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VITDITS ET AGLAMIETTES
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Vous venez d'atterrir sur le blog d'AGLAMIETTES où sévissent Aglaé, Thomas et Dan.

Chez nous, vous trouverez des textes courts, des aphorismes pas toujours très sérieux, des réparties dites VD, ou « Vitdit » pas vraiment classiques, mais, autant que possible humoristiques.

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vitdits-ecran

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A bientôt !

29 juillet 2013

"Retour en ville" de Jean Barbé...Prenez votre temps et dégustez...à ce soir!

 

ville-blanche

 

Retour en ville

 

 

 

   « Atout... r’atout et re-r’atout ! Belote, re-belote et dix de der ! Kapo qu’t’es mon gars ! Bon vent, paille au cul et feu dedans ! »

 

   J’ai horreur des jeux de hasard.
  On bat les cartes, on donne les cartes et le plus souvent c’est le plus couillon qui gagne, c’est connu ! si la chance sourit parfois aux audacieux et aux innocents, elle rigole franchement pour les imbéciles heureux.
   Peut-être ne suis-je pas trop bête pour me retrouver là.
  Six mètres crasseux coincés dans des murs où fleurit le salpêtre en dégoulinades donnant du relief aux obscénités gravées à la cuiller dans le plâtre verdâtre et mou ; six mètres carrés humides où le soleil me snobe à travers un grillage qui en rajoute dans son ombre par un treillis sur le sol ; juste trois mètres sur deux, deux bat-flanc, deux paillasses de laine grise, le sourire de porcelaine d’un lavabo et, au coin, le trou. Le trou comme un œil qui nous voit du fin fond de la terre ou comme une bouche fétide, extrémité ammoniacale du boyau d’un mutant. Six mètres carrés et ce tordu avec son jeu de cartes. Il ne sait pas lire mais compter jusqu’à dix et reconnaître un roi d’une reine et une reine d’un valet ; d’ailleurs quand il tomba un soir sur sa reine sous un valet, n’eut-il pas noblement le réflexe d’un roi en leur administrant dix, chacun cinq, coups de cognée de bûcheron en long, en large et en travers.
   Je n’aurais pas dû quitter ma cambrousse ou bien il fallait pour de bon faire ce que j’avais dit : « quand ils seront là, je fous le camp ! »... partir, mais partir loin, tout plaquer et traverser la mer ou les montagnes.

 

    Je suis arrivé le dernier jour de septembre au début de l’automne quand l’été ne veut pas tout à fait laisser sa place et lâche encore vers midi quelques bouffées de chaleur sur les gros marronniers des squares. Le fleuve tranquille prend toujours son temps et un plaisir paresseux dans un demi étiage où il laisse coucher sur lui les tours un peu troubles de la cathédrale. Sur les trottoirs les pigeons déréglés s’ébouriffent, se boulent et roucoulent une danse apache autour de leur pigeonne, comme en avril battant.
   Les gens vont et viennent comme chaque jour, se croisent sans se voir, à pas lents ou pressés, courant presque parfois ; ils viennent je ne sais d’où pour se rendre où eux seuls savent. J’ai toujours aimé regarder les gens dans leurs allures coutumières : le petit chauve là, un comptable sans doute, il a juste une heure pour déjeuner et comme il gratte sur les tickets de métro... il court ; le gros avec un chapeau noir a bien raison de prendre tout son temps, de flâner un peu, puisque c’est le jour de fermeture de son épicerie et qu’il fait beau ; et elle qui trotte pendant trois mètres en tricotant sur ses talons aiguilles puis marche les trois mètres suivants lentement, normalement, pour reprendre son souffle, elle ne quitte pas le sol des yeux et se demande vraiment si son mari ne se doute pas de quelque chose avec tous ses retards.
 Ils vont et viennent. La vie ne semble pas avoir fondamentalement changé pour le commun des mortels ; les comptables en effet comptent, les épiciers musent le jour de fermeture et les maîtresses rejoignent leurs amants vers midi.

 

   Finalement limiter la circulation des bagnoles n’était pas une si mauvaise chose. La ville avait pris un petit air suranné sinon plus respirable. Il faut dire que le prix des carburants avait amplifié la mesure en dissuadant bon nombre d’automobilistes d’encore rouler.
  Je n’avais rendez-vous qu’à dix neuf heures et, comme le fleuve et l’épicier, je décidais aussi de prendre mon temps. Je traversais le pont.

