Kelig Nicolas un texte fort et vrai...un cadeau pour moi! pour vous aussi, je le pressens...
Vous
souvenez vous... De tous ces moments roux passés derrière un écran,
noir et blanc. Ami-éveillés mi-sauvages, un peu fous ou à moitié
ivres ? C'est flou, tout ce temps...
En veine de poèmes,
tenus comme à la crinière de chevaux en bataille, avec nos rêves
d’écrits fins, nos feux de paille, nos maux de pain perdu, nous
nous aventurions dans une jungle de mots intimes, tâtés à tâtons,
doux comme trois choux, nous nous découvrions un peu timides dans
des jongles musicales, nous étions à la fois joyeux drilles et
tristes clowns de cirques disparus, perdus dans la nuit
d’aujourd’hui, cherchant à nous retrouver à langueur de temps
autonomes.
Choses dites, le pied en vers fragile, à tenter sa
chance pour un manque de fortune, en poésie brune, blonde, où
rousse, quand l'eau se fait oisive au bord des bouches, le sourire
d'un soir près à fondre en larmes au petit matin, caresse folle et
douce des herbes de mousse, nous buvions comme pris d'une soif
d’affinités infinies notre idéal… A nous offrir des bouts de
quête d'amitiés fleurie, d’amour aussi, aussi, aussi ? Ho si, en
partage de nous mêmes nous ressemblions un peu… A nous m'aime...
N’essayions-nous pas de nous tenir par les mots, de loin en loin,
mano à mano ? Ma nue, tchao…
Nos inventions de mots valise
faisaient le tour du modem, nos fantaisies volages planaient tout
doucement comme autour d'un grand nuage sans gris d'un ciel d’azur,
en ailes du désir en attente de déploiement, nos soupirs avaient
désert, des petits trucs qu’aucun, coquins... Parfois l’écran
digital semblait tordre de rire nos tentations impossibles, à la
frontière virtuelle tout paraissait s’abolir, quelquefois ce fut
presque VRAI, là, nous y étions, tout comme, tout près de toucher
des doigts délicats l'autre côté laissé deviné, tout évaporé...
Jusqu’à vouloir nous voir dans la réalité aimantée, ami ou
amant.
La magie semblait toute proche d’envahir les lieux
familiers, immatérielle, l’harmonie de nos échanges sillonnait le
pays en carillons ding daing dung. Au sourire d'une inconnue
répondait le sourire binôme des sensations complices. Nous
savourions nos échanges de regards comme des clins d’œil donnés
sans bouc émissaire...
Il y eut ainsi quelques instants au
toucher idéal, où chaque personne était satellite d'un peu tout le
monde, le temps suspendu d'une nuit, nous étions en ronde, le ciel
se fit net, on vit des éclairs de tendresses jaillir des profondeur
des étoiles... Et puis nous laissions échapper « j't’aime »
avec les lèvres de silences, de loin en loin, en fin de conte...
Comme en échos, nous l'entendîmes, tour à tour. Derrière le voile
lactescent, c’était comme un peu de poudre de luciole, disséminé
aux quatre vents, une fine lueur d'espoir en bout de toile... Malgré
le poison des illusions, auquel personne ne voulait prêter
attention.