5 JUin 1954, un mariage à la mairie du 18eme arrondissement, Paris...

Nous avions souhaité un mariage très simple.

La date du 5 Juin mille neuf cent cinquante quatre était arrêtée depuis deux ou trois semaines. Seuls, mon frère aîné , ma sœur, et leurs époux respectifs seraient présents en plus de mes parents. Une très bonne raison à cela : ma grossesse, bien avancée, ne m’autorisait pas des tenues de mariage bien froufroutantes.

Nous n’avions pas fait attention, mais ce jour là était un samedi de pentecôte, et devant la mairie du 18eme arrondissement, une douzaine de couples s’apprêtaient à convoler dans la gaieté et la chaleur torride de Paris en été.

Le petit vêtement deux pièces de chez Prénatal, un peu gris, un peu beige, destiné à me laisser passer inaperçue, se voyait comme une mouche dans un bol de lait, au milieu de douze robes blanches et vaporeuses.

Successivement, les différents cortèges investirent la salle des mariages. Elle était très belle, fauteuils de velours rouge et boiseries dorées , si bien qu’au milieu du vingtième siècle, on aurait pu se croire sous l’Ancien Régime. Petit speach de l’adjoint au maire et sortie des impétrants.

• On se retrouve où ?

• A l’église. En face de la mairie, à Notre Dame de Clignancourt.

• Oui. Mais où dans l’église ;

• A l’autel de la Vierge.

• T’en rateras pas une…

Nous nous sommes très bien tenus à l’église. » Ceux qui croyaient en Dieu, et ceux qui n’y croyaient pas ».

En sortant, il était tard et on crevait de faim. Par cette chaleur de canicule, mes parents avaient réservé une table au Pré Catelan, au Bois de Boulogne. Même sous les arbres ,nous étions pris en sandwich entre le cagnard qui tombait du ciel et le bitume surchauffé qui montait du sol .

La femme de mon frère était une jolie femme un peu chochote. La conversation ayant roulée sur le fait que le caviar était un mets sublime ou dégueulasse, Christiane nous fit part de son opinion, de sa voix de tête extrêmement distinguée : »très franchement, je ne sais pas si j’aime vraiment, mais, si on participe à une soirée élégante, qu’on a bu du champagne, que les invités sont charmants, j’estime que quelques toasts de caviar s’harmonisent avec la soirée… »… J’ai regardé mon mari et j’ai senti la riposte arriver comme un bolide. Mariage ou pas, belle-sœur ou pas, rien ne l’arrêterait. «  Je ne suis pas du tout de votre avis, Christiane, mais pas du tout. Le caviar est un aliment si délicieux, qu il faut en ouvrir une grosse boite sur une toile cirée, avec un copain ou une copine, et la manger à la cuillère, pas trop petite la cuillère, et je préfère cent fois cettte dégustation, à la votre, bonne pour des salonards émasculés ; »

Je m’en souviens encore. Cinquante ans après.

Aucun autre incident à signaler. Nous sommes allés, tous ensemble au théâtre le soir, voir une pièce très rigolote avec Darry Cowl , presque encore inconnu.

Je ne me souviens plus du titre, ni de l’argument. J’étais très fatiguée. Ma sœur, Mado, et son mari, nous ont couchés dans leur maison de Sceaux où j’ai tant de souvenirs. Cette nuit de noce fut surtout une nuit de sommeil.

                  Aglaé

Comments

[Hervé]

Ca, c'est de l'organisation ! :-)

RV

[aglae]

...Il vient de me la donner...

[DAN]

Redonne-moi ton adresse pour poster les Aglamiettes !

daniel.leutenegger@orange.fr

Merci !

Dan

[Hervé]

Alors, un gros non-merci ! :-)

Bisous
RV

[aglae]

...je te fais envoyer d'Ebreuil les "Aglamiettes" que tu n'as pas lues et tu trouveras des mots de Doudou à la pelle! pas de merci entre nous surtout!