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VITDITS ET AGLAMIETTES
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Vous venez d'atterrir sur le blog d'AGLAMIETTES où sévissent Aglaé, Thomas et Dan.

Chez nous, vous trouverez des textes courts, des aphorismes pas toujours très sérieux, des réparties dites VD, ou « Vitdit » pas vraiment classiques, mais, autant que possible humoristiques.

Laissez-nous un commentaire si vous avez le temps et l'envie.

Les commentaires sont accessibles sous chaque post de nos auteurs.

Une réponse vous sera adressée (sauf caprices de l'informatique toujours possible) !

vitdits-ecran

Participez sous la rubrique : « Le Plumard » réservée à nos amis et invités.

A bientôt !

3 mars 2013

Fugace...'Rue'...autobiographique pour une large part...

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Gagner sa liberté…

Le vent a pris la rue pour une tuyère, il hurle d’est en ouest, bouchonnant papiers et sachets de plastique jusqu’aux bouches d’égouts.

En ce novembre lumineux, glacial, à l’air de bonbon menthe, les gens sont pressés, marchent le nez au sol, ne voient rien ni personne.

C’est même à se demander comment il se fait qu’ils soient si nombreux à se geler sur ce boulevard aux commerces sans clients, aux trottoirs défleuris.

Je l’avais déjà vue cette fille.
Aussi costaude qu’un camionneur, la tignasse flamboyante, les yeux noirs, brûlants ; engoncée dans son blouson de cuir violet.
Elle traîne toujours avec cinq garçons du même style, accompagnés de gros chiens, ils font la manche devant la sortie de la supérette, trinquent à la bière, insultent les passants.

Bizarre qu’elle soit seule, sur le même trottoir que moi ; alors que ses potes sont restés vautrés avec les chiens sur leur emplacement de bitume, source de revenus.

- Tu me files un euro.
- Non.
- Salope ! Tu as du fric ! Tu vas voir !

Un sifflet bref, un sifflet de ralliement, d’alerte.
C’est tout.
Elle plantée en face de moi, qui ne bouge pas.
Moi non plus je ne bouge pas. Je me mets le dos au mur.

Les cinq autres traversent la rue, arrivent avec leurs chiens.
Un cercle autour de moi.

- Alors la vieille, on ne veut pas filer un euro à notre copine ? C’est quoi ce délire ?
On sait bien que tu as du blé, alors tu vas nous en filer.

- Non.

- Tu crois quoi, là ?
On a bien vu que tu es à la rue aussi : ça fait une semaine qu’on te voit zoner, remonter le boulevard, le redescendre, aller boire un café, manger un plat à pas cher.
A la rue, on partage.
Alors tu donnes ou on te lâche les chiens !

Toujours le dos au mur, je me suis accroupie, j’ai claqué de la langue quatre ou cinq fois en regardant le plus gros chien dans les yeux.

- Viens, toi ! Allez, viens !

Le chien s’est approché, je l’ai gratouillé derrière les oreilles, puis sous le ventre, puis sur le dos.
Ses trente kilos et plus se sont allongés devant moi, son museau sur mes pieds.

- Je n’ai pas peur des chiens.

Les passants le nez de plus en plus bas, le pas toujours plus rapide ne voyaient rien…
On ne peut pas voir ce qui dérange !

- Alors si t’as pas peur des chiens, on va voir si nos surins te parlent !

- Allez-y les mecs ! Pointez-là ! Moi j’vous dis qu’elle a du fric cette vieille !

Trois déclics, trois lames effilées sont sorties des poches intérieures des blousons, à demi cachées mais tellement réelles.

- Fais pas d’histoire, file ton blé sinon on te perce.

Surtout pas trembler.
Surtout pas baisser les yeux, continuer à fixer le chef droit dans ses yeux bleus.
Surtout pas bouger.

En vision latérale je vois les gens traverser, changer de trottoir bien avant le lieu de ce comité étrange.
Personne !
Ni pour aider, ni pour alerter les flics !
Alors, quoi ? Se laisser tuer par six morveux à moitié ivres, paumés, qui jouent les terreurs ?

J’ai tendu mon bras gauche vers le chien couché à mes pieds, lui ai simplement dit :
- Hop, debout !

Il s’est assis contre ma jambe, je sentais sa chaleur tout le long de ma cuisse qui remontait dans mon corps.
Puis j’ai saisi la peau de son cou, remontant sa tête bien droite.

- Si tu approches, on est deux à te bouffer : le chien et moi.
Si tu me surines, je te promets que tu ne sortiras pas entier de la bagarre : une pointe ça se retourne.

Le chien s’est mis à grogner.
C’est tout.
Ni lui ni moi ne bougions.

- Ca va Hop, calme-toi.

- C’est quoi cette folle ?
- Ce chien, il est à moi maintenant.
Cassez-vous !

Moment de silence, d’hésitation ; échanges de regards, puis une cavalcade et plus personne.
Sauf Hop et moi, toujours collés au mur.

- Allez viens Hop, on s’en va.

J’ai acheté un collier en cuir rouge pour Hop, avec une plaque et son nom gravé dessus.
Je n’ai jamais eu besoin de lui mettre une laisse, il marche à ma gauche toujours à hauteur de ma jambe.
On ne m’a jamais plus embêtée dans la rue.

Un jour j’avais tout quitté, tout laissé.
Je me suis retrouvée à la rue, en plein hiver je dormais dans ma voiture.

Il y a tout dans la rue.
J’y ai rencontré la liberté.
J’y ai trouvé un ami qui ne ment pas.

France Touffe

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Commentaires
A
Excusez cette grande plage de vert idiote!!!<br /> <br /> <br /> <br /> Cette photo n'est en rien celle de Fugace et de ses chiens, elle est infoutue de me donner une foto....c'est un numéro notre Fugace!<br /> <br /> <br /> <br /> je remettrai en bonne place le collage Syvie/ Fantin- Latour ce soir ou demain!<br /> <br /> J'ai soif encore de qqs com bien sentis...
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