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VITDITS ET AGLAMIETTES
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Vous venez d'atterrir sur le blog d'AGLAMIETTES où sévissent Aglaé, Thomas et Dan.

Chez nous, vous trouverez des textes courts, des aphorismes pas toujours très sérieux, des réparties dites VD, ou « Vitdit » pas vraiment classiques, mais, autant que possible humoristiques.

Laissez-nous un commentaire si vous avez le temps et l'envie.

Les commentaires sont accessibles sous chaque post de nos auteurs.

Une réponse vous sera adressée (sauf caprices de l'informatique toujours possible) !

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Participez sous la rubrique : « Le Plumard » réservée à nos amis et invités.

A bientôt !

1 décembre 2012

Aglaé Vadet..."Un bruit court dans la ville'...une vieille miette pour Fugace...

Sidney

Sydney...ma jeunesse...

 

L’année de mes dix sept ans m’est chère à plus d’un titre. Les grands jazzmen américains vont couler dans nos cœurs, une musique qui continue de nous bouleverser au crépuscule de notre vie.

 

Tout commence par une rumeur qui traverse Paris : « Sydney Bechet sera à Chaillot dans une semaine. »

Sous- entendu : « Faites passer »

Nous sommes en 1949, Paris renaît et toutes les femmes ont vingt ans.


Dans le quartier de St Germain des Prés, depuis la fin de la guerre, une jeunesse débridée autour de Boris Vian de Gréco et de bien d'autres danse follement la nuit dans les caves retapées du vieux quartier.
Le jazz, malgré les années de guerre, malgré l'occupation, a envahi l'Europe, par  la voix de la radio. Les adultes font un peu la gueule devant la débauche de ce qu'on n'appelle pas encore des décibels, mais chacun sent que la partie est gagnée :
     " Quand le jazz est
    " Quand le jazz est là
    " La java s'en
    " La java s'en va
C'est tout à fait ça Monsieur Nougaro..

Nous les lycéens, les dix sept ans,nous sommes très éloignés de cette jeunesse dorée dont nous envions par moment la hardiesse des modes et dont les plaisanteries ésoterique nous fascinent. Devant nos parents interloqués, nous leur empruntons quelques détails ; une coiffure « à la noyée », un imperméable trop grand et plutôt crasseux...

Si mes parents sont réfractaires à cette musique africaine, mes aînés, frères et beaux frères m’ont raconté la vie de Sydney Bechet, dans tous ses détails. Et, tous les détails sont restés dans ma mémoire ; je vais d’ailleurs vous les confier.
En 1949, ce n'est pas la première fois que Sydney Bechet séjourne à Paris. Il est arrivé très jeune, avec sa clarinette, dans les valises de Joséphine Baker pour accompagner la Revue Nègre. C'est en 1925, en plein Art Déco et ils ont fait un tabac. Il vit à Montmartre une vie un peu remuante, Il se châtaigne un soir assez durement dans une boite de nuit de ce quartier chaud, et est expulsé de France : tricard en argot de prison.

N’oublions pas que

 


Bechet est un enfant prodige. A dix ans, il fauche la clarinette de son frère, à quinze il joue avec les meilleurs orchestres de jazz des Etats Unis. Il est salué comme un grand par les deux papes du jazz : Duke Ellington et Louis Armstrong Il joue dans toutes les capitales d'Europe. Il est applaudi partout pour ses dons d'improvisation époustouflants,  jetant au-dessus de la partition ses notes colorées, radieuses, avec leurs dissonances, leurs rythmes, leurs intensités. Le solo s'enroule autour du thème central, plein d'energie et d'émotion eclaboussant le spectateur de l'eclat du saxophone soprano avec une virtuosité confondante.Un vrai bonheur !

Et ce soir là ,c’est ce bonheur que je partage avec ma sœur et mon beau-frère
Et pas n'importe où.... double bonheur...Le concert a lieu à Chaillot, dans la grande salle du TNP, deux mille fauteuils, ici même ou Gerard Philippe joue Le Prince de Hombourg, et ou Philippe  Noiret, Georges Wilson et beaucoup d'autres commencent de belles carrières. Je me sens un peu malade d'émotion La salle est partagée : certains applaudissent à tout rompre tandis que d’autres sont attentifs. Les sifflements nous surprennent : ce sont les américains qui ,contrairement aux français, manifestent leur enthousiame en sifflant Les français, eux, avant la libération,. ne sifflaient que pour exprimer leur mécontentement.


Notre vedette noire ( pas très noire d'ailleurs) n'a pas quitté la scène de Chaillot pendant trois heures. Il a un visage magnifique, tout en rondeurs, avec des retroussis pleins de gaieté  comme ceux d'un bébé bien en chair. Ou il a vraiment joué comme un dieu ce soir là, ou mes souvenirs me jouent des tours.
Il a enchaîné les grands standards, les oignons, stormy weather, dans les rues d'Antibes, petite fleur.... avec des arrangements d'airs très populaires voire franchouillards mais qui lui valent des tonnerres de bravos : C'est mon homme d'après Mistinguett( !!) et les Roses de Picardie. Le bonheur des gens est presque palpable. L'energie qui se dégage est pleine d'humour et de lumière. Woody Allen dira de lui : "c'est magique " Cette musique fera danser pendant longtemps et dans le monde entier, les amoureux sur des slows qui nous mettent encore les larmes aux yeux si on n'y fait pas attention.

Difficile à ce moment de croire que Sydney Bechet nous quittera bientôt. Je n’aurai plus l’occasion de le voir, mais en revanche, j’empilerai les vieux soixante dix huit tours noirs aupres du vieux Teppaz de ma chambre.

 


  Il épouse une française, il joue avec Claude Luter pendant dix ans au club du Vieux Colombier.Il achète une maison à Garches où ses amis l'enterrent en mai 1959.
L'un d'eux a dit " il pleut des cordes, ça ferait rire Sydney... "
Aujourd'hui, une chanson nous raconte en douceur : :
A l'enterr'ment d'Sydney Bechet
Y avait Boris et sa trompette
A l'enterr'ment d'Sydney Bechet
On jouait du jazz
Rue d'la Huchette...       
Et aujourd’hui encore, et pour longtemps encore, Rue de la Huchette et ailleurs, nos enfants danseront sur votre musique, monsieur Bechet.

 

Aglaé



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Commentaires
F
Une petite fleur dans les rues d'Antibes...<br /> <br /> Merci pour cette miette. <br /> <br /> Les oiseaux du ciel, ceux qui chantent librement, n'aiment que les vieilles miettes. Ils ne digèrent ni la mie de pain, ni la bouillie.<br /> <br /> Et puis, les "Fugaces", ça ne vit peut-être que l'instant, mais ça garde au fond le bon.
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S
Ah ! Sacre Choeur ... Souvenirs, souvenirs...<br /> <br /> Et ça vaut très bien la rediff' !<br /> <br /> <br /> <br /> RV
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D
http://www.youtube.com/watch?v=SIrnKcoFX0Q
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A
Les anciens du blog connaissent ce genre de textes et je leur demande pardon...Je les reposte à l'occasion pour les petits nouveaux qui passent chez nous....salut à eux!!!
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