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VITDITS ET AGLAMIETTES
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Vous venez d'atterrir sur le blog d'AGLAMIETTES où sévissent Aglaé, Thomas et Dan.

Chez nous, vous trouverez des textes courts, des aphorismes pas toujours très sérieux, des réparties dites VD, ou « Vitdit » pas vraiment classiques, mais, autant que possible humoristiques.

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Les commentaires sont accessibles sous chaque post de nos auteurs.

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vitdits-ecran

Participez sous la rubrique : « Le Plumard » réservée à nos amis et invités.

A bientôt !

27 avril 2016

je remets la dorade pour Pierre qui en fera bon usage!:-)

 

aglaé

 

 

La Dorade Rose

 


Quelle idée d’être entrée là-dedans… Le resto le plus zinzineux du coin ! Mais toutes les autres gargotes sont fermées… Je n’ai pas le choix… Sûr que je vais être le plus mal possible pour le plus cher possible. Difficile de ressortir et d’ailleurs le garçon arrive vers moi avec un sourire professionnel et un arrondi du bras qui ne permet aucune retraite.

J’insiste pour m’asseoir devant une petite table isolée. J’ai dit « non » devant une belle petite place en vue au milieu de cette immense salle glaciale.

- Oui, un kir, je veux bien… Pourquoi « Dorade Rose » ?
- Cassis et champagne rosé, madame !
- D’accord !

Je pense que tout va être comme ça… J’espérais une omelette et une salade… ça va être coton… et même, j’y renonce tout de suite. Disons le menu du jour et n’en parlons plus. Quelle soirée merdique, sans mon bonhomme, et dans cette boîte à touristes de luxe… tout ce que je hais…

Tiens des mariés ! Pas difficile à repérer… tout le monde les voit et ils ne voient personne. Une bulle autour d’eux. Ils viennent de descendre de leur chambre et vont y remonter le plus vite possible… C’est con mais je les envie quand même !
Des bobos, un peu seizième arrondissement mâtiné d’un peu de décontraction à la mode… Ils voudraient bien ne ressembler à personne et, justement, ils ressemblent à tout le monde… Petit couple propret… je me demande ce qu’ils se permettent au lit… D’accord, je suis un peu peau d’hareng mais j’en ai besoin. Je me sens mieux !

Combien sont-ils, là-bas, autour de la grande table le long de la baie vitrée… au moins huit, je ne crois pas de la même famille. Plutôt une association de pêcheurs à la ligne ou un gueuleton pour la retraite de celui que je vois de face. Soixante ans, un crâne largement essarté ! Que je suis bête ! Essarté !!! Chauve tout simplement ! Il a son beau costume gris et une étrangleuse à rayures, il est certainement le héros du jour. Plusieurs bouteilles de rouge sur la table et deux minces serveuses qui s’activent autour d’eux. Menu gastronomique à coup sûr, et même astronomique !

Les dames sont convenables à un point incroyable. Petit tailleur Chanel selon la mode de leurs vingt ans. Colliers moches, précieux, comme il s’en vend à la pelle dans toutes les bijouteries de la ville. Un bon point pour eux : ils rigolent de bon cœur aux plaisanteries d’une espèce de marrant de la noce, petit et rondouillard, en veine de joyeusetés pour la durée du repas. Je n’entends pas, c’est dommage.

Attention à mes escargots, ne pas renverser du beurre sur mon futal comme d’habitude… En plus, je me retourne un peu pour apercevoir derrière moi des gens que je ne vois pas mais dont j’entends la conversation… en grande partie… trois hommes que j’ai pris pour des médecins mais qui sont probablement des infirmiers ou des kiné ou des orthophonistes, quelque chose comme ça. Ils ont un grand plat de fruits de mer devant eux, dressé sur un plat glacé garni de goémon… le beau plat… je regrette d’être seule une fois de plus…

Ils s’activent à grand coups de casse-noix tout en discutant ferme. Ils parlent de leurs clients, et encore plus de leurs clientes, et c’est marrant comme tout. Pas vraiment machos leurs propos. Ils n’en parlent pas comme ils pourraient le faire de femmes rencontrées dans une soirée ou dans une piscine. Je sens malgré tout, qu’une patiente n’est pas une femme comme une autre, qu’entre elles et eux il reste toujours une distance particulière…

- Tu vois quand j’ai un rendez-vous avec la petite mère Joignant, crois-moi si tu veux, je roupille à l’avance… L’autre jour, je baillais en montant son escalier. Elle dégage un ennui terrible cette femme-là ; elle a une voix plate sans intonation… lalala et lalala… quoiqu’elle dise, gai ou triste, c’est la même voix morne. On a envie de lui foutre des baffes. De la réveiller. Et encore, je suis gentil. La vérité c’est que j’ai des envies de meurtre. Il faut vraiment que je m’en débarrasse. Je vais lui conseiller de voir un autre kiné, meilleur que moi.

