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VITDITS ET AGLAMIETTES
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Vous y êtes !

Vous venez d'atterrir sur le blog d'AGLAMIETTES où sévissent Aglaé, Thomas et Dan.

Chez nous, vous trouverez des textes courts, des aphorismes pas toujours très sérieux, des réparties dites VD, ou « Vitdit » pas vraiment classiques, mais, autant que possible humoristiques.

Laissez-nous un commentaire si vous avez le temps et l'envie.

Les commentaires sont accessibles sous chaque post de nos auteurs.

Une réponse vous sera adressée (sauf caprices de l'informatique toujours possible) !

vitdits-ecran

Participez sous la rubrique : « Le Plumard » réservée à nos amis et invités.

A bientôt !

25 février 2012

Hervé Baudouy...La Parade des Morts...1ère Partie...et bonsoir tout l'mond'!!!

 Apocalypse_4Apocalypse_5

 

Apocalypse_2

Apocalypse

 

La mort (ou la vie), c’est plein de surprises.

La première étant : "Tiens ! Ca n'arrive pas qu'aux autres!"

La deuxième : "Ca n'a pas de sens."

(Comme si la vie et la mort avaient un sens, je vous demande un peu !)

La troisième : "C'est quoi, cette ombre qui est moi ? Normalement, *j'ai* une ombre, je ne *suis pas* une ombre" !

La quatrième, évidemment :" Je prendrais bien une bière".

Mais vous êtes déjà dedans.

Tout ça pour dire que le Jour du Jugement fut plein de surprises.

 

 

Tout d'abord, il y eut la Nuit de Sang.

Seuls les astrologues s'en préoccupèrent d'abord.

Jusqu'à ce que Coca-Cola arrive à dessiner son logo sur le disque écarlate, grâce à un laser très puissant.

Puis le ciel devint noir, laissant le monde sous la lumière blafarde de la lune sanguine.

Les photographes commencèrent à s'imaginer que l'au-delà pourrait bien ressembler à une chambre noire.

 

 

La police prédit alors une augmentation massive de la criminalité dans ce monde crépusculaire, et elle se prépara au pillage et aux émeutes.

Heureusement, et cela avait peut-être à voir avec la présence supposée du dieu (local) et la proximité du Jugement dernier, les gens ne bougèrent quasiment pas de chez eux.

Les seuls endroits plus occupés (à tous les sens du terme) furent les églises, remplies de convertis de fraiche date, jusqu'aux balcons supérieurs.

Ainsi que les salons de bronzage et les esthéticiennes, après que des journaux de mode aient affirmé que la lumière lunaire rougeâtre faisait paraître certaines célébrités assez pâteuses, choucrouteuses, ou les deux.

 

 

Certains questionnèrent la notion de "jour" du Jugement, quand il apparut que le tout-puissant local avait peut-être du retard dans la livraison dudit Jugement.

La réponse officielle de l'église locale fut qu'un jour se mesure du lever au coucher du soleil ; et donc que, puisque le soleil avait oublié de se lever, il n'y avait pas eu de nouveau jour depuis cinq semaines.

 

Au moment où la vie semblait revenir à un semblant de normalité (mais il fallut redéfinir le mot "normalité", bien entendu), les morts commencèrent à sortir de leurs tombes. Tout au moins l'essayèrent-ils. Mais le fait d'être enterrés six pieds sous terre, coincés dans des boites, avec un corps pour le moins fatigué et manquant fortement d'exercice, cela ne facilitait pas les choses.

Dans les pays pratiquant la crémation, il n'y eut pas ce genre de problème, bien que d'étranges tempêtes de poussière fussent remarquées dans plusieurs villes.

 

La plupart des morts furent sortis de leurs prisons souterraines. Certains commentaires acides se firent entendre quant à l'idée saugrenue d'enterrer les morts les uns sur les autres. Comme on n'avait aucune idée précise sur la fin du fameux "jour", plusieurs sociétés proposèrent des systèmes de gestion des cercueils : ils affirmaient pouvoir récupérer plusieurs corps à la fois et les arranger verticalement pour permettre un accès facile. Cela impliquait de la robotique : un nouveau secteur informatique et industriel s'ouvrait. Peut-être éphémère, mais très lucratif.

