'Trop à l'étroit'...Anne Hébert
Trop à l'étroit dans le malheur, l'ayant crevé comme une
vieille peau
Vieille tunique craque aux coutures, se déchire et se fend de
bas en haut
L'ayant habité à sueur et à sang, vétuste caverne où s'ébrèche
l'ombre du soleil
Ayant épuisé de tristes amours, la vie en rond, le coeur sans
levain
Nous sommes réveillés un matin, nus et seuls sur la pierre de
feu
Et la beauté du jour nous trouva sans défense, si vulnérables
et doux de larmes
Qu'aussitôt elle nous coucha en joue comme des fusillés
tranquilles.