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VITDITS ET AGLAMIETTES
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Vous venez d'atterrir sur le blog d'AGLAMIETTES où sévissent Aglaé, Thomas et Dan.

Chez nous, vous trouverez des textes courts, des aphorismes pas toujours très sérieux, des réparties dites VD, ou « Vitdit » pas vraiment classiques, mais, autant que possible humoristiques.

Laissez-nous un commentaire si vous avez le temps et l'envie.

Les commentaires sont accessibles sous chaque post de nos auteurs.

Une réponse vous sera adressée (sauf caprices de l'informatique toujours possible) !

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Participez sous la rubrique : « Le Plumard » réservée à nos amis et invités.

A bientôt !

14 décembre 2014

hervé Baudouy...PENSER?

Matisse-se-dedouble_article_main

Penser... ?

 

Ca a l’air anodin, comme ça.

Mais ce n’est pas si simple !

Quand vous commencez… vous n’imaginez pas les dangers que vous courez !

Je l’ai vécu !

Et j’ai survécu pour le raconter!

Ça a commencé assez innocemment.

J'ai commencé à penser pendant des soirées où je m'ennuyais comme un rat mort dans les cales du Titanic.

Je me laissais laisser aller de temps en temps, seul dans mon coin avec mon verre...

Inévitablement, une pensée en amène une autre ; très vite je fus plus qu'un "penseur de salon".

Et là, j’ai commis l’erreur fatale : J’ai commencé à penser quand j’étais seul !

 

Je me disais :"Je me relaxe", mais je savais que ce n'était pas vrai.

Je me disais des trucs comme : «Si la réincarnation existe, ça doit poser de sacrés problèmes de généalogie !

Et la réincarnation serait-elle une forme - discrète - de l'évolution ? »

 

Penser devint de plus en plus important, et finalement, je me retrouvai à penser constamment.

Je commençai même à penser au bureau. Je savais bien que "penser" et "garder son emploi" ne vont pas ensemble, mais je ne pouvais m'en empêcher.

Je me mis à éviter mes collègues à l'heure du repas, ce qui me permettait de lire Nietzsche, Kafka, et Sartre ! Je retournai au bureau avec le vertige, en me demandant : "Mais que faisons-nous ici ?".

 

Les choses n'allaient pas mieux à la maison. Un soir, j'avais éteint la télé, et demandé à ma femme ce qu'elle pensait du sens de la vie : Elle a passé la nuit chez sa mère.

 

Très vite j'ai eu une réputation de penseur. . . profond.

Au party de Noel de la compagnie, le patron me disait je ne sais plus quoi.

Je lui ai répondu :

- Ce qu'on appelle vivre n'est-il pas souvent un suicide patient et déguisé ?

 

Il est devenu blanc.

Et j’ai ajouté, sur ma lancée, héroïque et inconscient : 

- La paresse ne serait-elle pas mère de la paix ?

Là, il est devenu tout rouge.

Et quand j’ai conclu :

- Tout ça, au fond, est une vaste farce. Au début, il n’y avait rien ! Et ça n’a fait qu’empirer.

 

Il est devenu vert.

Il a sifflé cul-sec son whisky.

Il a fait :

Arrrgh…

Puis il a jouté :

Garglllbbbll…

Il a vidé le Bloody Mary du comptable qui passait par là en comptant mentalement les dépenses du party.

J’ai senti la panique qui affolait ses neurones.

Il a secoué la tête, puis il m’a dit :

... Dix heures. . . demain. . . dans mon bureau!

Puis il est parti, en zigzaguant vers la porte...

 

Le lendemain, dans le bureau du patron :

"Robert, je t'aime bien, et ça m'ennuie de te dire ça, mais le fait que tu réfléchisses autant devient un problème. Si tu ne t'arrêtes pas, il faudra que tu cherches un autre emploi."

Ça m'a donné beaucoup à penser.

Je rentrais tôt chez moi, et dit à ma femme : "Chérie je pense que ..."

"Je sais que tu penses, et je veux divorcer!"

"Chérie, ça ne peut pas être si grave que ça"

"Si ! Tu penses autant que des professeurs d'université, et les professeurs ne gagnent rien, donc, si tu continues à penser, on n'aura plus d'argent!"

"C'est un syllogisme défectueux" dis-je patiemment, et elle s'est mise à pleurer.

 

J'en avais assez.

"Je vais à la librairie" lançais-je en claquant la porte.

Je me rendis à la librairie, avec l'idée de me payer un Kafka, avec de la musique classique à la radio.

Mais la librairie était fermée.

Je suis sûr qu'une Puissance Supérieure avait un œil sur moi ce soir-là.

Alors que je me retournai, déçu, une affiche attira mon attention : "Est-ce que penser détruit votre vie ?".

Vous connaissez, bien sûr : les Penseurs Anonymes.

Et je suis devenu un Penseur convalescent.

Aux réunions, on regarde des vidéos non-éducatives ; la semaine dernière, c'était Céline Dion.

Ce soir, c’est un débat télévisé pour les élections.

Ensuite, nous échangeons sur nos expériences ; comment nous avons évité de penser depuis la dernière réunion, enfin, des choses comme ça...

 

J'ai toujours mon emploi, et les choses s'améliorent à la maison.

La vie est devenue ... plus facile, en quelque sorte, depuis que j'ai arrêté de penser.

Maintenant, je dé-pense.

Ca compense. . .

 

 

Hervé Baudouy

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Commentaires
M
J'ai pensé simplement que c'était drôlement bien pensé !
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L
J'ai lu, j'ai aimé... ça m'a fait sourire et même un peu rire aussi... intérieurement, en pensées bien sûr...<br /> <br /> [Et ça m'a fait aussi penser à cet auteur humoriste américain mort, Richard Brautigan, qui, dans "un privé à Babylone", ne pouvait s'empêcher de penser jusqu'à en louper son arrêt de bus...]<br /> <br /> Oui, vraiment, j'ai bien aimé ton texte.
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S
Indubitablement ! :-)<br /> <br /> <br /> <br /> Bisous<br /> <br /> RV
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A
J'adore ce texte....reflexion et humour mêlés comme toujours chez notre Samovar!<br /> <br /> <br /> <br /> Le tableau de Matisse est une merveille,non?
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