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VITDITS ET AGLAMIETTES
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Vous venez d'atterrir sur le blog d'AGLAMIETTES où sévissent Aglaé, Thomas et Dan.

Chez nous, vous trouverez des textes courts, des aphorismes pas toujours très sérieux, des réparties dites VD, ou « Vitdit » pas vraiment classiques, mais, autant que possible humoristiques.

Laissez-nous un commentaire si vous avez le temps et l'envie.

Les commentaires sont accessibles sous chaque post de nos auteurs.

Une réponse vous sera adressée (sauf caprices de l'informatique toujours possible) !

vitdits-ecran

Participez sous la rubrique : « Le Plumard » réservée à nos amis et invités.

A bientôt !

5 décembre 2011

Hervé Baudouy...Blanche Gourde et les Sept Tarés!

 

Première Partie--------------

 

Il était une fois, dans un pays encore plus éloigné de la réalité que l’Assemblée Nationale, une sorcière que les politiquement corrects qualifieraient "d'handicapée de l'apparence" mais qui, aux yeux d'une personne rationnelle, était tout simplement moche comme un pou.

 

Elle s'appelait Kra Moizie (1) et (2) ; graçe à ses pouvoirs occultes et ses sortilèges, elle se portait bien, enfin...disons que sa figure aurait fait rater une couvée de singes ; pour le reste, l'aérobic et le jogging la maintenaient en forme.

 

Moizie vivait dans le Château standard, en ruines, perché de manière précaire, voire improbable, sur le côté obscur de la Montagne Magique, et qui surplombait la Forêt de Gump, dans le sud de la Transylvanie du Nord; un endroit très reculé :elle avait été obligée de prendre en crédit-bail ( 36 mois , avec rachat possible) un balai volant pouvant atteindre les 100 Km/h, pour aller faire ses courses et voir son herboriste Rik Azharaille.

Pire encore, sans ce balai, elle n'aurait pu que très rarement assister à son divertissement favori :

les exécutions publiques régulières ; ses préférées demeuraient l'élongation par des chevaux, et le barbecue d'ivrognes et d'humoristes locaux.

 

Moizie consultait quotidiennement son miroir , qui lui renvoyait un visage jeune et ravissant (sans doute généré par ordinateur) qui contrastait (3) avec son vrai visage.

Elle prenait une pose qui, pensait-elle, la faisait ressembler à Cindy Crawford ( ou Marylin, ou Greta Garbo, suivant les jours), et prononçait toujours les mêmes paroles:

- Miroir, miroir, dis-moi, en vérité,

Qui est la plus belle poule du quartier ?

Et le miroir répondait invariablement:

- Sans aucun doute, en vérité, je vous le dis:

La plus belle poule du coin, c'est vous !"

 

N'oubliez pas que c'était un miroir magique programmé , et qu'il répondait alors qu'il était envoûté, sans aucune liberté de choix; de ce fait, il était moralement irresponsable.

Tout comme un ordinateur, il ne pouvait juger de la véracité des donnée

qu'on lui faisait ingurgiter ("Garbage in, garbage out" , comme disent les Chinois)...

 

Des charretées d'années passèrent ainsi, pendant lesquelles la réponse

du miroir ne varia jamais, à la différence de Moizie qui, pour parler charitablement , "mûrissait" avec l'âge (4)...

 

Et puis, vint un moment où même le miroir enchanté devint désenchanté ;

bien qu'il ne puisse modifier le contenu de sa réponse, il commença à adopter une espèce de ton sarcastique, dont l'insincérité n'échappait pas à Moizie ; celle-ci était sensible à la plus légère critique sur son apparence, quelque constructive qu'elle soit (la critique , bien sûr, pas l'apparence.)

 

Énervée par l'ironie nouvellement acquise par le miroir, la sorcière parcheminée (qui remontait donc à avant Gutenberg) agita ses mains tachées devant lui, et lui lança:

- Miroir, miroir, espèce de bout de verre...

Instantanément, mais temporairement, délivré de l'envoûtement, le miroir l'interrompit et répondit , sans reprendre haleine:

- Sans aucun doute, si mon chat avait une telle face, je lui ferais raser les fesses, et le ferait marcher à reculons.!"...

 

...Après que Moizie ait brisé le miroir en millions de petits morceaux minuscules, qu'elle piétina rageusement et longuement, elle s'autorisa à se calmer, à devenir plus objective et à envisager des solutions.

