Encore écrire...
Fenêtre baroque où refroidit la soupe,
Triste comme un jardin derrière une allumette.
Sur le satin tu remues les reins
Qui n'ont pas ta pointure
Pas même en ce motel où tu crias mon nom
Désenchantée, pâle en dent de scie
Comme les pêcheurs de sirènes.
Encore moins lorsque le froid les saisit
Et que leurs pieds se défendent de sortir
Le soir quand tout est bleu même au lit.
Regarde-les s'émouvoir, un peu, doucement
Sans chaleur ni odeur
Tu y vas droit
Au détour de leurs armes sans métier
Qu'ils croisent sur le pare-brise espoir
Qui tôt s’arrête dans la glace
Alors que tu viens de fumer ta dernière cigarette.
Ha ! Ecrire les Autres !
Ceux qui partent, ceux qui restent
Une poignée de cheveux à la main
Des fleurs de conjonctivite lentes à mourir
Entre les fesses dodues des enfants coupe-gorge.
Amuse-les peut-être d'une petite guerre trop salée
Perdue dans une arrête de poisson qui étrangle déjà
La vieille garce creusant des châteaux de sable
Dans les morgues récréatives
Sous les préaux argentés
Là-bas, sous la pendule qui saute à la corde
Echafaudant des idées neuves.
Pleine de vie sur une chaise électrique
Branchée sur l'extrême droite
La barbe commence à pousser, rêveuse
Allumant des néons gammés
Où sirotent des urnes sans harmonie.
Les passants ont les bras nus jusqu'aux ongles
Gonflés d'images aux balcons
Farcis d'amandes amères, douces, nuageuses.
La porte cogne dans les rues soupe au lait
Entre les averses d'amours refroidies.
Les gens passent...
Sous ma fenêtre, les jambes s'agitent
Se croisent avec discipline.
Des cheveux se soulèvent
S'envolent, valsent, grisonnent, frissonnent
Brûlent au soleil qui a peur...
Dan