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VITDITS ET AGLAMIETTES
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Vous venez d'atterrir sur le blog d'AGLAMIETTES où sévissent Aglaé, Thomas et Dan.

Chez nous, vous trouverez des textes courts, des aphorismes pas toujours très sérieux, des réparties dites VD, ou « Vitdit » pas vraiment classiques, mais, autant que possible humoristiques.

Laissez-nous un commentaire si vous avez le temps et l'envie.

Les commentaires sont accessibles sous chaque post de nos auteurs.

Une réponse vous sera adressée (sauf caprices de l'informatique toujours possible) !

vitdits-ecran

Participez sous la rubrique : « Le Plumard » réservée à nos amis et invités.

A bientôt !

20 décembre 2010

'ALICE'...Hervé Baudouy...Chapitre 2...

HerveChalet

Vermeilles du Syap d'Ecila.




II.


... A une extrémité de la table, siégeait un homme vêtu d'un costume assez drôle, et portant un grand chapeau.

- Pourquoi cet homme porte-t-il ce drôle de chapeau? demanda Alice au Lapin.

- Je suis le Directeur Fou, répondit l'homme. J'aurais été ravi de vous expliquer le pourquoi du chapeau, mais ce point n'est pas à l'ordre du jour.

-  Pourquoi ne pas modifier l'ordre du jour ? demanda une personne , dans un

coin.

- Est-ce l'objet d'une autre réunion ? répondit le Directeur Fou (que, pour des raisons d'économie de clavier, nous appellerons dorénavant le D.F.)

- Qu'est-ce qui est l'objet d'une autre réunion?  lança une troisième personne. L'explication pour le chapeau ou la modification de l'ordre du jour ?

- Pourquoi on n'en parlerait pas hors d'ordre ? aventura un autre participant, qui rougit immédiatement de sa propre audace.

- N'êtes-vous pas tous d'accord que ce sont des sujets que nous devrions aborder ? demanda le D.F.

- Possible, lança le type dans le coin. Se pourrait-il que nous ayons un Ordre du Jour Caché ?

- Oh! Non ! , s'exclama le D.F., l'air abattu.Quelqu'un a encore caché l'Ordre du Jour.!

Laissez-moi mettre mon Chapeau Procédural, et nous verrons si nous pouvons

résoudre ce problème.

Il enleva son chapeau comique, et le remplaça par un chapeau mexicain vert.

- A présent, j'aimerais aborder le sujet de l'Ordre du Jour Caché. Puisqu'on ne  peut tenir une réunion productive sans ordre du jour, il faut que nous le retrouvions.

- Mais , lance une autre voix, venue d'un autre coin, qui va présenter ce point ?

- S'agit-il d'un point décisionnel ? (une autre voix)

- Qui veut présenter le point ? demande le D.F.

- Qui en a parlé en premier ? répondit quelqu'un.

- Je pense que la demoiselle qui est entrée avec le Lapin en a parlé.


Le DF pointa un doigt vers Alice:

- Mademoiselle, vous avez la parole.

- Quel point ? Je n'ai pas de point ! rétorqua  Alice, en tripotant nerveusement son badge. J'ai simplement posé une question.

- Je ne suis pas sûr qu'on puisse accepter cela, déclara le DF. Il nous faut une date!

- Mais , s'étonna Alice, qui se souvenait des paroles du Lapin, une date est impossible..

Du fond de la pièce, une voix demanda :

- Et si on prenait une date pour prendre date ?

- Je ne pense pas pouvoir le faire, dit Alice, puisque je ne sais pas au sujet de quoi je dois vous donner une date. J'essaye de comprendre ce que vous voulez, et c'est un vrai problème!

- Nous n'avons pas de problèmes, ici, seulement des opportunités, lança sèchement un choeur de participants, sur l'air de "Malbrough s'en va en guerre" (version expurgée de  Johnny got his gun" , mais dans sa version rap')

- C'est évident , confirma négligemment, en contre-point, mais en sol mineur, le DF. Qui tendit la main derrière lui, pour saisir un béret à rayures bleues et grises ; puis il ajouta, péremptoire :

- Il faut faire ce qu'il faut !

- Oui, Oui ! Approuva le choeur des esclaves. Faites ce qu'il faut !

- Bien ! Qui s'occupe du Compte-Rendu ? relança le DF, qui avait un full.

(Il refit l'échange béret/ sombrero, pour des raisons qui ne regardent que la Sécurité de l'Etat) Il nous faut acter cela pour y revenir plus tard.

- Nous ne pouvons traiter ce point tant que nous ne savons pas qui le présente ! reprit quelqu'un (sans soute le même entêté que plus haut).

- On ne devrait pas planifier une période pour traiter cela ? (un autre)

- Qui va le présenter ? (un autre +1, mais à sa gauche)

Alors que le DF sortait un casque à pointe en piteux état, une voix suggéra :

- Faisons une pause et parlons-en en Binômes Informels !


Etant la plus proche de la porte, Alice fut la première à l'atteindre, et s'enfuit... Elle parcourut le couloir au pas de course,  remonta quatre à cinq les premiers escaliers rencontrés, soulagée de s'éloigner de la folie.

Elle ouvrit une porte au hasard (1) , entra et regarda autour d'elle : elle se demanda aussitôt s'il ne serait pas plus judicieux de retourner à l'autre réunion...(3)

Assis autour d'une grande table ovale, ce qu'elle vit ressemblait à des cartes à jouer, chacune habillée de costumes trois-pièces - gris ou bleu marine . Autour de leur cou, un lacet de forme bizarre (ou était-ce un noud coulant ?) , en soie ou en polyester.