Ils furent concurrencés pas des artisans qui s'auto-baptisèrent "Spécialistes de récupération des bien-aimés". Les morts bloqués sous des patios ou des fondations d'immeubles posant un gros problème, ce furent ces "experts"-là qui décrochèrent des contrats juteux.

 

 

Au début, la police s'intéressa beaucoup à la récupération des corps. Mais des avocats soulignèrent rapidement que, les morts se relevant des tombes, toutes condamnations actuelles ou à venir devaient être considérées comme nulles et non avenues. Et que ça allait faire du bruit !

Ainsi, sans nouveau criminel à défendre, les avocats trouvèrent un nouveau marché florissant : garder hors de prison les anciens criminels qu'ils n'avaient pas réussi à sauver la première fois. En s'appuyant sur une liste d’arguties juridiques relatives au "jour du jugement".

 

Plusieurs semaines après le début de la Relève des Morts, le premier vrai problème pratique de tous ces corps réintégrant le monde des encore vivants se révéla.

On avait, depuis longtemps, admis que le monde était surpeuplé.

Quand la terre régurgita sa population, la plupart des gens furent d’abord enclins à considérer cela comme correct.

Alors que de nombreux morts récents avaient encore des parents, heureux de les accueillir sous l'évier ou dans un pot de fleurs, les autres étaient sans parenté. Étant génétiquement classés comme "sans postérité", ils ne pouvaient aller nulle part.

Heureusement, les inventeurs du système de gestion des cercueils déjà mentionné analysèrent le problème ; et ils convertirent leur défunt système d'extraction des cercueils en un système qui permettait de les ré-enterrer et de les ressortir, à l'infini.

C'était ça ou construire des abris immenses pour revenants-SDF.

 

 

 

Le temps passa, comme il a coutume de le faire en dépit des convictions des églises. Les vivants et les morts se retrouvèrent à cohabiter sans trop de dommages collatéraux, dans les premiers mois du Jour du Jugement.

 

Mais !

Mais les vrais problèmes commencèrent quand les morts s'ennuyèrent et se mirent à chercher du travail.

Grace à un autre trou noir légal, on découvrit que les morts n'avaient pas d'impôts à payer. Ce qui en faisait des employés idéaux pour employeurs... économes.

Mais cela entraina un chômage considérable chez les ados qui remplissaient les étagères des supermarchés, servaient dans les fast-foods ou nettoyaient les tables dans les pubs. Grosse frustration.

Ils étaient encore plus frustrés par le fait que, le temps passant, il devint clair qu'ils ne vieillissaient pas, et qu'ils étaient destinés à être figés sous la forme de psychotiques hormonalement pubescents, rageurs et inemployables pour le restant de l'éternité. Ou du mois jusqu'à la fin du Jour.

 

C'est alors que la Loi de Peter Pan fut votée par la Cour Suprême Internationale.

L'Australie fut désignée comme le continent des Ados. Tous les Australiens de moins de 12 ans, ou de plus de 18 ans, furent forcés de déménager sur un autre continent.

Ce qui se fit très rapidement lorsqu'ils apprirent que des légions d'ados arrivaient.

Pays par pays, les nations du monde rassemblèrent leurs jeunes et les transbordèrent en Australie, où ils furent confiés aux soins des Gardiens d'Oz.

 

Naturellement, les églises s'objectèrent à cette relocalisation massive des garçons et filles. Jusqu’à ce qu'on leur dise que peut-être les dieux (quels qu’ils fussent) exécuteraient-ils le Jugement Dernier plus facilement si les vivants s'organisaient par taille...

 

 

****

 

Le cas des fantômes provoqua des polémiques furieuses :

Où les situer ?

Non-morts ? Non-vivants ?

Quelque part au milieu de nulle part ?

Ils ne pouvaient « se relever », étant déjà mobiles.

On ne pouvait les tuer.

Alors ?

On mit le problème au frigo, faut de solution ou de consensus clair.