 

   C’est presque au milieu que la voiture escalada le trottoir en travers devant moi . Les portes s’étaient ouvertes avant l’arrêt, deux types en sortirent aussitôt.
   « Papiers, s’il vous plaît » me lança laconiquement le plus jeune en me dévisageant, la main droite quémandant et la gauche arborant un insigne officiel ; sans la regarder il passa ma carte d’identité à son collègue qui quant à lui l’examina puis me la rendit sans un mot, avec un vague salut militaire de deux doigts vers la tempe. Ils regagnèrent la voiture qui reprit sa route lentement pour l’autre bout du pont.
  Les contrôles intempestifs, au hasard ou à la tronche, avaient été justifiés par leurs promoteurs après les deux attentats de la faculté de droit et de la Rue de la Paix ; depuis deux ans et le calme apparent il était plus difficile de les accréditer. D’autant que le système de vidéosurveillance de l’ensemble de la capitale était parfaitement opérationnel et opérant. En y réfléchissant je supposais que la faveur dont je venais de bénéficier sur le pont avait été certainement téléguidée.

 

  Voilà cinq ans que je n’étais pas revenu ici et cinq ans après j’avais toujours cette même sensation que j’avais toujours eue ; je suis dans la plus belle ville du monde.
  Boulevards, perspectives et monuments lourds d’Histoire, architectures, places, petites rues, allées ouvertes aux grands arbres d’un autre âge, vieilles demeures, hôtels particuliers ou buildings modernes en façades luisantes et secrètes, toutes en verre fumé où rebondissent le soleil et le ciel. Les plus humbles des quartiers restent les plus beaux des plus humbles, les plus fastueux encore plus fastueux.
  Sur le quai en contrebas je remarquais un attroupement considérable dans un silence dissonant. Une centaine de personnes s’agglutinent dans une file étirée, interminable, calme, toujours approvisionnée, alentour du gros bateau blanc des salutistes. Les gens montent par l’avant de la péniche, redescendent par l’arrière, certains avec un paquet sous le bras, puis gravissent, en croisant ceux qui arrivent, le petit escalier de pierres vers le boulevard où ils se perdent dans la foule. Après la faillite et la privatisation de la protection sociale on estimait qu’au moins trente pour cent de la population avait régulièrement recours aux associations caritatives, généralement pour une aide médicale, parfois et plus ou moins selon la saison pour des raisons plus franchement alimentaires.
   Depuis le contrôle sur le pont j’avais cette impression délétère et tenace d’être observé. Les caméras aux angles des avenues et tous les cinquante mètres sur les réverbères pivotaient à peine, sans bruit, de quelques degrés, puis s’allongeaient en extrudant l’objectif comme pour bien se pencher sur ce qu’elles voulaient voir. Elles m’obsédaient et je m’aperçus que je n’osais pas lever les yeux vers elles.

 

   Je m’interrogeais aussi sur ma vie en province. A part quelques rares tracasseries administratives au début, on y vivait dans une certaine quiétude. Il me tombait encore quelques droits et le restaurant ne marchait pas trop mal ; elle le gérait parfaitement et cela suffisait bien à nos besoins qui n’étaient pas considérables. J’avais en effet à portée de la main et des yeux la solitude qu’il me fallait parfois et le décor qui m’était indispensable : la forêt de pins biscornus, jamais de haute futaie mais qui sentaient si bon quand suaient les résines ; la lande d’ajoncs et de genêts toujours hérissée de vie, quelle que soit la saison, nappe d’émeraude en hiver que l’alchimiste printemps pignochait d’or ; la bruyère quand le sol trop maigre ne supportait plus l’arbre, elle coulait des flots mauves, lilas, pourpres ou bleutés avec des touches roses entres les blocs à nu des granits ; les fougères puissantes et confondues dans des champs uniformes où le vent par à-coups levait des vagues vertes comme on voit sur la mer; la mer tout à côté avec à l’horizon des promesses d’autres univers qui, si je le voulais, m’attendaient.
  Je me rendis compte ou plutôt m’avouais pour de bon le décalage qui était devenu mien ; « Quand ils seront là, je fous le camp ! » avais-je toujours dit. Je n’avais fait que me retirer discrètement à côté.

