Damy Tanguage..."Lagune"...

Photo de Felix Arnaudin

Lagune
(collection biotopes)

Vert d’eau, vertu dévêtue de tes prunelles
timides ondines, ondes de sylphides glacées
frimas des brumes de tes cheveux
d’ange
mais l’ange en langes, en nage
vapeur des peurs isolées, désolées
elfes des feu-follets de joie, d’artifice,
éteints
étincelles de Saint Elme, phare effaré, noyé
vers luisants séduisant
mes nuits
lampyre, vampire noctambule, ma bulle
d’eau

Vert d’eau, vertu dévêtue de tes prunelles
frimas des brumes de tes cheveux chenus
prêle docile, frêle molinie
molle au vent violent volant
mes rêves
trêve
oyats et mousse douce ton sexe
complexe, perplexe, prend ma main
mes deux mains sans lendemain, landes maintes fois
asséchées, léchées, jusqu’au sel
gemme
j’aime, nu devenu, ton ombre décombres
ersatz de lune pleureuse douloureuse
des sèves de décembre, ambre cendrée
des ors
de tes décors

Oyats et mousse douce ton sexe
j’aime
nu, devenu osmonde
faconde désespérée des secrets humides
midis d’arondes à queues nacrées, sacrées
sacrifiées au soleil sec levant
la queue

Désert, des airs d’os monde
noir
brûlé laid
oh laitance de l’enfance en face
de mes yeux quand la dernière goutte
je goûte chassieux des chagrins grinçants
par tes abandons
bandons
bandons
jusqu’à plus soif, jusqu’à plus d’eau, plus jamais
je t’aimais, mais, mais, mais


Damy Tanguage

Comments

[Damy]

Merci m'Agla !

Oui, on a asséché les lagunes. Et quand les tempêtes en auront fini avec les pins, eh ben, les Landes seront devenues un désert, réchauffement climatique aidant.



Félix Arnaudin (1844-1921) est un poète, photographe, ethnologue landais. Il a parcouru les Landes (le deuxième plus grand département de France en superficie) par tous ses chemins, à vélo avec son appareil de photos sur le porte-bagage. Il a laissé un témoignage considérable sur l'époque pré-industrielle.

[Aglamiettes]

Damy dixit:



chez nous, une lagune n'est pas celle de Venise, tu t'en doutes. C'est une mare d'eau stagnante de petite superficie (quelques ares). Autrefois il y en avait partout dans les Landes, maintenant elles ne sont plus que des peaux de chagrin (gros). Pour planter des pins ou du maïs, on les a drainées et asséchées. Or c'est un milieu riche de biodiversité (plein de plantouzes et de bestioles rares. Gamin, j'allais y pêcher des cistudes ou des salamandres et faire gober des mouches par les droséras (plantes carnivores) et riche aussi de légendes (sorcières, djinns etc.). Elles avaient leur utilité: pêche, breuvage pour les moutons, contes d'horreur au coin de la cheminée etc.