 

En ce qui concerne les vampires, zombies et autres mutants exotiques, un consensus technique s’établit rapidement sur le fait que, grosso modo, ils étaient un peu plus vivants que morts. Donc, qu’on pouvait ne pas s’occuper d’eux pour l’instant

 

****

 

 

 

 

 

 

 

 

Bien sûr, tout cela ne faisait pas l’affaire d’un certain nombre de gens : les apocalyptomaniaques, les compulsifs de l’Horreur Absolue, les fanatiques de l’Innommable, les Mathématiciens de la Parousie, les télévangélistes et autres fêlés du bocal, qui voyaient leur fonds de commerce menacé par cette incertitude prolongée qu’ils n’avaient pas prévue.

 

L’un d’eux écrivit même aux journaux une diatribe commençant par :

« Ce n’est pas le Vrai Jour ! Le Vrai Jour, ce sera le nôtre, celui que nous avons vu, dont Dieu lui-même nous a entretenus et qu’il nous a promis… Pour plus tard ! … Etc., etc. »

 

Cela provoqua quelques polémiques saignantes, tonitruantes et hilarantes avec d’autres « détenteurs de vérités apocalyptiques ».

Un journaliste rédigea même un article, pour illustrer la chose :

 

« Mes frères ! (sans oublier nos sœurs!),

Il est bien évident que ce à quoi nous assistons est tout à fait anodin, bénin, banal, et ne vaut pas l’énergie et la colère que certains déploient actuellement.

La lune est de sang ? Bon, et alors ?

On a vu des choses plus étranges : Céline Dion a bien chanté une chanson intelligente ; une fois. On a vu des pluies de grenouilles ; un politicien a admis qu’il s’était trompé ! Alors, cette lune ?

Peut-être une gigantesque bête cosmique et rouge se promène-t-elle actuellement dans notre système, et peint-elle notre satellite. Rien d’extraordinaire là-dedans.

Les morts ressuscitent ? Bon, et alors ? Selon des légendes bien ancrées dans notre inconscient collectif, c’est déjà arrivé, non ?

Alors, cela vaut-il la peine qu’on se crêpe le chignon pour ça ? Je dis « NON ! »

 

Car, et il ne faudrait pas l’oublier, l’Apocalypse a été prédite et re-prédite à de multiples reprises, par des gens tous aussi sérieux les uns que les autres. (1)

Ainsi, M. Stiefel, un copain de Luther, l’avait prédite pour le 15 Octobre 1533, à 8 heures du matin. Quel dommage qu’on ait perdu le brouillon de ses calculs…

 

 

Nostradamus lui-même, le Grand Oracle Patenté, l’a prédite et re-prédite, d’après des experts autoproclamés, pour 1666, 1734, 1886, 1943, 1999, et même 2038 ! Une Apocalypse à épisodes en somme : on pourrait en faire une série TV…

 

Ah ! Il y eut aussi William Miller, le « père » des Adventistes, qui réussit à déterminer, après avoir fumé on ne sait quoi, que la Fin était pour 1844…

Et une copine à lui précisera par la suite que la Fin avait bien eu lieu, mais pas sur notre Terre ! Non. Mais plutôt dans le « sanctuaire céleste ( à la localisation géographique imprécise) ; ce qui mènera, bien entendu, à la fondation des « Adventistes du 7e Jour ». Faut pas laisser perdre une bonne idée, mes frères, surtout quand elle est lucrative !

 

Passons sur les Témoins de Jéhovah qui, bien qu’arrivés bons derniers dans le Derby Parousique, se contentèrent de copier l’idée, mais sur une échelle mondiale, avec un marketing en béton.

 

Pour mémoire, mentionnons également la secte des Anachorètes Frétillants, qui croyaient que le Soleil était un trou noir.

Mobile.

Peint en jaune par un peintre fou et/ou daltonien (cette dernière distinction avait d’ailleurs provoqué le Grand Schisme Colorié – où les adversaires se lançaient des pots de peinture les uns les autres.

Pour eux, le Jour du Jugement serait celui où le Grand Ornithorynque viendrait et déciderait si le peintre était fou ou daltonien.

Alors seulement, les fidèles se taperaient une orgie sublimissime et se noieraient dans un gigantesque pot de peinture.

Jaune.

 

Tout ça pour dire que ces gens-là ne savaient rien. Rien de rien !

Du vent, des cacahuètes, une abyssale vacuité, calembredaines et billevesées !