 

Dans un pays où il n'y a pas de chirurgie esthétique, les dites solutions étaient limitées.

Feuilletant ses catalogues de sorts de chez La Redoute, elle chercha la recette qui résoudrait son problème: celle qui l'avait aidée dans le passé - autant qu'il était possible de le faire, vu le matériel sur lequel la recette devait agir...

La Recette : Le Ragoût de Vierge !

Un Ragoût de Vierge garantissait une apparence juvénile, tout étant

relatif bien sûr, pour pas moins, mais pas plus, de 100 ans.

Moizie ne l'aurait jamais admis devant ses amies (5), mais elle avait depuis longtemps dépassé son trois-centième anniversaire, et affichait très visiblement le kilométrage... (6)-------

(1) De la célèbre famille des Kra Dhingues ( avec Kra Pahuté, Kra Zuky,

Kra Seux, et tous les autres...

(2) De son prénom Maroilles, mais c'était un secret bien gardé: elle en faisait tout un fromage quand le sujet était abordé au marché, le samedi matin...

(3) Le mot "contraster" est bien sûr un euphémisme...

(4) L'inclusion de cette expression est faite à la demande du Lobby des Esthéticiennes (pour le règlement des frais de pub, voir mon secrétariat)

(5) Si elle en avait eu, ce qui n'était pas le cas.

Elle leur avait survécu, par chance , ou par préméditation. Elle se retrouvait souvent à jeter des sorts mortels sur toute compétition passant à porté de regard, ce qui incluait toutes ses défuntes amies.

(6) Dans cette contrée retirée, les autochtones atteignaient un âge très avancé. C'était apparemment l'idée que l'Univers se faisait de la justice.

(7) Peut-être était-ce une plaisanterie cosmique ? (8)

(8) Ou alors, un trait d'esprit karmique ? (9)

(9) ...Bon...Laissez tomber... 

Deuxième Partie----------------

 

Moysie avait utilisé la recette du ragoût deux fois déjà, aussi s'organisa-t-elle immédiatement pour trouver l'ingrédient principal et irremplaçable du Ragoût de Vierge: une Vierge ! (10)

 

Le consentement ( ou non) de la Vierge elle-même ne lui avait jamais posé de problème.

Cela n'avait rien de nouveau.. Mais elle n'en avait pas mangé (au sens littéral) depuis des années. Son ex-miroir l'avait avertie qu'elle était largement en retard sur ce point-là.

 

La sorcière, roublarde autant que moche, se dit que le meilleur moyen de trouver une vierge était d'infiltrer secrètement le plus proche "Groupe d'aide en 12 leçons" pour personnes ayant des problèmes sexuels.

Elle en deviendrait membre en simulant des difficultés d'ordre sexuel (elle n'aurait pas besoin de simuler, d'ailleurs...)

Les temps étant ce qu'ils étaient, elle était sûre de découvrir une vraie vierge parmi les sexuellement dysfonctionnels.

 

Elle prit un bain rapide, dans du thé magiquement renforcé, pour réduire son arôme distinctif personnel (un fumet persistant, irritant à l'œil, nasalement perturbant, et qui s'était développé sur elle aux alentours de sa 150e année.)

 

Elle enfourcha son balai et faisant fi des radars, se lança à 120 km/h

jusqu'à une petite bourgade défavorisée, baptisée du nom de son fondateur , Bourre Ghade - ivrogne célèbre figurant au Guiness.

 

Ce même soir, (le hasard fait bien les choses ! ), se tenait une réunion des "Concupiscents Anonymes » , au sous-sol de l'Église Pentabaptiscostale.

 

Quand Moysie entra dans la salle et se présenta brièvement (et fallacieusement) , tous les regards se tournèrent vers elle. Une fois. Puis s'en détournèrent.

Heureusement pour son ego, elle était tellement absorbée par sa chasse à la vierge, qu'elle ne remarqua pas que même les compulsifs sexuels ne l'étaient pas assez pour s'intéresser à elle.

 

Sept hommes et deux femmes étaient assis en cercle sur des chaises; heureusement pour Moysie, il restait une place libre; l'immonde sorcière s'assit à côté d'une des femmes, qui renifla brièvement et s'éloigna immédiatement, pour changer de place avec un gentleman excité, vieux

mais pas autant qu'elle, nommé Voyeur. 

