Un Senghor très connu...mais j'aime...'Femme noire'
Femme nue, femme noire
Vétue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui
est beauté
J'ai grandi à ton ombre; la douceur de tes mains
bandait mes yeux
Et voilà qu'au coeur de l'Eté et de Midi,
Je
te découvre, Terre promise, du haut d'un haut col calciné
Et ta
beauté me foudroie en plein coeur, comme l'éclair d'un aigle
Femme
nue, femme obscure
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases
du vin noir, bouche qui fais
lyrique ma bouche
Savane aux
horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du
Vent
d'Est
Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du
vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de
l'Aimée
Femme
noire, femme obscure
Huile que ne ride nul souffle, huile calme
aux flancs de l'athlète, aux
flancs des princes du Mali
Gazelle
aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta
peau.
Délices des jeux de l'Esprit, les reflets de l'or ronge ta peau qui se moire
A l'ombre de ta chevelure, s'éclaire mon angoisse aux soleils prochains
de tes yeux.
Femme
nue, femme noire
Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe
dans l'Eternel
Avant que le destin jaloux ne te réduise en
cendres pour nourrir les
racines de la vie.