Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
VITDITS ET AGLAMIETTES
VITDITS ET AGLAMIETTES
Publicité
Archives
Derniers commentaires
VITDITS ET AGLAMIETTES
Newsletter
0 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 355 352
Vous y êtes !

Vous venez d'atterrir sur le blog d'AGLAMIETTES où sévissent Aglaé, Thomas et Dan.

Chez nous, vous trouverez des textes courts, des aphorismes pas toujours très sérieux, des réparties dites VD, ou « Vitdit » pas vraiment classiques, mais, autant que possible humoristiques.

Laissez-nous un commentaire si vous avez le temps et l'envie.

Les commentaires sont accessibles sous chaque post de nos auteurs.

Une réponse vous sera adressée (sauf caprices de l'informatique toujours possible) !

vitdits-ecran

Participez sous la rubrique : « Le Plumard » réservée à nos amis et invités.

A bientôt !

1 février 2016

Claude Roche, mon frère...

 

agla-frere

 

 Broudoudou

 

 

 

J’avais sept ans et je croyais qu’il allait à l’école à Sciences Po. Comme, d’autre part, il laissait doucement mijoter une petite licence de Droit, j’étais très fière de lui sans vraiment savoir pourquoi.

Vint la guerre en mille neuf cent trente-neuf. Comme elle eut lieu dans les Ardennes et que Claude fut envoyé en Tunisie, il ne revint pas Général comme je l’avais prévu.

À son retour nous préparâmes en toute hâte le concours des attachés de la SNCF. Pourquoi attachés ? Je ne savais pas. Lui travaillait sur son bureau et moi, je faisais des cocottes en papier à ses pieds. Sept cocottes. Deux grandes et cinq de tailles dégressives, la dernière, la plus difficile, grosse comme la moitié d’un timbre poste. Il était tranquille un bon moment, et me prêtait de temps en temps, pour dessiner les yeux, un crayon rouge à une extrémité et bleu à l’autre, que je trouvais d’une beauté confondante.

Le concours passé brillamment, il restait à apprendre à ces grands jeunes gens comment faire circuler trois trains sans se bigorner. Aussi, les envoyait-on en stage, pour quelques mois, dans de modestes gares de campagne. Mon frère Claude fut parachuté à Brou, Eure-et-Loire, surnommée par nous Broudoudou, de façon à rendre explicite la ruralité absolue de ce bled en pleine Beauce. Un guichet, un banc, une horloge meublaient une gare grande comme une cabane de plage. Trois trains de marchandises et le train de Paris réveillaient les trois cheminots aux ordres de Claude.

Un samedi midi, ma sœur et moi-même, très fières d’être invitées par notre aîné, débarquons sur le quai de Brou, souriantes, fraîches comme des roses, un léger bagage à la main. Une quinzaine de parigots tête de veau, venus humer l’air de la campagne, s’engouffrent à la queue leu leu dans la gare, leur billet de train à la main, comme il se devait à une époque où les composteurs n’existaient pas.

Une seule seconde, un seul regard, et notre sourire se fige sur nos lèvres. Devant nous, attifé d’une veste pendouillante d’uniforme bleu marine et d’une casquette à galons marquée SNCF en lettres dorées, notre frère, notre idole, ramassait les billets de sortie des voyageurs. Je ressens encore aujourd’hui l’humiliation et la stupéfaction me plomber les jambes, m’immobiliser sur place.

Nous étions bien trop affectées par la situation pour deviner sur le moment que Claude avait emprunté à un des cheminots présents un ou deux éléments de sa tenue pour mettre au point avec tout le sérieux possible un superbe canular pour ses deux frangines. Je me dois d’ajouter au portrait qu’une dizaine d’années après les événements relatés, j’appris avec douleur son sobriquet, dans la plupart des villes ferroviaires du nord-ouest de la France : "La Vache", ce qui m’incita à bémoliser les sentiments fraternellissimes que je lui portais dans l’enfance…

 

aglaé

Publicité
Publicité
Commentaires
A
J'y suis!<br /> <br /> -VACHE?<br /> <br /> Excuses!!!!!!je baisse...
Répondre
A
je ne me souviens pas si ce texte fait partie du Jyfoutou,ou si il a été écrit plus tard...
Répondre
Publicité