"Avant la tempête" de THOMAS ARFEUILLE
Avant la tempête
Nul besoin d’être un marin expérimenté pour savoir anticiper l’arrivée de la tempête, nul besoin d’être un vieux loup de mer ni même d’avoir jamais mis les pieds sur le pont d’un bateau. Il suffit de connaître quelques prémices de la catastrophe, dont voici quelques exemples :
Le calme.
Prenez garde si vous constatez une longue période de calme ; il s’agit peut-être de ce que l’on appelle « le calme qui précède la tempête », car c’est évident : après le beau temps viennent toujours la pluie et le grand vent, inéluctablement, fût-ce trois semaines après.
Le silence.
Un « mutisme assourdissant » des éléments accompagne souvent le « calme avant la tempête », comme un oxymore. Vous l’identifierez facilement, on ne l’entend pas. Méfiez-vous-en comme de La Peste.
Le comportement des animaux.
Si votre chat refuse de quitter le voisinage d’un radiateur, c’est qu’il va faire un temps de chien. Si les oiseaux désertent le ciel, grand vent bientôt vient. Vent puissant est imminent quand les bœufs dans les champs se décornent spontanément.
Les nuages.
Pour le météorologue amateur, comme pour le professionnel, l’observation du ciel est essentielle. Certes, l’amateur ne dispose pas d’images transmises en direct par des satellites, mais il lui suffit de lever le nez pour se faire une idée assez précise de l’évolution du temps, à condition toutefois qu’il connaisse certains dictons nuageux fondamentaux, valables à terre comme en mer, dont voici l’un des plus beaux : « Ciel pommelé, femme fardée, sont de courte durée. »
Le comportement des vieux marins.
Ils restent au port. Ils souhaitent vieillir encore.
Thomas Arfeuille