 

    Devant la gare les vérifications étaient plus systématiques, sans surprise. Nul ne rentre sans traverser des uniformes ; cartes en main les voyageurs suivent l’une des trois queues jusqu’à la guérite d’un type en casquette qui d’un signe de tête les laisse passer vers les trains.
  J’arrivais au grand parc. J’avais lu dans la presse tout le tintouin organisé pour l’inauguration de la statue du commandeur mais je fus tout de même surpris : le monument est gigantesque. Trente mètres de haut d’un bronze lisse et noir ; le cheval bée des naseaux qui doivent être fumants et le cavalier aussi caparaçonné que sa monture regarde droit devant lui, portant haut sa bannière. L’académisme de l’œuvre veut laisser accroire ou supposer qu’elle est d’une « époque » mais son spectacle est d’une laideur énorme, d’un grotesque extrême.
   Cependant je fus davantage troublé par le sentiment étrange que l’on a lorsque se retrouvant dans un endroit familier et qui fût cher, où tout semble à sa place, on ne s’y reconnaît pas pourtant. Le temps a passé, l’endroit a vécu sans nous et on y revient alors un peu comme un étranger. Mes arbres sont bien là forts et soignés et les oiseaux de toutes tailles se chamaillent comme avant sous les bosquets ou dans les allées pour du pain que jettent les grand-mères mais il me semble les découvrir et entrer là pour la première fois. L’ambiance parmi les dernières fleurs épanouies des massifs carrés taillés au cordeau m’est pesante. Sur les bancs verts il n’y a plus d’amoureux rêvant tête contre tête, se mangeant les yeux avec les yeux ; sur les pelouses les élèves des Beaux-Arts tout proches ne sont plus là non plus pour croquer à longueur d’après midi les pleurs des saules ou les tourments craquelés des écorces des chênes. Je n’y ai jamais vu aussi peu d’enfants et le manège a disparu - le pied du cheval est juste à sa place - ; leurs cris et leurs cavalcades, leurs chahuts et leurs rires à l’odeur de praline et de barbe à papa, voilà ce qui manque le plus.

 

   Je décidais de m’arrêter à l’hôtel où j’avais réservé, pour me débarrasser des formalités. Je n’y resterai qu’une nuit mais le réceptionniste me fit remplir consciencieusement la longue fiches de renseignements.
   Ils rentrèrent derrière moi pour aller s’asseoir dans le hall, l’un en face de l’autre, sans parler.
   L’employé me rappela que l’établissement fermait à vingt trois heures trente très précises.

 

   Je pris le bus 312 qui se rendait banlieue Est et me déposerait à deux pas de chez lui d’après ses explications.
 Je n’y trouve qu’un strapontin où m’asseoir ; le véhicule est plein de voyageurs apathiques, endormis parfois, silencieux toujours sauf les gloussements fugitifs et soudain de deux jeunes filles au fond qui se racontent des choses à l’oreille. Je me suis procuré la revue que je ne connais plus vraiment ; je serai peut-être appelé à y collaborer de nouveau et il me semble utile de me replonger dans son climat avant notre rendez-vous ; toutes les deux ou trois pages des rectangles blancs estampillés en diagonale du sceau de la censure laissent imaginer l’article qu’un titre prometteur annonce en vain.
  Nous traversons la proche banlieue mais déjà la vieille cité n’est plus. Les grands ensembles entassent leurs cubes asymétriques de béton pétillant de fenêtres, colorés de balcons enrubannés de linge qui sèche, vérolés d’antennes paraboliques ; certains blocs sont limités et cernés sur plusieurs centaines de mètres par un engrillagement d’au moins dix pieds de haut ; on devine qu’un vent court à jamais entre les murs en levant de vieux papiers. Contrairement à la ville une foule considérable doit vivre là : on déambule en permanence dans chaque rue où fleurissent des commerces hétéroclites rivalisant d’enseignes tapageuses ; cependant on voit peu, pour ne pas dire pas, d’uniformes à part ceux des flics réglementant la circulation.