Arrivés à ce point de notre récit, il vaudrait mieux révéler ce que tout le monde attend: le nom de ces héros;

Ce sont , par ordre d'âge et de dysfonctionnement sexuel : Voyeur, Plotteur, Maso, Mono-neurone ,Panty, Sniffer, et l'animateur , le docteur D. Janthé, surnommé Doc ( mais il a horreur de ça.)

Les deux femmes s'appelaient Vaderetro et Blanche-Gourde.

 

La chaise libre était celle de Lulu la Mielleuse, une jeune femme qui avait quitté le groupe pour aller vivre dans le péché avec trois ours.

Ce ménage-à-zoo faisait jaser le Tout-Bourre-Ghade.

 

- Bonsoir, Madame... commença Doc, qui s'arrêta; elle ne le regardait pas , fixant Vaderetro et Blanche-Gourde avec concupiscence (elle s'était rapidement intégrée..).

Voyeur et Panty hochèrent la tête, et murmurèrent:

- Lesbienne...

 

Vaderetro écarta ses longs et luxuriant locks de son visage, totalement couvert de tatouages colorés; brièvement, Moysie put croire avoir trouvé sa vierge.

Mais elle déchanta rapidement, quand Vaderetro raconta sa nuit torride et bizarre avec un groupe-cuir de bergers locaux, un maréchal-ferrant, trois musiciens et quelques animaux de ferme.

 

Aussi, tous les oeufs d'espoir de Moysie se retrouvèrent dans le panier métaphorique de Blanche-Gourde.

 

Blanche-Gourde était la prochaine à "partager", et le petit cœur noir de Moysie manqua quelques battements.

A en juger par le témoignage personnel de la jouvencelle, non seulement c'était une vierge, mais elle s'était vouée à le rester, quel qu'en soit le coût pour sa popularité, jusqu'à sa nuit de noces (quand et si cet évènement sacré et bienheureux devait arriver (11)

 

D'une petite voix grêle, gazouillante et agaçante, Blanche-Gourde

raconta:

- J'ai vécu une expérience terrifiante hier soir. J'ai été quasiment intimement caressée par ce jeune crétin de Jacquot le Bâtard; enfin, je pense que c'était lui. Quoi qu'il en soit, il a essayé de toucher mon COUDE, vous vous imaginez ! ?

Alors, j'ai du lui montrer qui j'étais, et ce que je pensais des libertés qu'il prenait avec moi ! Je lui ai disloqué l'épaule gauche, fracturé le fémur, crevé sa cornemuse, et causé des dommages sans doute irréparables à la prostate.

C'est vrai , quoi ! Que peut faire une pauvre vierge sans défense? A présent, personne ne voudra sortir avec moi, parce qu'on saura que je ne suis PAS celle qu'ils pensent !

 

- Allons, allons, dit Moysie, d'un ton calmant à Blanche-Gourde, en lui tapotant légèrement le bras (pour vérifier la fraîcheur et la comestibilité de la peau destinée au Ragoût). Je suis nouvelle parmi vous, mais je pense que nous devrions tous applaudir à la vertu si bien défendue de cette jeune fille !

 

Blanche-Gourde renifla dans le mouchoir étrangement taché que Sniffer lui avait tendu, jusqu'à ce qu'elle en remarque les taches, et le lui rende avec un haut-le-cœur.

- Merci, dit-elle à Moysie. J'apprécie votre soutien.

- De plus, ma chère, j'ai un neveu très beau, très strict moralement, strictement célibataire, gynécologue, et qui cherche une jolie vierge qu'il pourrait courtiser pensant au moins

six mois, pour l'épouser ensuite au cours d'une cérémonie au cours de laquelle elle pourra porter fièrement une superbe robe blanche qu'il sera heureux de lui avoir offert, riche comme il est ...(12)

 

- Vraiment ? demanda B.G., en se mouchant avec le tissu tendu par Panty.

Malheureusement, en y fourrant son nez, elle découvrit que ce n'était pas un mouchoir, et

aussi d'où Panty tirait son surnom. Elle laissa tomber la petite culotte, et Panty brutalisa trois de

ses vertèbres en se précipitant pour le récupérer.

 

- Peut-être pourrais-je rencontrer votre neveu un de ces jours, dit-elle.

