Toute petite miette d'enfance...
Je suis née au 185 rue Ordener dans un immeuble tout noir qui deviendra tout blanc après qu’André Malraux aura lessivé Paris. A six ans, je faisais rigoler tout l’immeuble en chantant à tue tête dans les escaliers :
Prosper, youp la boum
C’est le roi du macadam
Prosper, youp là boum
C’est le chéri de ces dames
Au coin de la rue, une boulangerie ; j’achetais là ma ration de roudoudou et des petites boîtes de coco. Deux minutes après, j’arrivais à l’école maternelle de la rue Vauvenargues. Je ne me souvenais jamais si je devais rester à la cantine ou revenir à la maison. Je ressens encore le malaise que me causait chaque jour cet épuisant dilemme. Au moment des grandes grèves de 1936, année du Front Populaire, je me revois descendant la rue en faisant l’avion avec mes bras tout en hurlant :
« Les soviets partout, les soviets partout ! »
- T’étais pas très reposante comme petite fille !!!
- Non ça on peut pas dire.
Agla