Deux textes de Ludo dans 'Poivre rouge'...mon cadeau pour toutes les mamans...ça va les changer un peu!!!
Comme pas deux
Maître Garcia, huissier de métier, apporte sa dose de Blues sur le palier d’un immeuble. Il sonne une porte et remet son bout de papier à une main... molle, olé. Pas de chance pour les mains tendues à découvert. Elles virent, au bleu.
Marcia est porteuse d’une bien mauvaise nouvelle pour son mec. Un morceau de Blues. Elle frappe à sa porte, le gifle – une sacrée – et c’est fini, elle dit :
« Dégage morveux ! ». La joue se colore en passant le témoin du rouge au bleu. Et dans la tête du fiancé s’en est fini. Il devait bien l’aimer des larmes coulent, elles sont bleues. Il perd la boule, il est chez lui. C’est elle qui a foutu le camp. Le Blues !
Docteur Villiers est embarrassé. Le début c’est à la fin qu’il l’annonce. À Pierre. « Faudrait pas trop désespérer... ». Y’a des manières pour dire… Pierre porte la blouse bleue qu’on enfile au service des grands prématurés bleus. Comme son fils au cœur zig-zag. Pierre aura le Blues.
Ces trois petites histoires en bleu !
J’ai VERITABLEMENT saisi le Blues un vendredi. Chez un coiffeur au port du Havre. Une vieille dame se voyait rougir face au miroir miroir miroir en écoutant Mike Brandt en 45 tours/mn. « Rien qu’une larme dans tes yeux ». On voit que toi, imagine le miroir ! Je l’aurais bien teinte en bleu jusqu’au bout des ongles. Défenestrer sa choucroute, ses salades vertes sentimentales abandonnées depuis si long. SPLASH ! Et une choucroute écrasée une, dans la rue des Saucisses. C’est assez rare les salons de coiffure nichés au 5ème étage. Rare comme personne. Hé oui, personne… déclic !
C’est ça le Blues : c’est personne. Rien. Nada. Envolé, pour une poignée de $. Là, on entend le sifflement du vent traverser ton âme comme 100 images de western spaghetti au ralenti. Et il manque quelque chose, peu : une giclée de ketchup qui sort pas, du fromage raté. Hollandais. Du gouda, de la mimolette, du fromage, de la raclette de tulipe… Ainsi que. La fanfare criarde accompagne le cercueil de ton âme dans l’avenue rincée de la Nouvelle-Orléans. Ton vieux nouveau monde est assis sur une banane, mon grand.
Ludovic Kaspar
Abus de rêve au supermarché
Parfois tu rêves…
Boire un simple thé
Avec un regard calme
Entre les rayons
Des speedés du samedi
Et le packaging
D’Eléphant parfum menthe
Humé par un de tes sens
Oublié… à travers le plastique
Construit des buildings en toi
Diffuse sa pureté, « Je t’aime, Darjeeling »
Et ton corps — devinez —
Pousse ta tête
Entre le 300ème et le 301ème étage
Saturday’s midday Boddhisattva…
Les travées du désir assassin
Barrées de chariots dingues
Évitent ton mental précieux
***
Parfois tu rêves à Auchan…
Souvent c’est quand t’as fourré
Une de tes collègues
Pour son pot d’anniversaire
Le vendredi
C’est l’amour des miracles !
Y’en a qu’ont pas de bol
Mais quand ta femme, là
Te bouscule carrément…
Excitée ! C’est le scoop !
Celui du samedi
Adieu tisane menthol
Rêve, Amour et « Je t’aime, Darjeeling ! »
Pour quatre boutanches de rouge
On t’offre du rab : deux !
Qu’elle te dit
T’as la loupiote facile
La vie reprend tes droits
- Prends en huit, poupoule, c’est d’l’A.O.C. !
- Ouais, ça nous en f’ra douze !
- Paye avec la carte d’avec laquelle qu’on paye pas hein !
On sait compter fissa comme un boulier
Ecarte les lumières de la vie rêvée…
Ludovic Kaspar