Isabelle Herbert...un poème et des fotos..."ENTRE"
Lignes et mots
rangées files serrées plantées de peupliers
clones noirs enchevêtrés si maigres sur l’hiver des feuilles,
qu’on ne sent lisse ou granitée que la neige sous les doigts,
là si tournant tu entres
glissant l’épaule entre les troncs
dans l’espace du sous-bois,
alors là
c’est une forêt qui débourre
le matin d’écume d’un monde
dans le bruit de la feuillaison,
des algues s’en viennent aux branches
et le soleil se multiplie en bancs de poissons
plongées et rebonds.
Entre,
la forêt ne peut pas se perdre
alors
quand tu lis comme on démêle
l’écheveau de lin de l’océan
comme d’un battement lent
on remonte vers le ciel
piqueté par les criquets
une musique en apnée,
alors tu vois c’est un monde
vraiment tu sais nager.
Isabelle Herbert