Jean Barbé....une sacrée photo!!!

Comments

[jb]

L'horizon ? oui il penche mais dans le sens de la vague pour créer avec elle une sorte d'entonnoir... il assure juste le mouvement qu'il faut et ainsi indubitablement tout ce qui se risquera sur cette mer houleuse glissera de droite à gauche... d'ailleurs je ne suis pas trop sûr que la femme de dos n'attende pas, contre vents et marées et dans cet angle gauche, de voir ainsi dériver quelque chose... ou quelqu'un ?

[jb]

C'est juste que ça ne s'explique pas bien en général...

mais c'est vrai qu'en visionnant ce que j'avais pris et en pointant mon regard j'avais eu aussi ce genre d’informations : une mer au sommet de sa puissance, sans un seul obstacle visuel au dessus de sa houle, dans des laitances se mêlant à celles du ciel et décuplant l'immensité … on pouvait imaginer alors ce que pouvait éventuellement transmettre le regard de cette femme de dos, aux épaules indubitablement tombantes et la tête qu’on devine un peu rentrée dans le col d’un manteau de mauvaise saison… lassitude ? résignation ? impuissance ? un truc du genre en touts les cas.



Dès que j’ai oublié que c’était la Suze qui en fait se colmatait face au vent… dès que j’ai oublié qu’à ce moment là elle était plutôt enjouée (c’est sa nature) … j’ai resserré la photo en limitant la silhouette à l’essentiel, j’ai viré la couleur. N’était-ce pas en resserrant le cliché et en le réduisant au noir et blanc qu’il prenait alors une dimension plus intéressante ?

[jb]

Question pour question...

Pourquoi le cliché ci-dessus te "parle"-t-il ? après tout ce n'est que le dos de quelqu'un devant la mer agitée de ces derniers jours !



J'ai ma petite idée mais dis m'en davantage.

[jb]

Aïe ! vache de questionnement !



Je n’ai jamais su vraiment départager comme il faudrait la part « artistique» de la part « technique » qui feraient à elles deux qu’un cliché « cause » ou pas.



Indubitablement la « technologie » - du numérique notamment- permet de renforcer l’intention artistique, c’est à dire émotionnelle, qu’on avait peut-être au moment d’appuyer sur le déclencheur. D’autant plus, comme je t’ai dit, que revenir sur la photo –intensité, cadrage, etc.- était assez délicat avec l’argentique mais pour le numérique, avec un bon logiciel c’est assez élémentaire. On ne peut donc pas écarter la dimension technique car de toute évidence vaut mieux avoir les bons outils ; c’est vrai depuis toujours mais aujourd’hui les outils en question renvoient le « clic-clac, merci Kodack ! » à l’âge de pierre de la photographie.



Pour autant cette technologie suffit-elle ? pas vraiment si on veut admettre qu’elle n’est sans doute qu’un pouvoir démultiplié donné à l’œil qui prétendrait figer (pour se la raconter à l’envi) une sensation particulière, souvent émotionnelle, plus ressentie que constatée, que lui procurent à l’instant T sa capacité et sa qualité d’observation.

Une « bonne » photo ce n’est assez souvent qu’une empreinte sur une mémoire périphérique externe qui activée saura stimuler notre mémoire interne c’est à dire intime… on peut alors penser que c’est lorsque cette intimité consignée parvient à percuter, via leur propre nerf optique, l’intimité de ceux qui la regardent à leur tour, que la photo cesse d’être seulement « bonne » pour peut-être prendre aussi une certaine dimension artistique…exactement comme le poème cesse d’être une simple cavalcade de vocables choisis et mis en scène pour s’aller plus ou moins confusément mais irrépressiblement farfouiller dans le coffre à sentiments de l’auditeur.

Dans les deux cas la seule technique ne sera jamais suffisante même si elle peut être un atout confortable.



C'est donc une réponse de Normand que je te fais... mais ne sommes nous pas dans les pages d'une Nana du Havre ?

[DAN]

Exactement le genre de photo que j'aimerais réaliser !

Jean, j'attends ici TOUT ce que tu penses de l'art et la technique de la photo...