Journal...extrait un peu ancien...
J’avais emporté hier pour lire dans le train Les chemins de la Liberté que Dan m’a envoyés récemment. Je n’ai aucune idée du sujet de ce livre très célèbre mais j’en ai lu deux chapitres qui m’ont laissée songeuse et admirative.
Je laisse de côté ce qui va devenir sans doute la trame du roman pour m’intéresser au talent de l’auteur pour nous présenter dans chacun des deux premiers chapitres un couple dans un lieu, un soir, entre le moment où nous les découvrons, leur conversation, leurs sentiments intérieurs, le tout les conduisant à une étreinte…physique, c’est certain…amoureuse, c’est plus douteux.
Ce qui m’a stupéfiée, c’est la finesse d’analyse de ces deux situations très banales en elle-même…cinq lignes dans la collection Harlequin… Ici, dans les deux cas, les premiers sont des intellectuels et les seconds des clients de brasserie assez ordinaires, l’auteur dissèque avec une virtuosité diabolique les mille petites nuances psychologiques des deux hommes et des deux femmes et nous montrent combien cette situation de désir amoureux, loin d’être un élan univoque, est faite au contraire, de réticences, de reculades, de regrets, de pensées de diversion, de promesse d’avenir, de souhait de vérité envers l’autre, et pourtant de mensonges continuels…..deux des partenaires est encore en état d’adoration et de servitude, alors que les deux autres sont dans une perspective d’abandon et de rupture… Les gestes et les mots sont souvent discordants. Même physiquement, l’autre est ressenti comme beau ou laid, attirant ou repoussant, encore jeune ou déjà vieux…la peau, les odeurs, le teint, bouleversent ou répugnent .C’est terrible et magnifique…
Je me disais que nous sommes effectivement ainsi, dans cette contradiction émotionnelle qui nous rapproche et qui nous éloigne de l’autre presque dans la même seconde…..L’auteur nous le découvre par le talent de son écriture.
Mon papier est un peu embrouillé mais, pendant que le frisson de la lecture est encore présent dans ma mémoire défaillante, je voulais en garder une sorte d’écho.
agla