Derrière les fenêtres... de LÔ !
Derrière les fenêtres
Les chatons vert-lime des branches-lianes du saule taquinent les poils noir-et-blanc de la queue d’une chatte assise dans les pissenlits, tapie dans les pâquerettes, maquillée par les boutons d’or, gemme à tous les regards offerte aux yeux bleu-vert amazonite d’un gros matou qui hésite à quitter sa place au soleil.
De l’autre côté des fenêtres, on conjugue à des temps anciens des verbes sans queue ni tête, à des personnes invisibles, « vous je nous elle », on imagine « absoudre » à l’indicatif, on participe au passé de subjonctifs alambiqués, sous la pénible surveillance du maître dont les yeux lancent des impératifs empressés.
N’est-il pas fait comme nous ? Est-ce ça devenir sage ? S’enfermer dans une cage au parfum d’encre de chine et tracer des majuscules, s’échiner au porte-plume à noircir des lignes austères de mots où chaque désinence est une bouteille à la mer ?
La vie féline est plus joyeuse et sous le saule maintenant, au grand dam du lieutenant de l’Education, tous les yeux de ces laborieux forcenés des temps et des modes ennuyeux s’amusent des valses des chats qui conjuguent leurs libertés.
Lô