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VITDITS ET AGLAMIETTES
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Vous venez d'atterrir sur le blog d'AGLAMIETTES où sévissent Aglaé, Thomas et Dan.

Chez nous, vous trouverez des textes courts, des aphorismes pas toujours très sérieux, des réparties dites VD, ou « Vitdit » pas vraiment classiques, mais, autant que possible humoristiques.

Laissez-nous un commentaire si vous avez le temps et l'envie.

Les commentaires sont accessibles sous chaque post de nos auteurs.

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vitdits-ecran

Participez sous la rubrique : « Le Plumard » réservée à nos amis et invités.

A bientôt !

27 décembre 2013

Félicien Marceau...fin de la nouvelle Elle(la femme)...

Felicien-Marceau_scalewidth_630

Sapé academ il me fait rire....mais il a l'air très intelligent!

Félicien Marceau
Les Ingénus

Fin de la nouvelle:Elle(la femme)

– Parfois j'en deviens folle. Je tourne, je retourne ça. Je ne vis pas. On ne vit pas avec quelqu'un qui n'existe pas.
Un nom ? Rien qu'un nom? Peut-être y a-t-il une obscure sagesse dans cette formalité qui' veut qu'avant toute chose, les uns aux autres, nous nous présentions ? Sans son nom, un homme existe-t-il vraiment ou n'est-ce qu'une ombre entrevue derrière une vitre et que sépare de nous un ramas d'objets ? A mon tour, je l'éprouvais cette morsure. J'éprouvais la cruauté de ce silence et tout ce qu'il devait receler de mépris, de haine, de refus – ou peut-être de ce qui résume tout : de mesquinerie. Il pouvait bien la couvrir de pantalon vert. Ces pantalons vert n'arrangeait rien. Il restait ce nom, cette première chose de nous, que nous donnons si facilement et que, lui, il refusait. Il restait cette femme et ce noeud dans son âme, cette angoisse, cette stupeur. Et pourquoi ?
– Mais pourquoi ?
– Est-ce que je sais ?
Après vingt ans, en était-il encore à craindre qui sait quel chantage ? Ou s'agissait-il là plutôt d'une sorte de remords, d'une punition qu'il infligeait à cette femme par ce qu'il fallait punir quelqu'un, au hasard, elle ou lui ? Ou dans cet anonymat qui rejoignait celui des rues, trouvait- il un surcroît de volupté ou ce quelque chose de vil, de lent, de honteux qui est la part obscure de nous-mêmes ? Ou encore était-ce l'idée que sans son nom, cette liaison n'existait pas vraiment ni tout à fait ? Et existait-elle ? De cette femme, moi aussi, j'avais oublié le nom et je ne me souvenais plus si, dans la pénombre rayée, je lui avais donné le mien. Il n'y avait jamais eu d'autres nom que celui-ci  écrit en clous de cuivre sur une ceinture de cuir. Et la ceinture de cuir n'était plus là. Rien peut-être n'avait jamais existé.. La vie, était-ce bien bien la vie, qui, un soir, dans un restaurant, sur un pas de danse, avait avancé vers moi et n'était-ce pas plutôt, sous la lumière blême du néon, non la mort mais le néant? Corps errants un moment soudés l'un à l'autre et, la seconde d'après, déjà séparés par mille années-lumière.
– Mais lors ! L'homme qui était avec lui, dans le restaurant le jour où je t'ai rencontrée. Il devait le connaître, lui.,
- L'homme?
Elle eut l'air d'interroger ces souvenirs.
– Ah! l'homme, oui, je me rappelle. Mais il n'est venu qu'une fois. Je ne l'ai jamais revu.
Ce n'était pas possible. Il devait y avoir une faille quelque part.
– Il y a des tas de gens qui viennent dans cette île. Il n'y a jamais personne qui lui ai dit bonjour?
–. Non.
Après tout… Cette obstination à cacher son nom m'avait fait penser qu'il devait s'agir d'un homme important. Il n'était peut-être pas important du tout.
– Tu peux le quitter…
– Pour aller où ? Tu m'installerais quelque part toi ?
Ce n'était pas une question. Elle constatait.
– Tu vois bien.
– Tu l'aimes ?
Un moment, elle hésita. Son visage lourd, son regard droit devant elle : la mer, le ciel, les agaves. Puis, gravement :
– c'est spécial.
Non, pas gravement, une expression raisonnable plutôt, comme quelqu'un qui a bien examiné tous les aspects du problème.
–    Au début, je le trompais. J'étais enragée. Non, ce n'était pas de la colère. Enfin, en même temps, j'étais furieuse contre lui, et  contente, excitée d'être ici ,dans cette île. Alors je le trompais, avec n'importe qui, et de sa voix d'enfant:
–    TU ne t'es pas fait des idées au moins?
Non, je ne m'étais pas fait des idées.
- Puis je crois qu'il l'a su. Il a dit que la maison, c'était trop cher et qu'il avait peur pour moi, la nuit. Il m'a mise dans un appartement, au premier étage d'une maison. Tu sais, la rue derrière l'église. Au rez-de-chaussée, il y a les propriétaires. Un vieil employé et sa sœur. Ça me fait une compagnie. Le soir, je descends. Je regarde la télévision.
Elle était vivante. Un temps avait été ou elle était vivement.
– Et tu ne le trompes plus ?
– Je n'en ai plus envie.
Marche après marche. On descend une marche puis une autre : on se retrouve au fond d'un puits.
– Et eux ? L'employé et sa sœur ? Ils doivent le savoir, son nom.
– Ils ne savent rien du tout. Le loyer est payé, c'est tout ce qu'ils  demandent. Ils l'appellent le professeur.
Et à l'occasion, j'imagine, ils lui faisaient leur rapport.
– Tu sais, le vieil employé, une fois, j'ai dû le remettre à sa place. Oh, une fois…
Elle n'en faisait pas un drame.
– Et jamais il ne lui échappe un mot sur ses affaires, sa famille ?
– Non, jamais.
– De quoi parlez ou alors ?
– De tout. Il est instruit. C'est lui qui m'a appris l'anglais.
Marche après marche. Le vieil employé. La sœur du vieil employé, la télévision, le professeur, la mer tout autour, jusqu'à mi horizon comme un mur.
– Tu ne vas jamais sur le continent ?
– Non. Pourquoi ?
– Pour rien. Pour…
–    Et si il venait quand je suis partie?
–    Et si il mourait?
     – Il a pris toutes ses dispositions. S'il reste trois semaines sans venir, je dois aller chez le notaire.
– Eh bien, le notaire ! Tu peux lui demander qui est ?
– J'ai essayé, tu penses. Il prétend il ne sait rien. Il a une enveloppe en dépôt. Et c'est tout.
– Et tu ne le saurais jamais si il est mort ou si simplement il t'abandonnd?
– Non, dit-elle. Je ne saurais pas. Je pourrais lire son avis deces dans un journal,, je ne saurais pas que c'est lui.
– Et si tu mourais, toi ?
C'est sur le ton le plus uni qu'elle m'a répondu :
– Je mourrai seule.
Puis :
–    avec un peu de chance, cette semaine là, quand il arrivera, je serais déjà enterrée. Il rentrera chez lui.
–   
FIN




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Commentaires
S
Merci !<br /> <br /> <br /> <br /> Bisous et Bonne Année !<br /> <br /> <br /> <br /> RV
Répondre
A
Excusez-moi si il reste quelques fautes...<br /> <br /> Il est mort l'année dernière à 98 ans.
Répondre
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