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VITDITS ET AGLAMIETTES
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Vous venez d'atterrir sur le blog d'AGLAMIETTES où sévissent Aglaé, Thomas et Dan.

Chez nous, vous trouverez des textes courts, des aphorismes pas toujours très sérieux, des réparties dites VD, ou « Vitdit » pas vraiment classiques, mais, autant que possible humoristiques.

Laissez-nous un commentaire si vous avez le temps et l'envie.

Les commentaires sont accessibles sous chaque post de nos auteurs.

Une réponse vous sera adressée (sauf caprices de l'informatique toujours possible) !

vitdits-ecran

Participez sous la rubrique : « Le Plumard » réservée à nos amis et invités.

A bientôt !

5 juillet 2011

Aglaé Vadet..."Surprise, surprise...'...et BONSOIR!

 

 

Vous connaissez tous ces petits dimanches mous, à la fin de l’hiver ,dont la matinée s'étire entre un gros petit déjeuner et un passage prolongé à la salle de bains ... ils donnent une impression de détente heureuse jusqu’à l’heure de l’apéritif; Rien n’est plus trompeur ! Débuts de journée plan-plan, en famille, avec le projet, sans génie, de manger quelque chose de bon à midi plutôt que d’organiser quoi que ce soit d’intéressant dans la journée... Bah ! à mon avis, il en faut des dimanches comme ça .Rien de folichon à part les engueulades toujours possibles pendant le déjeuner... c'est elles qui compteront plus tard parmi les meilleurs souvenirs, et vers quinze heures, les intellectuels ronflent dans un fauteuil, pendant que les sportifs entament sans conviction une petite marche de santé.

 

 

Ce jour-là,sauf la marmaille dispersée dans la maison et le jardin, nous étions quatre adultes: deux à la sieste , deux en balade, sachant, sans en parler, qu’à cinq heures du soir chacun de nous, dans le secret de son cœur, aurait vaguement envie de pleurer, pour avoir raté un dimanche (ou pour avoir raté sa vie, qui sait) ? Heureusement, le frigidaire était rempli de petites bières délicieuses !. Ma sœur Mado, et mon beau frère Georges , nous avaient accueillis, mon mari et moi, pour cette fin de semaine un peu alanguie. Nous avions tous les quatre entre vingt et trente- cinq ans, et n'étions pas toujours aussi amortis que ce jour-là. 

 

Concernant la suite de la journée, mes souvenirs sont flous. S’occuper des enfants, certainement, puisqu’ils ont tous survécu à un grand nombre de dimanches comme celui -là, sans loto et sans football, nous avons toujours été très ferme sur ce point. Je suis sûre que nous n’étions pas incapables d’une conversation intéressante ponctuée de plaisanteries pas forcément très relevées.

 

J’y pense tout d’un coup ,je ne vous ai pas dit où se passait mon histoire :dans. la maison de Georges et Mado, vieille baraque choisie pour son jardin fouillis comme je les aime, à Robinson, dans la proche banlieue sud de Paris. Nos parents avaient connu Robinson comme un lieu de guinguettes et de friture de goujons mais à l’époque de mon histoire, toute cette campagne desservie par la Ligne de Sceaux abritait des maisons occupées par des Parisiens, fiers d’un bon air qu’ils étaient en principe les premiers à respirer.

 

La journée avait fini par finir. Les enfants dormaient. C’était sympa après tout.

On n’avait pas faim mais on cassait malgré tout une petite croûte, pour être raisonnable... Une dernière gauloise... « Mado, il te reste une petite bière ?... Moi ,je monte.... Oui, moi aussi... Bonsoir! Ne réveillez pas les enfants... Non, non!!! compte sur nous.

......................................................................................................................

 

Mon mari, Edouard, Doudou pour tout le monde, se couche et s’endort en quelques minutes. Il bascule son oreiller par- dessus la tête, comme pour s’étouffer lui- même et entame un gémissement de petit chat, grotesque si l’on songe à sa corpulence. Je me choisis un des romans policiers empilés par terre. « Deux Torgnioles pour Elodie »… « Une Fuite à la Préfecture »…  « Un travers de Porc à la Ccotte »…. D'accord pour celui-là...je m’allonge dans le lit d’amis qui n’est pas d’un modèle récent, pas très multispires si vous voyez ce que je veux dire.