 

Moysie se frotta les mains, grimaça un sourire (ou sourit une grimace ?...le styliste s'interroge...) , et reprit:

- Eh bien, ma poulette, il n'y a jamais de meilleur moment que maintenant! Pourquoi ne venez-vous pas au château avec moi, tout de suite ? Mon beau et charmant neveu s’y trouve, occupé

à préparer des biscuits au chocolat : son passe-temps favori.(13)

 

- Pardon, s'immisça Doc. Bien sûr, chacun dans ce groupe est libre, mais, Blanche-Gourde,

je ne pense pas qu'il serait bon de partir maintenant.

Sans vouloir vous offenser, madame, nous savons à peine qui vous êtes, et...

 

Moysie le fixa de ses yeux de glace, et lâcha:

-Allez vous faire foutre !

 

Doc nota, avec son objectivité professionnelle coutumière, que cette laideur féminine qui puait le thé (et peut-être aussi la poussière tombale) n'était pas du genre à laisser quiconque interférer avec ses plans; il le nota dans son carnet, pour éviter une future confrontation pénible, qui aurait

impliqué un possible (et atroce) contact avec elle.

 

- Pouvons-nous venir aussi, supplia Voyeur, pour...vous savez... regarder ?

 

Moysie lanca sa jambe et donna un coup violent dans la poitrine de Voyeur, qui s'envola de sa chaise, ricocha sur Maso, heurta la tête de Sniffer, et atterrit sur les genoux de Mono-Neurone, qui tomba de sa chaise, et glissa sous celle de Vaderetro, où il réussit à jeter un bref coup

d'œil sur des dessous en cuir soigneusement agrafés sur la peau. Vadéretro se leva et planta

ses talons aiguilles dans les fesses de Maso, ce qui tira de lui un gémissement nettement teinté de jouissance:

- Ahaaaaaoooh !(14) 

Avec son carnet, Doc frappa ceux à sa portée, futile effort pour retrouver l'attention du groups.

 

- Quelle bande de tarés, dit Moysie à BG. Sortons d'ici.---

(10) Les choses étant ce qu'elle sont - O Tempora, O Mores.. . . et toutes ces sortes de choses.

(11) Les lecteurs attentifs l'auront remarqué : le fait qu'une vierge se perçoive comme "sexuellement dysfonctionnelle" en dit long sur la santé morale de Bourre-Ghade.

(12) Manifestement, Proust a fait des ravages jusque dans ces contrées reculées...

 

(13) Mentionnons en passant que ce neveu n'existe pas, bien sûr

 

(14) Mon traducteur-correcteur-mixeur-concasseur, hésitant entre "Encore !" et "Oh! merde alors!", je me vois contraint de conserver la version originale, n'en déplaise aux ayatollahs de la langue!... 

Troisième Partie---------------

 

 

Pour ne pas révéler son identité de membre en règle du Syndicat des Sorcières-section 666,

Moysie vola une carriole pour les emmener , elle et son innocente vierge pré-Ragoût, au château.

(Le balai était inutilisable, elle l'avait renvoyé en pilotage automatique.)

 

Pendant tout le trajet, BG caqueta et posa des questions sur le neveu, sa beauté, sa richesse, et dit combien elle était soulagée de rencontrer un homme qui ne serait pas obsédé par la partition pré maritale de ses parties intimes.

 

Moysie fut tentée de lui régler son compte immédiatement; mas, pour que la formule du Ragoût réussisse, la Vierge devait être apprêté d'une manière spécifique et détaillée, digne d'un conte de fées, et qui aurait enchanté un enfant et excité un censeur potentiel. Et le sort ne pouvait s'accomplir que dans des conditions parfaitement contrôlées, au château.

 

Aussi, elle fit ce que toute bonne sorcière diabolique a fait à travers les âges...

elle grinça de ses rares dents, et rongea son frein avec.*

 

Vaderetro avait quitté cette réunion chaotique: elle ne voulait pas être en retard

pour son loto spécial: "Femmes en Cuir et Dentelles".

Les Sept Tarés restèrent seuls, moroses, dans des états variés de dysfonctionnement et de frustrations.

 

- Je me fais du souci pour BG, dit Doc. Je ne fais pas du tout confiance à cette harpie...

- Ouais. lâcha Plotteur. Je me méfie d'une femme qui pue encore plus qu'un porc-épic écrasé sur une route.

