Le chant de la sirène"...Damy Tangage...son premier texte chez nous...
"Il" est peut-être générique.
Il vaque en souriant vers la ruelle sombre,
« Impasse des Pêcheurs », où le rayon blafard
D’un réverbère nu que le brouillard obombre
Enlumine un éclat sans ambages ni fard.
Noire comme un soleil que le reflux écume,
Une perle sous l’oeil gouttant du cabestan,
Un parfum de marée où l’obscure amertume
Exhale l’Orient, elle est là qui l’attend.
Marin d’eau siphonnée aux égouts de la ville,
Poissant le désespoir comme le cul du vin,
Le sang incandescent et l’humeur juvénile,
Il tangue dans l’esquif et le chenal divin.
Un clin d’oeil de foutoir, des trous aux bas résille,
Une toux vénéneuse au faubourg des minuits,
Le regard des ailleurs, vitreux comme à Manille,
Elle crache un « chéri » comme on fuit les ennuis.
Quel abysse à la peau que ses deux dents déchirent !
Quel écumeux onguent pour les cals de ses mains !
Ah ! L’anneau d’or au port où les mollards chavirent !
Oh ! Mou soleil couchant pour de crus lendemains !
La sirène au chant froid rameute vers l’usine,
Dans des sanglots impurs il affrète son deuil,
Prend la main de sa pute… À l’aube sarrasine,
Elle lui dit « je t’aime », un éclat vif à l’oeil.
Damy