Une demie heure après j'entends monter Huberte, la jeune soubrette de ma sœur, qui rejoint son amoureux le dimanche et qui rentre vers minuit en retirant ses chaussures vernies pour ne pas réveiller la maisonnée. J’abandonne le Travers de Porc et je ferme mes petits yeux d’ange.

 

Une demi-heure après :

 

-Toc ,toc, ou plutôt, boum,boum boum!!! en même temps qu’une voix forte et curieusement enjouée, nous enjoint vigoureusement de nous réveiller ( merci, c’est déjà fait) en criant : « mes enfants, on tient un truc formidable ! Mado,Mado, debout!… Et vous aussi , les Doudou ! Remuez vos fesses!De la fenêtre de la salle de bains, on voit un truc formidable…

 

  • A part « truc formidable »,tu peux nous expliquer ce que tu as vu, Georges ?

  • Mais bien sûr. Je sais ce que j’ai vu. Et même prévu depuis très longtemps ce qui arrive aujourd’hui…

  • Vas-y ,explique

  • Attends, on passe une robe de chambre…

  • Non, non il faut s’habiller tout de suite…

  • Ca va pas. Il est plus de minuit, et j’ai mon premier rendez-vous à neuf heures demain.

  • Râle pas Doudou. Quand tu vas savoir…

  • Vas- y alors

  • Hé bien, voilà : en regardant par la fenêtre de la salle de bain, direction plein Sud, vous pouvez aller le constater vous même, on voit des flammes très hautes s’élever dans le ciel. Un incendie quoi ! Et cette direction je la connais, c’est celle d’Orly ! Et j’ai dit mille fois à Mado : un jour, il y aura un accident d’avion à Orly et nous serons aux premières places. Je ne souhaitais pas cet accident, c’est pas très marrant comme occasion, mais ça doit être un grand spectacle. Et on pourra faire des photos de nuit. Et, ce soir, Je dis : on y va.

  • C’est bien une histoire à toi, mon vieux. Tu t’emballes, tu t’emballes et nous, comme des gogos ,on te suit. Tu nous a fait le coup cent fois.Qu’estce que vous en dites les filles ?

  • Moi, j’ai envie de voir ça.

  • Moi aussi.

  • Et les enfants ?

  • Ils dorment et Huberte est rentrée.

  • Si tout le monde est d’accord, je suis la foule. Mais vous êtes vraiment, mais vraiment, timbrés.

 

Moins d’un quart d’heure après, nous nous entassons dans la vieille 404 qui pue la gauloise avec un soupçon de « Femme » de Rochas, ce qui donne à la vieille tire une odeur indéfinissable. Habillés et coiffés à la va-vite, nous entreprenons l’opération commando la plus bizarre qui soit, excités comme des puces, dès lors que nous sommes bien réveillés et d’assez bonne humeur.

 

De Robinson à Orly, la route nous est bien connue. Tous les Parisiens empruntent, à l’occasion, l’autoroute du Sud pour partir en vacances. Au départ, les petites routes qui montent et qui descendent, nous cachent constamment les grandes flammes vers lesquelles nous nous dirigeons. Et, plus loin, aux abords de Fresnes, nous longeons, ou presque, les bâtiments sinistres des prisons, et, plus loin encore nous repérons les lumières de Rungis , puisqu’à cette heure-ci, les Halles travaillent à plein régime. Depuis un moment, nous ne voyons plus l’incendie. Peut être les bâtiments de Rungis nous le dissimulent-il ? Nous continuons…

 

  • Dis ,Georges, t’as pas l’impression qu’on s’est gouré quelque part ?

  • Non, non, on va déboucher dessus tout d’un coup…c'est tout bon!

-J’ai l’impression de voir les lumières au dessus des pistes, on est pas loin…

-Tu dis rien, Doudou ?

-Je trouve que c’est bizarre. Un feu pareil, tel que nous le voyions de Robinson, devrait commencer à exhaler une forte odeur. Et des fumées.

-Je longe la piste et je ne vois toujours rien.

 

Chacun de nous, dans son for intérieur, rumine les pourquoi et les comment de la situation. Ce bon dieu de feu était devant nous au départ, tout était normal, nous le perdons de vue selon les irrégularités du trajet, c’est encore normal, mais, une fois arrivés sur l’aéroport ou presque, un avion en feu ou un hangar incendié ne peuvent pas être complètement invisible.

