Dan Leutenegger...'La vague lucide'...un texte rare...
La porte éteint le vent,
Désormais la chevelure signifie la serrure.
Plus de maisons à contourner,
Rien que des voix sur nos ceintures en longues cheminées.
Il nous faudra dévisser le chapeau
Pour saluer les femmes gênées
Sous les singes raccourcis.
Déséquilibre soi-disant,
Obstacle ailleurs, controversé,
Mais si bien, trop bien versé au four de nos asiles.
Nous étions souvent rognés par de profonds gâteux,
Postures géantes.
La moisissure sentait le berceau
Où l'on oublie sciemment les siamoises bouffantes.
Les reins en rang par deux nous éclataient sous les couverts
Une cuillère pour Papa qui avait oublié de fleurir sa montre en or,
Un couteau pour Maman qui trichait sur la trotteuse.
Déséquilibre, libre comme le cuivre,
L'acoustique du moustique aux ailes à bout de nerf,
Nous vidions nos costumes de nos peaux
Là où l'autre oblige le geste.
Nos muscles en portes battantes au bar des souliers noirs,
On se laissait maudire par les gens convenables.
La bière jetait son cri à la terrasse brusque,
De grosses têtes se cognaient en paroles esthétiques,
Si laides dans la trémousse des verres qui s'entrechoquent.
Hoquet pulpeux, franc déséquilibre...
Fringales en collisions sur de fumeuses amours.
Mes bras postillonnaient contre les cinq murs,
Détendus, oisifs, défendus au plafond.
Que de silhouettes accouplées, de sueurs verticales !
Regarde-les grandir à la flamme du briquet
Et comme ce rouge incandescent et fier,
A leurs bouches alcoolisées raisonnent dans la vie !
Que j'aime ce liquide qui tapage les tempes,
En échange de quelques pièces roulées sur le comptoir.
Le Temps va prendre l'air comme un foutu barbare
Et la Mort s'ennuie près du buveur abstrait.
Cendre sur le carrelage, carnage sans verrou
Car la Merde est un topaze qui remonte les tendresses.
Au buvard de l'Univers j'ai versé mon ardoise,
Buvez, buvez mes larmes, ce soir c'est ma tournée.
Dan Leutenegger