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VITDITS ET AGLAMIETTES
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Vous venez d'atterrir sur le blog d'AGLAMIETTES où sévissent Aglaé, Thomas et Dan.

Chez nous, vous trouverez des textes courts, des aphorismes pas toujours très sérieux, des réparties dites VD, ou « Vitdit » pas vraiment classiques, mais, autant que possible humoristiques.

Laissez-nous un commentaire si vous avez le temps et l'envie.

Les commentaires sont accessibles sous chaque post de nos auteurs.

Une réponse vous sera adressée (sauf caprices de l'informatique toujours possible) !

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Participez sous la rubrique : « Le Plumard » réservée à nos amis et invités.

A bientôt !

11 octobre 2019

LA MAIN... de Thomas Arfeuille

main

 

La main

 Thomas Arfeuille

 

       Au bowling, notre ami Robert nous battait souvent à plate couture, et nous admirions son style. Son bras et sa main étaient si sûrs qu’ils paraissaient animés d’une volonté et d’une intelligence propres, donnant toujours à la boule l’effet adéquat et le bon angle pour faire tomber toutes les quilles. Alors qu’il regardait ailleurs…ostensiblement. La facilité et l’élégance étaient sa marque. Lorsqu’il nous laissait gagner, c’était avec tact :

- Aïe ! petite baisse de forme, disait-il. Mais vous êtes vraiment les meilleurs.

Et nous savions qu’aux échecs, au tennis, aux mathématiques, au ping-pong, il nous aurait battus avec autant d’aisance et avec la même classe.

Au premier abord, Robert ressemblait à « Monsieur tout le monde ». En un peu mieux partout. Nous avons tous connu ces gens. Ils sont un peu plus grands, un peu plus beaux, un peu plus blonds, un peu plus forts, un peu plus habiles et doués que nous. De plus, ils ne se prennent pas trop au sérieux, bien qu’ils soient indubitablement touchés par la grâce, et leur humour est parfait : ni trop évident, ni trop subtil, toujours exact. C’est injuste. Tout leur réussit, y compris la discrétion et l’humilité. Ils obtiennent naturellement les meilleures places dans  la société. Ils nous snobent depuis l’école primaire, sans avoir en avoir l’air, voire en ayant l’air de s’excuser. On dirait que la vie leur a donné une bonne main lorsqu’elle a distribué ses cartes au pif.

Robert avait beaucoup de succès  auprès des femmes, évidemment. Au bowling, il lui suffisait de regarder en direction du bar où de jolies innocentes sirotaient des cocktails. Il obtenait automatiquement de multiples œillades en retour. Ça lui était facile, puisqu’il n’avait nul besoin de se concentrer sur la piste pour faire un Strike.

Je ne saurais dire pourquoi Céline, Louis, et moi, de vieux copains d’enfance, l’avions admis dans notre très petit cercle d’amateurs de nostalgie et de tranquillité. Il nous séduisait  alors que nous le détestions instinctivement.

Mais où l’a-t-on rencontré, me demandait parfois Louis. Tu t’en souviens ?

- Au bowling ?

- Peut-être.

- Ailleurs ?

- Pourquoi pas. (Nous avions l’impression de le connaître depuis toujours).

- Et tu n’as pas l’impression que Céline et lui…

- Ha, ha, ha !

- Non ?

- HA, HA, HA ! Bien sûr que non. Céline ! Voyons ! Tu plaisantes.

Céline, que nous connaissions depuis le collège, depuis la cinquième, précisément, en avait beaucoup vu. Des modes et des musiques (baba, punk, écolo, techno, sectaire, financière, etc.), et tant d’amants (fumeurs de joints,  guitaristes, végétariens, moines, traders, etc.) dont elle s’était toujours rapidement séparée. Céline, notre amour à tous, qui ressemblait à une Janis Joplin survivante, n’allait certes pas se laisser séduire par un petit joueur de bowling un peu doué. Et encore moins partir pour toujours avec lui.

C’est pourtant ce qu’il advint.

Thomas Arfeuille

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