'aviez pas dit que c'était un extra-terrestre.

- Je ne le savais pas.

 

****

 

ET mit immédiatement les Terriens à contribution, dans des camps de travail, des mines, etc.

 

****

 

Hermann jeta sa pioche au sol en jurant.

- C'est complètement dément ! On a des machines pour faire ce boulot. Pourquoi le faire faire à la pioche?

 

Mac, qui avait été, par coïncidence, placé dans la même galerie minière que lui, s'appuya sur le manche de sa pelle.

- Il en a le droit. Il possède en totalité le gouvernement de la Terre. En plus, avec l'inflation, le cours des actions a atteints des sommets historiques : il a pris 250 points depuis 6 mois.

- Woaww ! J'ai vraiment envie de mener une rébellion.

- Pas possible. Il a tous les droits. Si vous vous rebellez, il vous poursuivra et vous ruinera totalement.

 

Hermann haussa les épaules, reprit sa pioche et sortit de la mine en courant. Les contremaitres ne cherchèrent même pas à l'arrêter.

 

****

 

Le Palais Présidentiel Terrestre. Minuit.

Il n'y avait aucun garde, les grilles étaient ouvertes.

Hermann se glissa à l'intérieur du parc sans problème, sa pioche à la main : une émeute à lui tout seul.

Il trouva l'entrée principale et entra, complètement ahuri. Personne pour l'arrêter.

Il pénétra dans le Bureau Présidentiel, et regarda le bureau au centre.

Il y avait une petite note, portant les mots :"Je reviens dans 10 minutes. 5 juillet 20084. ET"

Hermann regarda sa montre, qui indiquait : "9 août 2084"

Il décida d'attendre ET...

 

****

 

Planète Grondarulf, dans le système de Bloodhimmel (galaxie de Karpediem).

Dans un petit appartement, en banlieue de Klogsborg, ET balayait son salon.

Son vaisseau avait été saisi, car il n'avait pas payé sa facture de carte de crédit.

En conséquence, il ne pouvait pas voyager, ni surveiller ses affaires : le petit atelier connu sous le nom de Terre...

 

 

Hervé

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