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VITDITS ET AGLAMIETTES
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Vous venez d'atterrir sur le blog d'AGLAMIETTES où sévissent Aglaé, Thomas et Dan.

Chez nous, vous trouverez des textes courts, des aphorismes pas toujours très sérieux, des réparties dites VD, ou « Vitdit » pas vraiment classiques, mais, autant que possible humoristiques.

Laissez-nous un commentaire si vous avez le temps et l'envie.

Les commentaires sont accessibles sous chaque post de nos auteurs.

Une réponse vous sera adressée (sauf caprices de l'informatique toujours possible) !

vitdits-ecran

Participez sous la rubrique : « Le Plumard » réservée à nos amis et invités.

A bientôt !

15 juin 2012

"POIVRE ROUGE", PREFACE d'Aglaé:

 

  

PREFACE

 Aglaé Vadet

 

  

ludo

Chacun de nous a fait un parcours singulier, bref ou long avec Ludo. J'avais 70 ans et lui à peine trente cinq quand nous nous sommes rencontrés. Sur un forum où les déconnades allaient bon train et j'étais ravie de sentir ma vie se ravigoter à vue d'œil auprès de ces hommes jeunes qui osaient tout. Deux femmes pondéraient les frangins. On riait beaucoup sauf quand on s'engueulait. Ça pouvait même devenir invivable et le groupe se délitait après quelques dernières grossièretés, des mots innommables, des massacres plus ou moins définitifs.

Dans un mail privé, Ludo, dont nous connaissions tous la douloureuse trajectoire avec l'alcool, me raconte qu'il s'est retrouvé un matin de la semaine passée dans une banlieue de Paris qu'il ne connaît pas, incapable de se souvenir de ce qu'il a fait pendant toute cette nuit, ni pourquoi et comment il se trouve là. Il est déprimé, fait allusion à son boulot au Ministère du Travail, menacé après le dernier rapport du médecin du travail. Je ne dis pas grand’ chose ce matin-là. Je note simplement son désir d'abstinence. J'évite de prêchi-prêcher.

Pendant presque deux ans nous nous écrivons chaque jour. Lui me témoigne une sorte de tendresse respectueuse et moi, j'apprends à mieux connaître, dans les bons et les mauvais jours, cet homme au profil extrêmement singulier. Ce qui explique en partie une écriture hors du commun : chahutant joyeusement (ou tristement) les niveaux du langage, sautant de l'expérience vécue de près à des penchants manifestes vers l'universel... mais un universel humain, déchirant, entre la nuit, la pluie, les bars, le sexe, et, toujours, les visages… Un vocabulaire simple et rare. Quand il m'a offert ses poèmes « L'Impasse aux visages », la dédicace m'a bouleversée : « Un visage dans l'impasse ». Des pépites d'écriture comme s'il en pleuvait !

Un matin tombe ce mail : « agla, mes messages d'hier t'ont semblé illisibles ? Ne t'affole pas. Pour venir à bout de cette sobriété insupportable je me suis autorisé un soutien-drogue... d'où ce charabia !

Je parcours ainsi un Ludo surprenant. Il retrouve sa place au boulot, mais les collègues comprennent bien mal notre poète sévèrement tranché à vif. Sa dernière amie quitte l'appart mais continue de s'occuper de lui. D'ailleurs il n'est pas indifférent à la vie quotidienne et fait ponctuellement son marché à Guyancourt le Samedi. Il se soucie de ses repas. Il est sensible à la reconnaissance de son statut d'écrivain par la Mairie de son village. Il n'oublie jamais son pays du nord, près d'Arras dont il m'envoie des fotos que j'ai perdues.

« Faire la course aux nuages

De Paris à Arras

Vos billets s'il vous plait »

Mais ce qu'il me dit souvent, calmement, sans pleurnicher, c'est : «  Je me demande vraiment si je suis fait pour écrire... il me semble toujours que je suis absolument nullard ».

J'essaie de répondre mais je suis nulle moi aussi

Je saurais aujourd’hui. Peut-être...

Pendant deux années, je l'ai suivi le long d'une désintoxication difficile, douloureuse, et qui, je le sais maintenant ne fut pas définitive. Un jour de Novembre 2008, les tous derniers cachous avalés, lui qui écrivait : « Etre ailleurs ici », partait pour un ailleurs... ailleurs.

C'est à cause de cette exigence en toi, Ludo, que tu es parti. Pas du tout par peur ou lâcheté. Nos petites vies dérisoires et absurdes réclament gravement cette exigence à certains d'entre nous. La tienne réside en toute clarté dans l'écriture exceptionnelle que tu nous lègues.

 Aglaé Vadet

 

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Commentaires
A
cette année là nous réalisions une couverture de catalogue avec toutes nos tronches CHAPEAUTéES!!<br /> <br /> Or, le Ludo refusait catégoriquement de mettre un chapeau...j'ai donc peint un bandeau sur une foto et refotografié le tout! Il a dit que, comme ça, ça pouvait aller!!!Ainsi fut fait!<br /> <br /> Tu sais tout!
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A
Lô<br /> <br /> <br /> <br /> Merci d'avoir bien épinglé ce que notre Ludo a de singulier dans sa façon de sentir la vie et de l'écrire...la force de n'importe quelle trouvaille...aucun cliché...on peut dire une écriture brut comme on le dit de l'Art et du Champagne!<br /> <br /> <br /> <br /> NOus serons firs dans quelques années de posséder ces textes de Poivre ROuge et de les faire découvrir à os enfants..<br /> <br /> <br /> <br /> C'est extrêmement rare un'style', Louis Ferdinand Céline le disait déjà et il savait de quoi il parlait<br /> <br /> <br /> <br /> Tandis que des styles patapouf, comme on dit chez nous, ça cavalent dans les rues!!!
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L
Sorry... y a des soirs...
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L
... le receuil près de moi... Sur la table basse où je me nourris... Je lis un truc par-ci,par-là. C'est de la dynamite ! Des assemblages de mots insoupçonnés, insoupçonnables couchés sur un style unique. De la vie qui mène fatalement là où on sait, mais entre temps, quel tsunami !<br /> <br /> Merci de partager ce phénomène et de le faire vivre. Le bandeau sur le front de l'auteur, c'est comme Kawabata ?
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H
Chapeau, Madame !<br /> <br /> Bisous<br /> <br /> RV
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