- C’est pas possible, Jean. Tu es le meilleur !
- Déconne pas. Je supporte plus cette bonne femme. C’est à toi ce tourteau ?
- Non, vas-y !
- Je finis cette petite étrille et c’est tout pour moi. Trop de trucs sur ces plateaux-là, je le dis toujours !

Je m’amuse toute seule. Je repense à toutes ces conversations dans toutes les familles, selon les professions. Ici, des médicaux, mais ailleurs, des juristes, des architectes, des fonctionnaires, des bâtisseurs.

Ils poursuivent :

- Ce n’est pas pour dire, vieux frère, mais tu te plains toujours de tes clientes… celles qui sont trop lourdes, celles qui sont en retard, t’en as même une, la grosse Mercier, qui pue et une qui pleure en racontant qu’elle est cocue à longueur de séance…
- Mais celle-là elle me fait rigoler. Elle donne tous les détails et quelquefois, je reste derrière elle pour qu’elle ne me voie pas me bidonner.
- Ce qui compte, c’est quand même de rendre service à tous ces gens…
- Et de gagner notre croûte convenablement…
- Tu l’as dit bouffi ! Garçon ! Soyez gentil d’enlever ces carcasses, on croirait un ossuaire et ça nous rend triste…

Je me dis que les hommes sont cancaniers entre eux, c’est pas croyable… tous les ragots de leurs clientèles vont y passer avant la fin de la soirée. Je ris et constate que ma mauvaise humeur s’est envolée. Faut dire que les rognons grand’mère sont fameux. Juste rosés mais pas saignants. Un délice.

Je suis sortie fumer une cigarette pour ne pas avoir de discussion avec personne sur ce sujet. Fumer ou pas fumer, d’accord, mais pas discuter cent sept ans sur ce sujet idiot. Pourquoi pas les OGM ou le principe de précaution ? Je supporte pas ces sujets à la mode où chacun matraque son opinion comme si c’était une vérité éternelle.

Quand j’ai regagné ma place… après l’entre acte ! Il me restait à attaquer une pêche melba somptueuse. Les tables autour de moi s’étaient peu à peu dégarnies à part une brave famille de trois enfants d’ailleurs charmants, qui n’avaient pas attirés mon attention de toute la soirée. Ils étaient beaux. Tous les cinq. J’aime que les gens soient beaux. Pas des stars de cinéma. Ni des mannequins. NON ! Mais quelque chose comme une bonne santé physique et mentale, comme une impression globale d’intelligence, un sourire, une lueur d’humour dans les yeux… Ceux-là, je les sens comme des frères… Je suis un peu nunuche car cette impression est facilement trompeuse… Sous cet équilibre apparent se cache, qui sait, des conflits, de la haine, mille laideurs qu'on ne peut soupçonner… Tant pis, je vais pas gâcher ma pêche melba avec ces considérations délétères.

C’est à ce moment que le plus jeune des trois fils est venu vers moi.

- Madame, mes parents me demandent… de vous dire…
- Oui, je t’écoute… n’aie pas peur !
- Hé bien ! Ils ont vu que vous étiez toute seule et nous, nous fêtons la réussite de mon frère au concours d’entrée de l’École des Beaux Arts. Alors, ils seraient contents que vous veniez à notre table pour le café…

Je vous l’avais dit qu'ils étaient tout mignons ceux-là ! On ne trompe pas le flair d’une vieille biche comme moi dans une forêt familière.


Aglaé Vadet

 

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Commentaires
A
tes parents t'ont emmené aux urgences?
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D
Des escargoooots… mmmmmmmm…<br /> <br /> <br /> <br /> Un jour je suis resté avec la langue coincée au fond d’une coquille tant j’ai aspiré le beurre…<br /> <br /> <br /> <br /> Danou
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I
Et un joli café, un !<br /> <br /> Bise<br /> <br /> isa
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