Hervé Baudouy! Chapitre 2...et FIN!

Chapitre 2.

Les dieux oubliés oublient-ils jusqu'à leur propre nom ?

Existe-t-il un cimetière ou une morgue pour les dieux oubliés?.

J'ai traversé hier le Grand Bazar d'Ys-Thamboulle, où se tenait le Marché Annuel des dieux usagés.

On peut y troquer trois dieux en baisse contre un dieu en hausse (en marchandant bien).

Le Grand Statisticien tient les comptes des croyants de chacun des dieux, ainsi que la Cote Officielle de la Bourse aux Dieux.

Il y a quand même un problème angoissant : les dieux n'ont personne à qui adresser leurs prières !

Et cela les rend peut-être nerveux, voire agacés, au pire rancunier.

Et c'est la base qui trinque !

On commence en général par croire au(x) dieu(x) ; puis on finit par croire à la structure.

Une carapace de rites, de prières, d'interdits, un corpus de textes abscons, une caste de prêtres avides se développe...

Et ces murailles parviennent, à force, à étouffer :

1. L'idée du dieu.

2. Les croyants, qui finissent par avoir plus peur de la structure que du dieu...

Au fond l'optimisme n'est qu'un synonyme d'espoir.

L'idée que ça va *peut-être* bien se passer *quand même* ?

D'où les rapports entre l'espoir et l'ignorance, ou l'imprévoyance...

L'union, l'entraide, le travail en commun, sont-il des produits de l'évolution ?

Il y a des gens qui sont "présents", mais dont l'esprit n'est repérable sur aucune carte connue.

Et d'autres qui ont la tête bien vissée sur les épaules... mais à l'envers du filetage.

La Physique est-elle de la Philosophie Appliquée ?

Oui.

Un bombardier, c'est une certaine philosophie.

Si la philo, c'est de résoudre un problème, alors, un bombardier distribue des solutions évidentes.

Certaines personnes sont si malfaisantes qu'il faut que passe beaucoup de temps après leur trépas avant qu'ils soient vraiment morts. Leur écho dans l'Histoire est lourd, lourd... Et il dure, dure...

Paradoxalement, les individus bienfaisants semblent laisser moins de traces, moins longtemps.

Pourquoi ?

En fait, la Réalité n'est pas *solide*  au sens de compact.

Elle est flexible.

Elle se plie, par exemple, à vos désirs ou a vos peurs, vos fantasmes.

On dit bien :"Je ne veux pas le savoir !"

Le cerveau humain a une capacité peu commune d'occultation des faits dérangeants. Il dispose d'un éteignoir de réalité.

Quand trop, c'est trop, l'éteignoir se déclenche...

Clac ! Pschhhhhh...

Un pan de réalité s'évanesce illico, ne laissant que le minimum de réalité nécessaire à la survie mentale.

Extrait d'un échange avec un étudiant :

Lui : "Le Temps, c'est ce qui permet le Hasard ?

Ou bien est-ce le Hasard qui donne son prix au Temps ?

Le Temps n'aurait-il d'importance que parce que c'est nous qui l'avons inventé ?, parce qu'il nous a paru refléter une nouvelle dimension ?

Étudiant : Je ne comprends rien !

Lui : Aucune importance. Je n'ai moi-même jamais rien compris à la phrase : "Malheur à celui par qui le scandale arrive"...

Étudiant : Où est l'aspirine?...

Vivre, c'est apprendre.

Ou apprendre, c'est vivre?

Ah ! Savoir sans apprendre...

(Mais apprendre sans savoir ?!)

La mort frappe aveuglément tous les Hommes.

Mais, avec la chirurgie au laser, on ne pourrait pas régler ce problème ?

En fait, chacun a son éternité personnelle : la durée exacte de l'enfer ou du paradis qu'il a rêvé.

Simple, juste, inattaquable spirituellement ou mathématiquement.

(Bien sûr, il y  a le problème de ceux qui ne rêvent pas. Pour eux, il y  a tirage au sort).

Les déserts sont magnétiques, ils possèdent leur propre gravité - horizontale.

Et ils vous attirent en leur centre.

Pourquoi ?

Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu'autrui te fasse ?

Mais fais à autrui avant qu'autrui te fasse ?

Cela vaut autant pour le bien que pour le mal ?

Il y  a là un océan d'angoisses existentielles.

