"Home" de Toni Morrison...un court roman d'une totale perfection...envoi de Marie Noelle Ruaud....MERCI!
Frank vient de Lotus, Géorgie, « le pire endroit du monde, pire que n'importe quel champ de bataille », un lieu où « il n'y avait pas d'avenir, rien d'autre que de longues heures passées à tuer le temps [...], pas d'autre but que de respirer, rien à gagner et, à part la mort silencieuse de quelqu'un d'autre, rien à quoi survivre ni qui vaille la peine qu'on y survive ». Ainsi parle Frank, dont les interventions directes, où il évoque son enfance, sa guerre, son désarroi moral, ponctuent le récit à la troisième personne qui est l'essentiel de la narration. Où Morrison conte, d'une écriture belle et limpide, les difficiles retrouvailles de Frank avec son pays natal, où prospère l'avanie ségrégationniste, avec sa jeune soeur Cee, en danger de mort — Cee en qui, dit Frank, vit « l'image secrète que j'avais de moi-même », celle d'un garçon droit, solide, aimant, protecteur.
L'enfance, la honte, la rédemption sont quelques-uns des thèmes que soulève et creuse ce beau roman laconique, réaliste mais ouvert sur le rêve et le mystère, profondément humaniste, empreint de cruauté autant que d'authentique grâce.
Petit extrait...c'est Frank qui parle:
-je m'appelle Frank en souvenir du frère de mon père.Le nom de mon père c'est Luther et celui de ma mère,Ida.Ce qu'il y a d'insensé, c'est notre nom de famille. Money. L'argent. Qu'on n'avait pas.
Vous ne savez pas ce que c'est que la chaleur tant que vous n'avez pas traversé la frontière entre le Texas et la Louisiane l'été.Vous ne pouvez pas trouver de mots pour la capturer.
Les arbres renoncent.Les tortues cuisent sous leur carapace. Décrivez-moi ça si vous savez comment.