Xavier Bordes...'Merle perpétuel'...
Merle perpétuel
Merle fier vivante fiole
D’encre de Chine
Comme j’admire ton liquide
Gazouillis - le soir lorsque monte la lune
Le matin lorsque s’obstine la dernière
Étoile qui fut la première
Moi c’est mon silence noir
Que je dévide
A travers veilles et sommeils
Ne pouvant me quitter ni m’éloigner
De moi - j’appareille en poèmes
Babillage à la proue en forme de beauté
Allongée en simple appareil
Sur le mât de beaupré que soulève la houle
Au cour de ma croisière je recueille
Comme épaves flottantes des mots sur la langue
Les gens sérieux froncent les sourcils
(Beauté, mon beau sourcil !)
Ils font des statistiques Couvrent les écrans de nuages
De chiffres Leurs dents sont longues
Comme canines de vampires
À leurs fracs sombres je préfère
Celui de mon merle
Élégant léger gracieux
Ce serait merveilleux de sentir
Ses petites pattes serrer mon doigt
Et d’entendre flûter son bec
En face de mon visage
Tandis que guettant si je comprends
Ses vocalises son petit oeil rond
M’observecomme un point final.
Xavier Bordes