Premier jour au lycée...
Seconde Littéraire.
Tous les élèves sérieux, trop bien habillés, étiquettes – 50 % dans le dos pour certains.
Le prof « Principal » arrive, celui qui va nous ouvrir les grandes portes des auteurs classiques.
Je suis au fond de la classe, c’est la meilleure place pour observer. Capter si le « Maître » va me passionner ou me faire chier dès les premiers mots, gestes, regards.
Il écrit sur le tableau son prénom et son nom pour se présenter :
Pierre Yanna.
J’aime son pull de travers, bariolé… tricoté sûrement avec beaucoup d’amour.
Il est très jeune, juif, lunetteux et ça roule tout de suite pour moi.
Il nous parle du programme imposé, des livres qu’il faut ab-so-lu-ment lire en prévision du Bac.
Sans « lever le doigt », je lui dis tout naturellement :
- J’espère que la Littérature ne s’arrête pas au « devoir » d’obtenir le Bac ? Peut-on lire ce qu’on aime ?...
Il me rétorque avec un sourire intelligent (ça existe) :
- C’est ce que je voulais dire…
Puis il nous tend une feuille vierge et nous demande de nous présenter à notre tour.
Les dos se voûtent, les stylos tournent dans les bouches, la salive coule, bruits de sucions.
Je n’ai mis qu’une phrase :
« Pierre qui roule ya n’a pas ramasser mousse ».
Tous les autres ont mis :
- Je m’appelle... j’habite à… mon père est… etc…
L’année commençait bien et ce prof est devenu un ami cette année-là.
(je ne côtoyais pas trop les élèves).
Que dire de plus ?
Dan