- TOI, tu pues encore plus qu'un porc-épic écrasé sur une route ! ironisa Sniffer.

- Mais moi, je suis un homme! Un homme est censé sentir ! C'est masculin, non ?

- Si toi, tu es masculin, alors moi je suis Conan le Bouseux! dit Panty.

 

Doc leva la main.

- Je vous en prie, mes amis Bourre-Ghadiens, restons unis ! Pensons plutôt à BG.

- Je pense à elle que ça m'en fait mal, gémit Maso.

- Hé bien, dit Mono-Neurone, je vous le dis, n'intervenez jamais entre

une femme et son gynéco.

- Je le ferais bien, si j'avais la moindre chance, se lamenta Voyeur.

 

Doc soupira; parfois, ce groupe lui donnait envie de revoir sa position de principe contre l'euthanasie.

 

-Écoutez! Ce que je veux dire, c'est que BG a sans doute des problèmes, et que nous devrions aller à son secours.

- Son secours ?! grinça Maso ? Vous faites toujours un drame avec n'importe quoi. Elle a un

rancart avec un gynéco. Ca ne peut signifier qu'une séance de sexe hyper-torride!

 

Ces simples mots secouèrent profondément le groupe, mais de façons diverses.

- Alors, les mecs, si vous ne voulez pas la secourir, vous voulez qu'on aille regarder?

haleta Panty, tout excité .

 

Le groupe se tut, avec un bel ensemble, en échangeant de longs regards, lourds d'interrogations, rouges de désirs divers et indicibles...Et ils se précipitèrent tous vers la porte,

à la recherche d'un cheval-taxi.*

 

..Après une longue chevauchée épuisante, au cours de laquelle une Moysie frustrée avait

réfréné frénétiquement, et contre toutes ses habitudes, 118 fois l'envie de se farcir BG prématurément, elles s'arrêtèrent devant la grille rouillée du château de la vieille

haridelle.

- Quel joli cha...

- Oui, oui, jappa la monstresse, pressée, qui n'en pouvait plus de convoiter la vierge presque-ragoutée; elle poussa BG hors de la carriole.

- Oh! dit celle-ci, un peu stressée, en entrant sans la tanière sombre et puante, c'est ...il y a une

telle...atmosphère!

- Merci, ma chérie. Par ici ! 

Moysie poussa BG le long d'un corridor éclairé par des torches faites de chats à combustion lente enduits de sable bitumineux.

- Euh...Allons-nous voir votre neveu ? J'aurais aimé...enfin, me rafraîchir d'abord...

- Le salon de poudrage est par là, lança Moysie, distraite dans sa récitation intérieure

des incantations rituelles. 

Elles arrivèrent bientôt à la pièce pleine de moisissures, puante et vaste, où Moysie exécutait ses envoûtements. L'endroit contenait des chandeliers faits de cranes et des cendriers, des tarentules farcies, de petits napperons brodés, des supports de lampe fait de membres tordus,

de nombreux flacons de couleur inquiétantes, et une grande échelle menant à une plate-forme, laquelle surplombait un énorme chaudron, dans lequel marinait une substance fumante , ressemblant à du mucus mousseux...

 

« Ce qui manque dans cette salle », pensa BG, « c'est un jeune et beau gynéco préparant des biscuits au chocolat ».

-Je...je ne comprends pas, fit-elle de sa petite voix frêle.

- Ce ne doit pas être la première fois, hein ? répliqua Moysie. Ce fauteuil vous tend les

bras!

Et c'étai vrai ! Le fauteuil était fait d'os de bras de tailles variées...

 

Même BG, qui n'avait pas inventé le fil à couper le beurre, commença quand même à soupçonner quelque chose de bizarre.

Moysie frappa un gong avec un maillet fait d'une astragale, et commença à feuilleter impatiemment une masse de parchemins et de livres couverts de toiles d'araignées (lesquelles protestèrent en vain)

- Où ai-je mis ce maudit ...

- Hum, madame Moysie...je me demande si je ne vais pas revenir un autre jour. Vous semblez...

très occupée..

 

Soudain, une grande bibliothèque glissa le long du mur, et révéla un passage, par où entra un bossu à l'air de gnome, vêtu d'un justaucorps délavé orné de taches de couleurs diverses.

Son nez avait sans doute été aplati par une poêle à frire, un de ses yeux jouait au billard, et l'autre comptait les points; ses oreilles étaient si grandes que sa tête ressemblait à une Volkswagen avec ses portes ouvertes.

