Isabelle Herbert...les deux autres poèmes promis hier!!!
RAMURES
Où cueillir en hiver et quand
dans les cités siffle le vent
des lianes et des fleurs
l’orchidée carnassière
à ferme chair
des contes mantichores
à dents triangulaires
et glaise rouge en tresses ?
Sous les nuages pas si bas
surfent les noirs corbeaux grolliers
voleurs de noix tire-lupins
et de haut vol s’en vont jeter
sur le dur leur faim du cœur tendre
débordant le plat-bord
de la coque éclatée.
Qui saurait dire quand
crécellent les clôtures
des entrepôts bardés
quand rouille le sang froid
du béton surarmé
qui saurait me dire où
volent les papiers gras
les ailes des affiches
en anges déchirés
dénicher l’oiseau bleu
griot de mon enfance
qui secouera ses cendres
et rira déployé
un jour en plein décembre ?
IMAGOS
C’est pas qu’on soit ailés
pas même des élytres
peut-être un peu larvés,
dans la chaleur intérieure
on se réaménage.
Je vais te dire d’ailleurs
on ne vole jamais
on n’a que ce qu’on donne.
Tout ce jour la lumière a changé
et la neige de couleurs,
c’était à chaque lever d’œil
le bon moment.
Le soir aussi a ses nuances
sur les toits aux ombres longues
ou derrière les portails à claire-voie
et j’aime la nuit quand elle brille
quand il fait froid.
L’autre jour au redoux
une branche a lâché sa charge
devant moi
et la neige en tombant a gardé
un court instant
la forme courbe du rameau
dans l’air sans poids.
Ainsi rêve-t-on d’aubes
en comprenant à peine
ce que versent la nuit
les étoiles en nous,
et ce n’est pas le songe
mais sa poudrée fugace
au matin sur nos mains
qui nous remet en marche.
Isabelle Herbert