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VITDITS ET AGLAMIETTES
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Vous venez d'atterrir sur le blog d'AGLAMIETTES où sévissent Aglaé, Thomas et Dan.

Chez nous, vous trouverez des textes courts, des aphorismes pas toujours très sérieux, des réparties dites VD, ou « Vitdit » pas vraiment classiques, mais, autant que possible humoristiques.

Laissez-nous un commentaire si vous avez le temps et l'envie.

Les commentaires sont accessibles sous chaque post de nos auteurs.

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vitdits-ecran

Participez sous la rubrique : « Le Plumard » réservée à nos amis et invités.

A bientôt !

5 février 2011

Oulipomiette spéciale ouiquenne...un régal!

ange



Mon talent principal consiste à laisser passer les autres devant  moi,  qu’ils soient moyens, haut placés ou au plus bas  du classement. A dégringoler aussi vite que possible afin d’être toujours le dernier. C’est un talent mixte. D’abord parce que ceux qui participent volontairement ou pas à ce déclassement  sont autant de filles que de garçons, ensuite parce que le sexe ne change rien  au caractère stupides des uns et des autres. 

Un talent  tellement humain.

Je suis le cancre de service.

Il a eu le célèbre cancre de  Prévert, il y a eu Einstein parait-il, puis Toto, il y a même eu une foire aux cancres,  il y a eu ma meilleure copine  et maintenant il y a moi.  Je serai cette année encore  le plus grand cancre de l’école Bossuet au prochain trimestre, et j’aurai le plus beau bonnet d’âne dont un cancre qui se respecte puisse rêver.

Je suis le gamin  le plus équilibré de l’école élémentaire, le plus serviable  et le plus comique et mon travail consiste  à être plus nul que les autres sans fabriquer d’adepte, le tout en gardant l’équilibre.



Tous les cancres doivent paraître idiot surtout s’ils ne le sont pas. Il ne faut pas faire comme Malraux ou Balzac ; ah ça non !  Ce sont des cancres ratés ; l’histoire en témoigne.

Descendre est plus facile que de monter  c’est pourquoi il est reconnu par la majorité  qu’il est plus facile de devenir un cancre que 1er de la classe.  Il faut paraître le plus sot possible afin de ne pas semer le doute dans la cervelle de vos contemporains et pouvoir endosser la casquette du clown qui ne manque pas de faire rire ses camarades  à chaque occasion. Cela demande une grande concentration.

Faire rire. Répondre faux aux questions du maitre mais avec un humour masqué par une niaiserie évidente, de telle manière que les autres soient persuadés que vous êtes né crétin,  et tenir bon jusqu’à ce que la classe entière soit franchement convaincue que vous êtes irrécupérable.

Dans une vie de cancre il faut apprendre à anticiper les questions que l’on va vous poser afin d’en préparer des réponses concoctées aux petits oignons et de toujours surprendre et décontenancer celui qui l’a posé et qui s’est donné un mal de chien pour l’adapter à votre ineptie notoire.

Nos ainés sont arrivés  avec des réputations difficiles à battre  et quelques décennies plus tard, au top cinquante des meilleurs squatters de radiateurs, leurs petits enfants les surpassent, sauf que le chauffage au sol ayant supplanté les  fameux radiateurs, ils ont du trouver des subterfuges pour perpétuer la fonction sans laquelle il manquerait à toute bonne histoire de guerre des boutons et autre  un des piliers  fondamentaux.

Mais heureusement il y a moi.

Etre un cancre digne de ce nom est un état qui exige un don absolu de soi-même ainsi qu’une  exigence et une attention constante pour ne pas se trahir. Je périphrase à chaque interrogation ou sert  l’air très sérieux   « l’anus bis » au lieu « d’Anubis », « tous en camion » pour « Toutankhamon ». J’insuffisance à temps plein. Je me  guimauve sur ma chaise tel un mollusque après une orgie de basilique, sans oublier d’émettre régulièrement des bâillements sonores complétés de quelques incongruités. Je change ma cartouche de préférence  au beau milieu d’une dictée et pour cela il faut remarquablement calculer. Je souris de toutes mes dents bien blanches aux belles maitresses (aux moches aussi) et d’un sourire ébaubi aux maitres. Je casse la tête aux enseignants qui me trouvent  nul mais qui s’arrachent les cheveux pour m’aider à progresser. Toutefois, certains d’entres eux font l’énorme erreur de me mettre dans un coin du fond de la classe pour tenter de m’oublier ce qui me  laisse tout le loisir de distraire mes camarades à plein temps. Pour un instituteur je suis un désastre ambulant.

Prenez deux mauvais élèves à égalité de zéros pointés et de mauvaises réponses, dans la même classe, mettez-les à coté l’un de l’autre et bien c’est toujours moi le plus drôle mais aussi le plus mauvais de tous.