 

  • Je veux pas casser votre belle histoire, ni la nuit impérissable de votre vie, mais on s’est foutu dedans. Que je dis ,moi, perso.

  • Pourtant bordel, nous sommes quatre à avoir constaté les prémisses de l’aventure.

  • Je propose même qu’on renonce et qu’on fasse demi tour. On réfléchira à la maison devant un grog, vu que je me les gèle salement.

  • Je refais le grand tour encore une fois.

  • Vas y Jojo. Comme cinglé ahuri têtu on a jamais vu mieux!

  • Moi, je voudrais comprendre.

  • Moi aussi,je voudrais comprendre, mais avec les pieds bien au chaud.

  • Vous êtes vraiment petits. Très petits. Je fais demi tour et direction Robinson.

 

Et nous demitournons. Re rungis. Re Fresnes. Et re….

 

-Vous voyez ce que je vois ?

-Où ?

-Là. Devant et un peu à gauche.

-Merde, Je vois. C’est pas vrai. Les filles, vous voyez ?

-Bien sûr, on est pas plus bêtes que vous. C’est une énorme fumée blanche dans la direction de Sceaux.

-T’es sûr ?

-Oui et même, pour être précis, dans la direction du Parc de Sceaux. Je connais l’endroit, je joggingnotte de temps en temps dans les allées.

-Mais alors, maizalors ,maizalors, ce feu à Orly grâce à un don d’ubiquité peu commun ne brûle-t-il pas à cinq minutes de chez nous en plein Parc de Sceaux ?

-Sois humble et serviable, cher beau-frère, et conduis nous à la maison le plus vite possible.

  • Avant, je veux en avoir le cœur net, je me dirige du coté des grilles du Château.

  • Quand je pense que j’ai mon premier rendez vous à neuf heures demain.

  • On le saura.

 

Devant les grandes grilles du château, une douzaine de voitures de police et deux camions de pompiers meublent agréablement les lieux. Quelques curieux contemplent ce déploiement de force assez inhabituel. Les voitures, dont la nôtre, ralentissent. Un agent fait circuler les uns et les autres de manière assez affable. Georges arrête la voiture. Doudou ne proteste même plus. Il est au delà de l’exaspération.

 

-Mado, sois gentille, va demander au planton avec ton sourire le plus câlin, ce qui se passe, ici, ce soir ?

-C’est toujours moi.

-Je peux quand même pas faire des sourires câlins aux flics !ça ferait pas naturel !

 

Ma sœur est sortie de la voiture. Elle s’est dirigée vers le gardien de la paix. Et elle est revenue vers nous deux minutes après.

-Alors ?

-Alors ?

-Alors ?

  • Je ne vous fais pas languir. Accrochez vos ceintures. Ce soir, Sacha Guitry tourne,pour son prochain film... l’incendie de Moscou en 1814 par l’armée de Napoléon.

Mon mari a demandé si il pouvait émettre, pour la première et la dernière fois de la soirée une suggestion vraiment intéressante pour tout le monde. Comme on lui accordait la chose de bon cœur, il proposa qu’on aille se coucher.

 

Aglaé

 

Post scriptum

Apres avoir obligé les trois mêmes victimes , à attendre toute une nuit, sur un lit défoncé, en juillet mille neuf cent soixante neuf, que Armstrong veuille bien enfin poser son pied sur la lune , Georges est mort le mois suivant, subitement, en Aout, laissant ma sœur et ses quatre enfants, lui qui n’avait jamais laisser personne en route .Mado est partie l’an dernier, et nous, les Doudou nous restons seuls pour dire à nos enfants, à nos neveux, les toutes petites histoires de nos vies.

 

 

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Commentaires
A
...Pour la foto:<br /> Je suppose, le connaîssant, que leur père, Georges, qui prend la photo a esquissé un fléchissement grotesque desjambes au moment du clic, pour obtenir ces rires inoubliables des 4 gosses en même temps!!!
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J
L'histoire est touchante mais la finale est vraiment triste.<br /> <br /> Zoubis
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M
le coeur !<br /> <br /> Bizz
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C
Celui là je l'adore !
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A
...en vacances à La Couarde, Ile de Ré, en 1953, je crois...<br /> J'ai vigoureusement remanié ce texte qui figure dans le 'Jyfoutou'...collection Emeutes..<br /> <br /> A demain!!!
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