ALIENOR... Premier texte en cadeau !
Ma belle amie,
J'attendais de savoir si tu avais un peu de temps pour me lire...
Tu te souviens quand on chantonnait tous les quatre avec les jumeaux, Clodomir et Fulber ?
Les cheveux d'Alienor
Sont des fils amants d’or
Si on les coupe
Y’en a encore
Les cheveux d'Alienor
On s'est bien amusés avec Clodomir et Fulbert ! C'étaient les fils de Jocelyn le Bliaut régisseur du château que tes parents appréciaient pour moult raisons. Il nous faisait un peu peur depuis qu'il nous avait surpris volant les framboises, ou les poires du verger.
Nous avons fait bien pire tous les quatre un été pendant l'absence des adultes tous partis pour un grand tournoi.
Il faisait chaud et quelques dizaines de draps en lin ou en laine séchaient sur l'herbe non loin du domaine. Ils avaient été tissés au moment des Journées de la Joyeuse Aiguille. L'un de nous eut une idée qui parut merveilleuse aux trois autres.
Tu te souviens ?
Clodo dit :
- Vous connaissez la vieille tante Renaude qui habite quelques pièces au dernier étage du Château depuis des années ?
- Oui ! Méchante comme un pou !
- Justement, ça tombe pile !
- Ah Bon ! Pourquoi ?
Nous allons ramasser quatre draps. Un pour chacun de nous. Dommage qu'ils ne soient pas blancs, mais tant pis ! Les châtelains et mes parents sont absents... Nous serons tranquilles. Chacun de nous, avec des ciseaux pris dans la cuisine découpera trois ronds dans le milieu de son drap à peu près... Deux pour les yeux et un bien rond pour la bouche... Vous commencez à comprendre ?
- OUI ! On va faire peur à la grosse Renaude !
- On va se déguiser en fantômes !
- On va dézinguer la vieille chouette !
On a attendu la nuit pour sortir de nos couchettes respectives...
Tu te souviens ?
On avait envie de rire, mais il ne fallait pas faire de bruit... On s'est propulsé jusqu'à l'étage de notre proie et, sur le palier, on a revêtu nos suaires... les yeux et les bouches ressortaient et les draps retombaient en gros plis tout autour de nous...
- Vieille Renaude toute pourrie ! Es-tu réveillée ? Veux-tu une sérénade en l'honneur de ta bonté et ta gentillesse ? Nous sommes quatre chanteurs venus en hommage de la belle Pétronille ! Sors de ton lit ! Enlève ta nuisette ! Cherche ta bourse pour payer généreusement les musiciens !
Tu te souviens Alienor ?
Je ris en t'écrivant ! Nous sommes entrés en file indienne, toi devant, moi et les garçons ensuite, en hurlant une chanson improvisée le jour même :
Renaude, Renaude
Méchante vieillarde
Nous aurons ta peau
Avant la Toussaint
Nous t'enterrerons
Avec ton émeraude
Renaude, Renaude…
Renaude Ren…
Renaude R…
Ren…
Alienor !
Mes mots s’eff…
Al…
Non !!!
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