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VITDITS ET AGLAMIETTES
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Vous venez d'atterrir sur le blog d'AGLAMIETTES où sévissent Aglaé, Thomas et Dan.

Chez nous, vous trouverez des textes courts, des aphorismes pas toujours très sérieux, des réparties dites VD, ou « Vitdit » pas vraiment classiques, mais, autant que possible humoristiques.

Laissez-nous un commentaire si vous avez le temps et l'envie.

Les commentaires sont accessibles sous chaque post de nos auteurs.

Une réponse vous sera adressée (sauf caprices de l'informatique toujours possible) !

vitdits-ecran

Participez sous la rubrique : « Le Plumard » réservée à nos amis et invités.

A bientôt !

27 octobre 2012

1ere année de cette épopée scolaire... par Jean Barbé

 

 

jb-ecolier

    

     La 1èreannée de cette épopée scolaire n'épargne donc pas grand monde à l'instant des souvenirs....


[…]

C’est l’odeur du hall ciré que je reconnais tout d’abord. L’odeur agressive et terrifiante du hall ciré avec toujours celle de la peinture de gouache qui s’y mêle.

Nous entrons. Les pas, les paroles, tous les sons résonnent sur les murs tapissés de grossiers et ridicules dessins d’enfants, tous de couleurs vives sorties du tube, tous plus laids les uns que les autres. A gauche dans la grande cage en forme de pagode, les deux tourterelles tressautent du col rythmiquement ; comme pour ma grand-mère qui balance pendant des heures son Parkinson sur un rocking-chair, je me demande si elles sont vivantes, encore vivantes. J’ai beau lui serrer la main un peu plus fort, faire battre mon cœur un peu plus vite et plus bruyamment, déglutir par saccades pour ravaler les larmes que je ne laisse pas échapper et qui se nouent dans mon gosier, je sais… je sais que dans le hall ciré elle va me laisser. On peut toujours me seriner que j’ai de la chance parce que ma maîtresse est la plus gentille et, en plus, que je la connais bien puisqu’elle est leur proche voisine, ça ne change rien et je m’en fous : elle va me le laisser là. Me laisser pour des heures et des heures parmi cette marmaille servile et pleurnicharde qui s’ébroue à des jeux idiots avec des cris aigus. On va m’asseoir là tout seul à côté de la petite brunette à nattes qui pue la pisse, juste devant le gros lard méchant comme une teigne, boudiné dans une blouse de drap noir et qui va me taper dans le dos à longueur de journée.

Lorsqu’elle se baissera et se penchera vers moi en disant : « je reviens te chercher tout à l’heure quand tu auras bien travaillé » je lui volerai une caresse de cheveux souple sur sa joue et je m’arrangerai pour que son baiser tombe au coin de ma bouche où son gras rouge à lèvres laissera pour un bon moment sa rémanence.  Mais elle me lâchera la main que la maîtresse reprendra aussitôt pour m’emporter vers la large porte à double battant au fond du hall ciré. Je ne me retournerai pas… je ne me suis jamais retourné. Je ne pleurerai pas… jamais je n’ai pleuré comme les autres faisaient.

De ma main libre je soulève le pan de mon tablier à petits carreaux bleus et blancs, le porte à ma bouche et je tète. Je ne ferai rien de cette autre journée-là. J’attendrai en tétant mon tablier, l’imbibant lentement, ravalant le jus de ma propre salive imprégnée de celui des fibres. Peut-être que les bras croisés sur mon pupitre et la tête dessus parviendrai-je à m’endormir en tétant, le temps mortel me semblera alors passer un peu plus vite. Elle n’est jamais la première pour me récupérer. J’attends encore… j’attends assis avec les autres sur les bancs lattés du hall encaustiqué. S'en va la petite pue-la-pisse qui sautille des nattes vers sa maman revenue… part le gros qui en grimaçant et se dandinant comme un ours rejoint son grand frère à la porte. Partent les uns, s'en vont les autres.

On n’est plus qu’une poignée lorsqu’elle arrive enfin. Je l'ai vue de loin qui venait dans l'allée. Pour mieux respirer je laisse alors retomber le pan de mon tablier et d’un pas lent que je veux digne, sans me retourner, je lui reprends la main dès qu'elle franchit la porte, oubliant aussitôt cet ultime quart d’heure : le plus terrible !

« Mais comment fais-tu pour te mouiller comme ça ? » demande-t-elle à chaque fois en s’efforçant, les doigts à plat, de défroisser le tablier détrempé.

Puis nous rentrons chez nous en traversant le bois de marronniers. C’est l’automne et les gros fruits bruns roulent sous nos pieds, moi courant presque quand elle ne fait que marcher en chantonnant.

[…]

 

jb (Le Faiseur de rêves)

Photographie : Jean Barbé écolier...

 

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Commentaires
A
Moi aussi!<br /> <br /> Emue!<br /> <br /> <br /> <br /> je pense que chacun de nous pourrait donner une foto de sa bouille d'enfant pour accompagner sa MDV et on ferait un petit album sympa???<br /> <br /> <br /> <br /> C'est vous qui voyez!
Répondre
D
J'ai changé l'illustration en demandant une photo de Jean... <br /> <br /> <br /> <br /> Danému<br /> <br /> <br /> <br /> °°°°°°°°°°°°°
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A
Hervé archiviste!<br /> <br /> Ce morceau épatant est à joindre aux autres MDV, s'il te plait!<br /> <br /> <br /> <br /> Ann!<br /> <br /> Ton bel et bon souvenir est programmé vers midi<br /> <br /> <br /> <br /> Merci à vous tous!<br /> <br /> Agla
Répondre
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