Si ambidextre veut dire habile des deux mains, alors ambisinistre veut dire malhabile des deux mains ?"

Le savoir permet de flotter sur l'océan de l'ignorance.

Mais à part ça?

Vaudrait mieux avoir une bonne boussole, des voiles solides et un peu de vent.

La thèse est simple :

Une intelligence limitée ne peut pas comprendre la vérité absolue des choses.

La vérité étant indivisible, en sont exclues les comparaisons de "plus" et de "moins".

Ergo, la vérité absolue seule peut mesurer la vérité.

Ce qui implique quelques corollaires intéressants :

1. Seul le mensonge peut mesurer le mensonge ?

2. Seule l'erreur peut mesurer l'erreur ?

3. On est vraiment dans la merde et, la vérité étant inaccessible, injoignable, aux abonnés absents, il est tout à fait normal que tout le monde se tape sur la gueule, s'étripe, s'éviscère, à propos de la vérité ; de la sienne propre, évidemment, et de l'erreur des autres, symétriquement évidente !

On ne le sait pas, dans les Sphères Inférieures de la réalité matérialiste, mais un des dix Livres Maudits est le Livre des Métaphores.

Les humanoïdes bipédiques et vaguement pourvus de neurones en font un usage immodéré, surtout les écrivains, les poètes, les hommes politiques et les casuistes.

Mais il faut savoir que, quelque part dans les Plans Supérieurs des Hautes Réalités Pluriverselles, se tiennent les Gardiens des Métaphores : ils veillent, aux aguets, à ce que la densité de métaphores par humanoïde ne dépasse pas 10% de ce qu'il dit dans la journée (les rêves - qui ne sont qu'une métaphore permanente - ne comptent pas)..

Pourquoi ?

Élémentaire.

Les métaphores jouent avec les mots, les détournent, les bousculent, les dépareillent, pour les appareiller de manière imprévue, non conventionnelle, voire exotique ou incongrue !

Ce qui, en soi, est une bonne chose. : cela aère le discours, et permet de considérer - ou de penser - la réalité de biais.

Mais !

Mais un usage abusif tend à user les mots, à en éroder la substance signifiante primale, ce pour quoi ils ont été inventé. Et cela risque de faire dériver le mot vers le poncif, ou l'obsolescence.

Tout est dans tout, mais l'inverse n'est pas forcément vrai !

Un mot qui a plusieurs sens, ou plusieurs utilisations,  cela n'implique pas que plusieurs significations se retrouvent nécessairement dans un même mot.

Tout comme il y a la Flèche du Temps, il y a la Flèche des Mots. Et elle va du Un au Multiple.

Vous comprenez maintenant pourquoi c'est un livre maudit ?

Parce que s'il tombait entre les mains d'un bipède des Réalités Inférieures, ce serait l'anarchie chaotissime dans la langue. Ce livre contient en effet la totalité - infinie - de toutes les métaphores possibles, et ce dans toutes les langues connues  (plus quelques autres non encore découvertes.)"

Au commencement, tout à fait au début, ça paraissait une bonne idée.

C'est vrai.

Ce truc d'inventer un Univers, de créer un cadre où le Néant pourrait fleurir en Quelque Chose.

Le problème résidait en fait dans la Planification.

Vous-savez-Qui avait délégué le boulot à un Chef de Projet débutant qui n'avait jamais entendu parler d'un diagramme de Perth.

Et il s'était lancé dans une série d'actions - fort louables au demeurant, mais sans logique : il avait créé le cadre avant de créer la Substance.

Il avait créé l'intelligence après tout le reste !

Alors, évidemment, tout le reste avait eu le temps de s'épanouir en un chaos hallucinant.

Allez essayer de remettre un peu d'ordre et de bon sens là-dedans...

Et essayer d'adresser des réclamations au Chef de Projet. Comme tout Chef de projet, il vous répondra que vous ne savez PAS ce qui est bon ou bien pour vous.

Alors, que faire ?

Si on couple le problème de la pagaie générale à al Loi de Murphy, la seule réponse raisonnable est "Rien !"

Ne rien faire, mais le plus confortablement possible, bien entendu.

Inutile de s'adresser aux programmeurs : ils n'ont fait que suivre les Spécifications...

Nous ne sommes que des jetons dans un poker entre le Hasard et la Nécessité.

Adhérer à une religion ou à parti politique, est-ce nécessairement contraire à l'esprit critique ?

Hervé Baudouy