Sophie Mercier à la maternelle...

5 avril 2013

C'est elle tout craché....je vous jure!

MES ZAMOURS

mon premier martyr

En ce temps-là, mes petits-enfants, mémère était très jeune et déjà bien vilaine : les petits cheveux blonds rares et tout beyrouthisés, la démarche du bonhomme Michelin, un regard de poule ivre et un doigt dans le nez; Tous les gars de la maternelle ricanaient dans son dos. Ils rivalisaient d'imagination pour lui tourner de charmants compliments dans l'espoir cruel d'atteindre son cœur :

« Ah! Dis-moi petite fleur des champs,

Quand tu pues des îeds,

Mets- tu des chaussettes?

Ah dis moi petite fleur des champs

Quand tu pues de pieds,

Mets- tu des bas blancs? »

Et ça se cognait dur dans le bac à sable à grands coups de mimines potelées dans la frimousse pour avoir le privilège exorbitant de lui faire un croche-pieds sans se faire toper par la maîtresse ou de la jetér dans les pattes du « loup- y-es-tu? » A moins que cette bande de demeurés aux menottes ensablées et collantes ne lui enfonce de force dans la bouche un bonbon moutardé à peine suçé, acheté au magasin de farces et attrapes du coin.

Mémère qui imitait la cruche à la perfection, faisait mine de ne rien voir et pleurnichait dans l'oreille de sa copine:

– Ouinnnn! ! I font rien qu'à m'embêter !

– Takadire à la détresse !

Mais la jeune mémère était bien trop fière et timide pour en référer à l'autorité suprême. Elle laissait dire et faire ses prétendants, jusqu'au jour où elle passa à l'acte.. Un beau matin, un de ces petits merdeux plus malin que tout le monde, avait parié avec les autres débiles qu'il arriverait à lui retirer sa culotte.

C'était un joli geste d'amour, mais j'étais trop jeune pour l'apprécier à sa juste valeur. Aussi, quand le petit Ducon Lajoie a commencé à tirer l'élastique de mon petit bateau avec mon nom brodé sur l'étiquette cousue par ma maman (résultat de l'expérience d'une femme qui a perdu beaucoup de slips dans sa vie, je dois dire que je n'ai pas repris cette coutume, car, à vrai dire, je ne me vois pas aller au bureau des objets trouvés pour réclamer mon bien), je l'ai fait valdinguer sur le bitume, je lui ai enfoncé les ongles dans le gras du bide avec un coup de genou dans l'entrejambes et dès qu'il a ouvert la bouche pour gueuler au secours, je me suis penchée sur lui et je lui ai mordu la langue.

C'était mon premier baiser avec la langue. Pas terrible.J'ai attendu plus de dix ans pour retenter l'expérience.

Sophie Mercier

Posté par Aglamiettes à 15:23 - Commentaires […] - Permalien [#]

Mozart/Requiem/Isa....juste ce qui me manquait, mais il faut quelques kleenex en poche....trerrible émotion...

SANSEVERINO.....Le swing de notre jeunesse revu par un fabuleux musicien en 2013....merci Charles qui a vu cette bête de scène!