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VITDITS ET AGLAMIETTES
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Vous venez d'atterrir sur le blog d'AGLAMIETTES où sévissent Aglaé, Thomas et Dan.

Chez nous, vous trouverez des textes courts, des aphorismes pas toujours très sérieux, des réparties dites VD, ou « Vitdit » pas vraiment classiques, mais, autant que possible humoristiques.

Laissez-nous un commentaire si vous avez le temps et l'envie.

Les commentaires sont accessibles sous chaque post de nos auteurs.

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Participez sous la rubrique : « Le Plumard » réservée à nos amis et invités.

A bientôt !

17 septembre 2015

Pepito..."Partie de Pêche"...sacré bon texte!!!

 

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Partie de pêche

 

Pour une belle journée c’est une belle journée, la météo ne t’as pas fait de promesse en l’air : soleil radieux et mer étale. Coté pêche, par contre, tu ne peux pas dire que ce soit Byzance. Un œil sur ton seau, dès fois que t’ais mal compté les deux poissonets qui s’y croisent par intermittence et tu retournes à ton bouchon désespérément immobile. Ce soir tu reçois les Durand à diner, deux poissons faméliques pour quatre personnes, cela risque d’être un peu juste. Pour éviter les plaisanteries fines de fin d’apéro, passer par la criée en rentrant au port risque d’être la bonne solution. Là au moins, on ne risque pas la panne d’approvisionnement. Faut dire que ratisser grand large avec un chalut usine, c’est facile. T’aimerais bien les voir, les pêcheurs au long cours, avec un rafiot comme le tien. Si petit que tu ne peux même pas t’allonger en entier pour faire une sieste…

Tu en es là de tes réflexions, quand tu entends une plainte suivi d’un choc sourd à l’arrière de ton petit navire. Tu te retournes pour voir de quoi il s’agit et tu découvres, accrochés à un espar, deux gars tentant de monter dans ta barque.

Surpris, tu lâches ta canne à pêche et te précipites. D’où sortent ces deux ostrogoths, un coup d’œil alentours, pas la moindre embarcation en vue. Une seule explication possible, te voilà face à deux migrants tombés d’un bateau au passeur quelque peu distrait.

Ton devoir moral est de sauver des vies quand tu peux le faire, ce n’est pas pour autant que tu dois ramener dans ton pays tous les gens voulant traverser Méditerranée à la nage. En fait, ton devoir moral est de ne pas le faire. Car, si vivre dans certains pays n’est pas la panacée, pour autant, s’en enfuir ne garantit pas à ses habitants le statut de réfugié.

Tu es surpris, tes boat-peoples sont des hommes jeunes, vigoureux, surement en pleine forme avant leur bain forcé. On est loin des images de réfugiés amaigris, de vieillards marchant avec peine ou d’enfants aux grands yeux tristes.

Par chance pour eux, ils parlent ta langue, enfin… la baragouine. C’est suffisant pour les interroger afin de voir si tu as affaire à migrants sociaux ou à d’authentiques réfugiés.

Comme ils se ressemblent et qu’ils ont surement des noms imprononçables, tu baptise A, celui de droite et B, celui de gauche.

A t’explique qu’il vient d’un pays en guerre civile où le dictateur local a fait bombarder son quartier par des hélicoptères. Toute sa famille a péri dans l’effondrement de sa maison. Comme tu travailles pour un sous-traitant de l’aéronautique, tu as de bonnes connaissances du domaine et tu lui demandes de décrire les hélicoptères afin de vérifier s’il n’invente rien. Sa description des appareils et de leur efficacité ne te laisse aucun doute. D’autant que tu viens de te souvenir de ce contrat, passé entre ta société et son pays d’origine, qui t’avais à l’époque rapporté une bonne prime de fin d’année. A n’en pas douter, A est un authentique réfugié.

Tout en l’aidant à monter à bord, tu te rappelles avoir lu un article expliquant, entre autres, que le taux de migrants atteints de la gale était impressionnant. Tu fais gaffe à limiter au maximum les contacts avec cet homme, c’est que c’est teigneux ce genre de bébête.

A son tour, B t’expliques sa situation. Il était pécheur, comme son père avant lui, sur la côte d’un pays plus loin au sud. Un jour, de grands bateaux sont venus du large pécher dans les eaux ou lui et ses ancêtres avaient l’habitude de travailler. Ils ont prélevés tout le poisson, tandis que lui et ses collègues étaient empêchés d’aller au large par les garde-côtes de son propre pays. Comme il ne pouvait plus nourrir sa famille, il a décidé de suivre les grands bateaux. Son embarcation a coulée, il était le seul de sa famille à savoir nager.

Tu expliques à B que sa situation, aussi dramatique soit-elle, ne fait pas de lui un authentique réfugié, juste un simple migrant et donc, tu ne peux le ramener dans ton pays. Tu lui demande de bien vouloir s’éloigner et de faire vite, si il veut profiter de l’espar avant qu’il ne dérive trop loin.

Il comprend la situation et s’exécute. Avant qu’il ne soit trop loin, tu penses aux poissons que tu as péché. Par charité chrétienne, tu lui en offre un.

Avant de t’éloigner avec A à ton bord, tu expliques à B qu’il faut qu’il s’arme d’un peu de patience. Tu as entendu dire que des dispositions vont être prises pour un blocage sur la côte des bateaux chargés de migrants. Désormais, ils ne mourront plus en Méditerranée.

Pendant le voyage retour, tout en grignotant goulument le second poisson, A t’explique qu’il est jardinier de métier. Aussitôt, tu penses à la haie de ton jardin, au nombre de fois où tu en as reporté la taille. Tu souris, comme le dit si bien l’adage, une bonne action est toujours récompensée.

Texte inspiré par un article de Nicholas Farrell paru le 20/06/2015 dans The Spectator (magazine britannique, créé en 1828) et repris dans Courier International. Les italiques sont des copiés/collés de l’article.

http://www.courrierinternational.com/article/controverse-faut-il-ouvrir-les-frontieres

 

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Commentaires
A
Notre auteur se nomme Christian Brochin.<br /> <br /> Ce serait dommage de ne pas le connaître....mais nous le reverrons certainement...<br /> <br /> Je veille!
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