- Coupez-lui la tête! hurla la Reine de Cour, assise au bout de la table.

- Pourquoi voudriez-vous me couper la tête ? demanda ALice.

- Ce n'est pas une interface moderne, avec icônes, orientée utilisateur, avec menus, et compatible IBM, répondit la Reine sur un ton condescendant.

- Il se trouve qu'elle me convient très bien, rétorqua ALice

- Qu'êtes-vous donc, ingénieur ou quoi ? demanda le 7 de Pique.

- Non, je suis Alice. Et vous, qui êtes-vous?

- Marketing ! répondirent-ils dans une harmonie parfaite . (6)

- Et qu'est-ce donc que cela ? insista Alice


Il y eut un bref interlude silencieux, alors que chaque carte jouait avec sa cravate, vérifiait sa montre, et grifonnait des notes sur un carnet inséré dans un dossier en vrai-faux cuir, avec le logo corporatif gravé dessus. Puis, l'une après l'autre, comme des dominos, elles se tournèrent  vers la gauche, jusqu'à ce qu'elles regardent  toutes la Reine de Coeur. La Reine s'éclaircit la gorge, but la gorgée d'eau du conférencier bien organisé, ajusta sa cravate, puis fixa Alice :

- Nous produisons les réflexions stratégiques nécessaires au développement du marché.

- Oh ! fit Alice, vous décidez des produits qu'il faut fabriquer.

- Grands dieux non !, s'exclama la Reine, offusquée. Cela est trop ... tactique! Notre mission est de développer une vision à long terme.

- Vous "développez" , reprit Alice; donc vous fabriquez les produits.

A l'unisson, chaque participant fit une grimace rappelant un enfant pris sur le point d'avaler un cafard pour la première fois.

- Beuuuurk ! c'est encore plus tactique ! protesta le choeur.

- Non ! hurla la Reine. Vous en comprenez pas ! Nous prenons le pouls des tendances dans les demandes du marché.

- Je comprends . Vous vendez les produits.

- Tac-tique ! Tac-tique ! glapit le chour, sur l'air des Lampions .


La Reine , furieuse, répéta:

- Coupez-lui la tête !

- Un instant, dit Alice. Je crois que je comprends. Vous coordonnez les opportunités de solutions pour satisfaire les perceptions des besoins de la clientèle, par une vision managériale stratégique et globalisante.

- Oui ! Crièrent les cartes. C'est exactement cela!

- Et puis-je vous demander comment vous atteignez ces objectifs essentiels ?

- En convoquant un CA, répondit la Reine. (7)

- Un CA ? Que diable cela peut-il être, demanda Alice , en cherchant du regard la sortie la plus proche, pour s'enfuir et garder sa tête à sa place.

- Un Conseil d'Administration, commença la Reine. (Alice repéra alors la porte à gauche de la table). C'est une sorte de réunion de haut niveau.

- Une réunion ?!!! cria Alice. Oh, non ! Pas une autre réunion !


Elle se précipita vers la porte, espérant sortir avant que l'Ordre du Jour ne la frappe. Dans une course échevelée, elle passa la porte, et se jeta dehors. Elle vit un grand espace, avec des tables chromées sur le côté. Comme elle avançait, un assortiment de sandwiches, garnitures, boissons et salades commencèrent une ronde : "Mange-moi! Bois-moi!"

- Oh non! répondit Alice. Je ne connais peut-être rien aux dates, aux réunions ni aux Ordres du Jour, mais je m'y connais en nourriture... Après la matinée que j'ai eue, je mérite une bonne quiche !

Elle se dit qu'il devait bien y avoir une cuisine quelque part, et se dirigea vers la porte ; celle-ci s'ouvrit d'elle-même; Alice passa...

... avança de quelques pas...

... et deux arbres la heurtèrent.

- Eh! Poulette, fais attention ! dit l'un d'eux. Nous nous rendons à la morgue, pour voir les gens changer de couleur.

- J'adore cette période de l'année, fit l'autre.

Et ils s'éloignèrent, branche dessus, branche dessous...



--

(1) Mais était-ce bien "au hasard" ? ...

L'étude approfondie - et arrosée  - des manuscrits de l'époque, tend à suggérer que le miroir, malicieusement, s'est peut-être déguisé en hasard, puis en porte. Une aberration

momentanée à bien pu pousser Alice à prendre une vessie pour une lanterne, et un miroir pour un hasard...(Voir sur ce sujet, les Dissertations sub-moléculaires de Lacan :

"Y a plus d'Alice, Hélas, c'est là qu'est l'os..." (2)


(2) Oui, je sais, c'est fortement "démarqué" de "La Grande Vadrouille" (je voulais tester votre culture ...)


(3) Ce passage, par ailleurs, semble suggérer que nos décisions sont souvent l'effet du hasard, relatives, subjectives, commutatives, et inversement proportionnelles au carré de la distance entre ce que nous pensons, ce que nous savons , et le barycentre dur Bar-Y-Centre (rendez-vous des footballeurs du quartier (4). C'est un petit jeu similaire à l'ambiguïté du dosage de l'eau dans le pastis, mais en moins coloré, naturellement, n'en déplaise aux cuistres et aux avocats !


(4) Plus une constante, bien sûr ! (5)


(5) Non, pas de frites, merci, un nuage de lait, plutôt...


(6) Les lecteurs non familiers avec le vocabulaire religieux de la fin du XXe siècle, peuvent s'absenter pendant ce passage, et revenir au moment du CA...


(7) Tous nos lecteurs ont-ils regagné leur place ? Nous pouvons continuer.


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