 

- Vous m'avez gongé, Maitresse ?, dit le nabot, d'une voix qui évoquait à la fois un crissement d'ongles sur un tableau noir, et le passage d'un sac de crème à la fraise sur du gravier.

 

- Où étais-tu, espèce d'erreur de la nature?!

- Je suis désolé, Maîtresse, je nettoyais la piscine des piranhas, suivant vos instructions. 

BG fixait, l'homoncule, hagarde, agitant une seule pensée (pas vraiment nouveau, ça...) :

- Ce n'est pas...Ca ne peut PAS être votre neveu ?...

- Bien sûr que non ! Cette espèce de petite choses difforme et grinçante est mon serviteur, Morbak. . . . Il accomplit de petites taches domestiques. Ah! Voilà!.

Elle prit un livre et le lança violemment vers le bossu qui, distrait par la poitrine de BG, arrêta le

volume avec sa tête.

- Morbak ! Prépare les ingrédients indiqués page 999, et préviens-moi dès qu'ils sont dans le ragoût.

 

Marmonnant amèrement, Morbak se traîna vers le chaudron, tout en concupiscant fortement et en louchant vers BG.

 

Immédiatement après, Moysie changea de vitesse, et s'approcha de BG, brandissant un sourire amical (quoique manquant de quelques dents)

- Je suis désolé de vous avoir négligée, ma chère; j'étais préoccupée par quelques taches pressantes.

Le travail d'une sorci..heu...d'une femme, n'est jamais terminé.

- Ah,ca je le sais ! dit BG , alors que Morbak lui envoyait des baisers longue-distance visqueux.

Je suis parfois si excédée de nettoyer les cheminées de ma cousine anorexique Maigrillon, que je néglige d'écouter mes amis les oiseaux.

BG s'étendit sur le sujet pendant ce qui parut une éternité à Moysie, mais qui ne dura qu'une heure et demie.. .

 

- ... alors, je lui ai dit:"Maigrillon! oublie tes foutues demi-sœurs, et va

à ton foutu bal !" Alors, elle m'a répondu...

- Oui, oui, je la connais déjà, coupa Moysie, les yeux fixés sur Morbak; celui-ci lui faisait un grand signe, un doigt levé : les ingrédients étaient prêts !

- Venez , ma chère, je vais vous montrer...

- Votre neveu?

- Euh...non, pas exactement. J'aimerez que vous escaladiez cette échelle, et que vous jetiez un coup d'œil sur ce que Morbak remue dans le chaudron. Je suis sûre que vous

trouverez ça...fascinant ! 

Car, voyez-vous, Moysie devait respecter la manière d'apprêter - ou de disposer de - la vierge:

et cette manière impliquait nécessairement un acte de trahison.

BG n'était pas vraiment intéressée par le chaudron, mais elle ne voyait pas comment refuser, ce qui aurait pu l'empêcher d'être l'héroïne de ce conte merveilleux. 

Moysie se posta derrière BG, et la poussa sur l'échelle, tout en récitant l'incantation

d'ouverture:

" Une , deux, dans l'Ragoût!,

Une, deux, dans l'Ragoût!" 

Quatrième Partie-----------------

 

 

. . . Incapables de trouver une carriole pour les emmener tous les sept, la soi-disant Escouade de Sauvetage avait arrêté le seul autre véhicule présent: une charrette pleine de compost, conduite par Messire Zeshit O'Merda, écossais égaré dans la contrée et dans le commerce de compost.

 

Comme il refusait de les prendre avec lui, Doc saisit les rênes, Mono-Neuronne le boxa et le poussa à l'arrière, où Plotteur, Panty et Voyeur le trouvère sexy, de façon limitée, bien sûr, mais immédiatement accessible.(Jetons un voile pudique sur une scène indicible quoique torride)

 

- Je ne vois pas où est l'urgence ! dit Maso. Je vous dis qu'elle est en train de prendre son pied comme jamais ! 

...Blanche-Gourde jeta les yeux dans le chaudron bouillonnant, à l'aspect dégoûtant, et retint sa respiration.

- C'est une sorte de ragoût magique, dit Moysie. Si vous regardez de *vraiment* près, vous verrez le visage de votre fiancé.!

Bien sûr, cette cruche de Blanche-Gourde trouva ça irrésistible, et se pencha avec curiosité.