C’est congénital mais pas héréditaire (je dis ça à cause de mes parents les pauvres qui rigolent beaucoup moins que mes camarades) et mes copains aiment à se repasser mes pitreries en boucle et au centimètre près à la récrée ou le soir avant de se coucher. 

Je me prépare la veille pour les questions qui nous seront posées le lendemain. Je ne dois pas avoir l’air  indécis dans ma médiocrité et ne rien laisser au hasard. C’est un jeu qui impose beaucoup de préparation car je ne dois jamais être pris au dépourvu pour devenir le champion de la nullité surtout si je veux conserver mon auditoire.

Tout compte fait je me demande si je ne devrais pas faire carrière. 

Un jour, je me suis imaginé en 1ere position du tableau d’honneur. J’avais du changer quatorze fois  de cartouches en trois mois tant j’avais du, comme tout bon élève,  noircir de papier pour remplir proprement et rigoureusement mes  cahiers, mes exposés, mes brouillons. J’en avais perdu ma bonne humeur légendaire et attrapé des sueurs froides jusqu’au bout des doigts de pied.



Habituellement, quand je dors, je rêve de choses plutôt agréables. Là je travaillais en dormant, je révisais en mangeant, j’avais mal au poignet à force de noircir du papier, à la tête à force de relire mes cours, j’avais mal au ventre  par peur de perdre ma place de premier car elle était très convoitée, je faisais beaucoup moins rire car je devais me tenir à carreaux pour montrer l’exemple, la moitié de mes amis ne me fréquentaient plus que pour fayoter ou recopier mes réponses. 



Lorsqu’enfin je repris mes esprits je me suis senti libéré d’un poids horrible.

Non, la règle pour demeurer  paisible, incorruptible et recevoir chaque année le prix de camaraderie est de conserver la place de cancre à laquelle je me suis habitué.

 

Et puis je songeais à tous ces moments de vrais repos que le privilège de n’être envié de personne m’offrait. Quel bonheur.

Vous êtes à l’abri des pressions que vos parents vous infligent dès qu’ils décèlent chez vous le moindre potentiel. Votre trajectoire est toute tracée, vous ferez un métier manuel et vous  éviterez tous les desseins très ambitieux  qui pourrissent la vie de ceux qui en sont les victimes. Bref, une vie  idéale se présente à vous. Jusqu’à cette stupide faute d’inattention à cause de la laquelle un professeur, bienveillant parait- il, détecte chez vous un embryon d’intelligence. Fini le repos. Vous avez déjà perdu  votre tranquillité et votre routine rassurante et réconfortante mais en plus une équipe d’adultes décident de muscler sans relâche le potentiel entrevu en vous  et vous vous en prenez plein la gueule jusqu’à ce que vous trouviez enfin une nouvelle échappatoire. Quelle angoisse.




 

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Commentaires
A
...avec un cancre de ta trempe on peut se passer des trois premiers d'la classe! Anna ben raison! je t'aglabise de tout coeur!
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A
jb Un bonnet d'Ann d'or pour ce poème à la gloire des cancres
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J
Je n’ai jamais été de ceux que l’on élève !<br /> A la noire odeur d’encre, à celle de la craie<br /> Qui crissait au tableau – pouah ! ce bruit qu’elle fait ! – ,<br /> Rien qu’à m’en souvenir mon cœur saigne et se lève ;<br /> <br /> Mon cœur ! il se souvient de la sinistre école<br /> Trop grise, jusque dans la toile des sarraus,<br /> Mortelle quand la pluie grillage les préaux<br /> En martelant la cour de bubons de vérole ;<br /> <br /> Non je ne fus pas de ceux à qui l’on enseigne <br /> Avec leurs bras croisés dans un alignement !<br /> Rien qu’à m’en souvenir mon pauvre cœur d’enfant<br /> Rebat un peu plus fort, se soulève et puis saigne ;<br /> <br /> Il se souvient de mes mains jointes sur la tête<br /> Face au mur de la honte et du zéro pointé,<br /> De mes jours à mourir longs comme éternité,<br /> Du minable barbu qu’il faut appeler « Maître »,<br /> <br /> De tout ce temps perdu, de mes printemps en cage<br /> Pour apprendre à siffler tout ce qu’il faut savoir…<br /> Quand je ne voulais rien que suivre du regard<br /> Par quelques échappées la course des nuages.
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A
Dan tu aurais pu te régaler avec mes longues nattes qui me descendaient sur les reins.<br /> <br /> Au lycée j'ai passé plus de temps dans le couloir qu'en cours pour avoir dit mes vérités mais jamais de conseils de discipline mes notes restaient bonnes et ça faisait chier mes profs ça !<br /> à coups de poings comme tu y vas, suis pas prête de te confier ma Chatte , pauv' tite bête !
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M
J'adore !
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