 

Et maintenant, moi, je vais vous faire MA Révélation.

 

A genoux, mes frères (Hé ! Ho ! Les sœurs aussi !)

Écoutez La Vérité, la seule, l’Unique, l’irréfutable, l’irréfragable, l’incontournable, la MIENNE !

J’ai reçu cette révélation il y a peu, alors que j’étais au restaurant Chez Paht Mos, et que je faisais mes dévotions au Grand Canard Laqué.

Des dévotions très lubrifiées.

Alors que je me préparais à découper le Canard susmentionné, suivant les prescriptions inscrites au Livre des Découpages Sacrés (Chap. IV, versets 28 et ss.), une voix sortit du canard ; une voix grave, vibrante, très laquée.

Et elle me parla. Oui, à moi !

Elle me dit :

- Comme tu es journaliste, écris ce que tu vas voir et entendre. Et diffuse-le urbi et orbi. Et même plus loin si possible !

 

J’ai posé mon couteau et j’ai pris mon stylo et un bloc (je n’avais pas mon laptop)

Le mur, au fond de la salle, a tremblé puis s’est transformé en une sorte d’écran de cinéma.

Et la Voix a repris :

  • Regarde bien ! Car le Jour de la Fin approche !

 

Alors, au centre du mur-écran, s’est ouvert un trou noir ; ce qui semblait être un escalier débutait et disparaissait dans la sombreur muresque.

Et la Voix, aussi mélodieuse qu’une concasseuse recarossée à Hiroshima, dit :

  • Monte ! Et regarde bien. Tu verras ce qui doit être après tout ce qui a été, et avant qu’il n’y ait plus rien. L’entracte entre le Rien qui dure et le Néant qui juge ! Ce sera la Finphonie Surachevée !

 

Je me suis avancé. Mais à la place d’un escalier, je n’ai vu qu’une brume qui se perdait dans l’obscurité.

  • Mais je vais me casser la gueule !

  • Mais non, le pouvoir, c’est l’imagination ! Monte !

 

Bien. Pourquoi pas ? J’ai imaginé des marches. Et j’ai posé le pied sur la brume…

Qui a soutenu mon pied sans problème.

  • Voilà ! dit la Voix. Continue.

J’ai escaladé ainsi une cinquantaine de marches, porté par mon imagination et de la brume.

Arrivé à un palier brumeux, j’ai distingué une porte. Avec, écrit en lettres rouges : « Bar de l’Univers »

Je suis entré.

Effectivement, un bar. Étonnant, non ?

Au comptoir, un livre, assis sur un tabouret, se lisait lui-même, solitaire.

Dans le fond, un grand fauteuil, façon cathèdre ; une silhouette y était assise.

Je dis silhouette, car on pouvait voir le fauteuil à travers elle.

Et une voix, la même voix, émanait de la silhouette :

  • Approche ! Tu vois, tu y es arrivé. Ah ! Les humains ne sauront jamais ce qu’ils ont perdu en ignorant ou en méprisant l’imagination ! Regarde le Livre !

Le Livre interrompit son auto-lecture pour me faire face (enfin, si on peut dire…).

Il était garni de 7 sceaux. Tous très propres, très nets. Des sceaux briqués, en somme.

  • Te sens-tu digne d’ouvrir les Sceaux, O journaliste ?

  • Je serai le premier, c’est ça ? hasardai-je.

  • Oui, le premier. Et peut-être le dernier.

  • J’ai toujours rêvé d’un scoop fabuleux ! Allons-y !

 

Et je m’avançais vers le comptoir. Le barman – me reconnaissant probablement – me servit un scotch sur glace. Non, deux. Je vidai le premier cul-sec. Hé ! Ce n’est pas tous les jours qu’on brise des sceaux pour apprendre comment tout va se terminer.

 

Puis je pris mon courage à deux mains, le deuxième scotch dans l’autre, et je m’avançais, plein de courage et d’inconscience (2).

Et je brisai le 1er Sceau !

Un arc scintillant jaillit, guilleret et ironique, et dit :

- La Flèche du Temps est proche de son but. Elle approche la frontière ultime (3).

Puis l’arc réintégra le Livre, en me faisant un clin de flèche.

 

A suivre…

Hervé

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