Moysie se jeta en avant, les bras tendus vers BG...

Morbak savait ce qui allait suivre: il avait déjà assisté deux fois au rituel ( il n'avait que 90 ans de moins que Moysie - et l'était un peu moins qu'elle...)

Mais quelque chose remua dans l'horrible coeur du bossu de notre drame; et il commença à regretter que cette vierge particulièrement mignonne devienne un simple ingrédient, un pion dans le plan putride de sa maîtresse miteuse... sans qu'il puisse la goûter d'abord !

 

Alors que les doigts crochus de Moysie atteignaient la robe de BG, Morbak hurla:

- Arrêtez, espèce de face de verrue agiteuse de baguette !

 

Mais BG avait senti le contact de la sorcière, et se retourna, confondant la tentative de meurtre (avec préméditation) et une potentielle ouverture romantique de nature dégoûtante.

- Je ne suis PAS de ce genre là non plus ! cria la vierge indignée, ainsi que le font les vierges indignées depuis des temps immémoriaux.

- Elle veut te faire tomber dans le chaudron !, cria Morbak. Laisse-moi te sauver!

 

De surprise, Moysie fixa son nabot, incrédule, permettant ainsi à celui-ci d'en dire plus:

- Elle a besoin d'une vierge à jeter dans le ragoût, pour qu'elle puisse redevenir jeune et belle comme toi !

- Arrêtes tes salades, minable gnome, ou je te botte les fesses!

- Oh Merci, mon petit héros, cria BG. Sauve moi !

- Tu dois faire de toi-même une non-vierge ,expliqua Morbak ; il bavait de désir, et commença à dégrafer son pantalon.

- Quoi ?! hurla BG, offensée. Que veux-tu dire?

- Aussi bête qu'une serpillière , murmura Moysie.

- A poil, poulette ! Si je te fais l'amour, elle ne pourra plus te cuire !

 

Réalisant qu'il voulait conjuguer sa virginité au passé, elle lui lança :

- Je préfère cuire, Quasimodo!

- Maintenant que les choses sont claires, siffla la sorcière sardonique mais légèrement exaspérée, je vais m'occuper de toi, nabot méphitique !

Avec de grands gestes théâtraux et emphatiques, elle fixa Morbak, qui n’eut que le temps de remonter ses pantalons...avant de disparaître.

 

- Il est parti ! hurla BG, horrifiée, terrifiée et soulagée . Vous l'avez fait disparaître !

- Rien ne disparaît, poulette, reprit Moysie. Ca violerait les lois de la matière, de la physique et de la théologie. Je l'ai simplement rendu ...plus petit...beaucoup plus petit. En fait, je l'ai transformé en bactérie de Ecoli. A ton tour, ô ma virginale victuaille !

 

Elle s'avance sur la plate-forme , cherchant à agripper les fesses charnues

de B.G., laquelle se retourna et saisit les poignets de l'immonde créature;

les deux femmes luttèrent (sans que Calvin n'intervienne), avançant, reculant, concentrées

sur la virginité de BG; l'une pour la garder, l'autre pour la tremper.

Incapable de réussir deux tombés sur trois contre la force de BG, Moysie décida d'utiliser la magie.

- Regardes-moi dans les yeux, B.G. ! ordonna-t-elle

BG faiblit, puis mit sa main devant ses yeux:

- Compte là-dessus et bois de l'eau, salope, tu verras Monmartre!

 

Estomaquée par ces mots vulgaires émis par notre héroïne à la voix de canari, Moysie recula, porta la main à son cœur:

- Quelle époque ! Non, mais quelle époque ! (15) , puis tomba, avec un sinistre glouglou ,

dans son propre ragoût puant...

 

BG regardait la soupe bouillir (pour ne pas dire agiter) son ingrédient inattendu, lequel remonta a la surface à plusieurs reprises .

A chaque fois, la harpie mugissante protestait et jurait, de plus en plus recouverte de graisse, et progressivement braisée, puis rôtie, pour finir complètement bouillie.(16)

On imagine sans peine la colère du Ragoût qui s'attendait à une Vierge, et eut...Moysie. (17)

 

Au bout d'un certain temps, la sorcière cuite ne remonta plus à la surface;

BG eut un soupir de soulagement, qu'elle regretta immédiatement, car l'adjonction de Moysie n'améliora en rien le fumet méphitique du brouet infâme. En fait la puanteur acquit de nouvelles qualités, encore plus hideuses et nasalement agressives...

 

BG se redressa et se calma peu à peu, assez pour se décider à fouiller

le château : ce neveu gynécologue et riche devait bien se trouver quelque part...

Soudain, un hurlement déchira l'air parfumé à la moufette morte...

La cavalerie - ou ce qui en tenait lieu - arrivait !

Dans la salle puante entrèrent brusquement les Sept Tarés, et le

hurlement émanait de Panty qui, de là où il était, avait pu apercevoir les dessous de BG.

 

Malheureusement, le sursaut de BG à ce cri, couplé au dégoût de voir

Panty fixant ses dessous, fit qu'elle hurla à son tour, leva les mains, se trouva

déséquilibrée: elle bascula dans le ragoût - lequel, rappelons-le, avait

été prévu pour elle depuis longtemps;

ce qui démontre une certaine sorte - perverse - de symétrie dans les Voies de l'Univers.

 

Les Sept Tarés, figés de stupeur - et pour certains , de stupre - , se rassemblèrent autour du chaudron bouillonnant. Sniffer renifla l'odeur, qu'il assimila à un mélange d'oeufs pourris, ,

de graisse rance, de sulfure, de boulettes d'opossum poché et de corned-beef au chou bouilli. (18) 

-Ainsi va la vie...confia Sniffer à Panty

- Ouais! ajouta Voyeur. Quel dommage de gâcher une si belle vierge !

 

Mazo se joignit à Voyeur pour blâmer Panty, lequel baissait la tête, coupablement, pour éviter tout contact visuel ainsi que le carnet de Doc.; le carnet rata Voyeur d'un cheveu, et frappa Mono-Neurone (distrait par la main de Plotteur qui ne se trouvait pas où elle aurait dû être.)

 

Pendant dix minutes, personne ne sut que faire , jusqu'à ce que Doc, comme d'habitude, prit les choses en main.

-Mes amis, il ne sert à rien de se lamenter sur une vertu gaspillée. Comme ma sainte mocheté de mère disait toujours:" Ne pas désirer..., ne pas gaspiller...". Aussi... A table ! J'ai faim !

 

Panty voulut intervenir.

- J'ai toujours voulu manger Blanche...

- Ne le dis pas ! Espère de petit goret incontinent ! l'arrêta Doc.

C'est ainsi que les Sept Tarés se consolèrent avec un Ragoût de Vierge...

 

Outre une brusque attaque de diarrhée, due à l'ingrédient "Moysie", et un rajeunissement de quinze ans , dû à l'ingrédient virginal, ils ne souffrirent dans l'immédiat d'aucun effet secondaire...

 

...Au contraire, les Sept Tarés de Bourre Ghade, satisfaits de leur

festin, décidèrent de demeurer au Château de Moysie, et d'y vivre en communauté, harmonieusement, et pour certains sexuellement, jusqu'à ce qu'une autre vierge croise leur route...

 

Mais, ironie du sort, exactement vingt-quatre heures plus tard, ils furent rattrapés par le malchanceux ingrédient Morbak.

Voyez-vous, Morbak, qui vivait maintenant sa vie de bactérie Ecoli, avait été soufflé de la plate-forme dans le ragoût que Doc et sa cavalerie avait gloutonnement et stupidement dévoré...

 

Aussi, au lieu de se marier et d'avoir beaucoup d'enfants, ils moururent tous dans d'atroces souffrances (19), non sans avoir eu le temps de passer une petite annonce:

"Château à louer- sorcière s'abstenir."---

(15) C'était notre minute :"Bonne éducation vaut mieux que virginité conservée"...

(16) La recette du Ragoût de Vierge a été personnellement révisée par Paul Bocuse.

(17) Le Ragoût déposa d'ailleurs une plainte auprès de l'ONU, en violation de la Charte des Droits des Ragoûts, Chapitre II, Section 5, paragraphe 12-bis.

(18) Répugnant, n'est-ce pas?...

(19) Ceci est un conte moral, quand même...

Le Samovar Baudouy

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
A
La mise en page est toujours très imparfaite mais les lettres sont plus visibles, me semble-il, et permettent une meilleure lecture que ce texte vaut largement.<br /> je vais y arriver!<br /> Soyez indulgents!
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