 

   Je sonnais chez lui juste avant sept heures. Il m’attendait.
   Il n’a pas changé ; un peu amaigri mais toujours ces yeux d’une indicible clarté où sous des sourcils drus se mêlent la pureté du bleu et le coup de sabre froid et métallique du premier regard si dur à croiser, impossible à soutenir.
  Banalement nous échangeâmes des souvenirs à propos : le lycée, l’orchestre, les virées du dimanche, le journal à la ronéo, la revue plus tard... cependant il ne parla pas d’elle. Il en arriva vite à l’essentiel. Une fois de plus son projet est ambitieux, terrifiant, excitant.

 

    Dès leurs premières victoires électorales dans quelques villes du sud et même bien avant, il s’était révélé leur premier opposant, leur féroce détracteur ; pas une parution de la revue sans un article s’appliquant à démontrer les rouages de leur fonctionnement, à dénoncer les visées et les méthodes de leurs leaders.
  Crise économique après crise économique, crise sociale après crise sociale, discours après discours, ils avaient cependant conquis démocratiquement la moitié du pays ; l’autre moitié déjà compromise ou au mieux en situation de mainmorte. Ses principaux collaborateurs l’avaient alors lâché les uns après les autres ; il les excusait toujours en dénonçant les pressions qu’ils avaient dû subir. C’est à cette époque que j’avais aussi décidé de m’installer définitivement en province.
   Lui avait continué sans relâche, consacrant toute son énergie à sa mission. Ayant perdu l’essentiel de ses annonceurs toute sa fortune y était passée mais il continuait... comme il pouvait.
  Quand ils prirent le pouvoir ils le laissèrent néanmoins poursuivre, marque d’une tolérance dont personne n’était vraiment dupe ; il était ruiné, quasi seul, et plus grand monde ne le lisait.

 

   En fait plus grand monde ne lisait plus grand chose et cela depuis longtemps déjà. Le tout-art et l’art dans tout, les écritures automatiques et les chefs-d’œuvre instantanés portés au pinacle par des cuistres intéressés, la vulgarité prétentieuse et mercantile affichée et vendue pour de la provocation, voire de la création, avaient logiquement préparé le terrain à une ersatz pensée mâchonnée, prédigérée et fécondée par l’audiovisuel puis les multimédias ; elle-même avait alors accouché d’une génération de non-citoyens dont les connaissances pouvaient être fabuleuses mais demeuraient sans valeur puisque le débat était contraint et que l’intérêt humanitaire des choses ne préoccupait plus que quelques aréopages vieillissants. Avant l’âge de dix ans les enfants pouvaient visiter Athènes sur un écran de quinze pouces, entre une partie de Star War, un concert ou un festival d’humour noir, mais s’ils connaissaient Socrate, Voltaire ou Mozart, dans le meilleur des cas, c’est parce qu’un vieux voisin de palier avait donné ce nom-là à son chat siamois.
   Tout autant que les malaises et les crises matérielles, le labourage, le nivellement et l’asservissement assolé des esprits étaient à l’origine du retour en force des potentats un peu partout et dans tous les domaines. Tout le monde pouvait tout connaître mais personne ne savait plus rien parce qu’il n’avait rien appris ; tous les fromages de la terre étaient sur la table de l’humanité mais tous les attablés étaient frappés d’agueusie et ne voulaient plus finalement que se remplir la panse, que satisfaire avant tout un estomac et quelques mètres d’intestins.
   Comme lui quelques uns résistaient encore. Si ce n’était dans la misère ou la douleur c’était toujours dans la détresse et la souffrance d’une lutte perdue d’avance où seule leur conscience déjà vague de l’honneur les gardait debout ; les moulins étaient si bien huilés qu’ils tournaient maintenant sans vent et la plupart des Sancho Pança étaient sourds et muets ou se foutaient pas mal de ce qu’ils pouvaient dire, n’y comprenant d’ailleurs rien.

 

   En mangeant quelques charcutailles sur le coin du bureau je regardais défiler le contenu impressionnant de la disquette en acquiesçant silencieusement de la tête à ses commentaires. Ainsi depuis toutes ces années il a compulsé toutes les informations, regroupé tous les résultats, toutes les investigations, tous les témoignages et encore mieux, déniché toutes les preuves irréfutables : de l’accident du Boeing des parlementaires à l’attentat meurtrier en plein défilé du premier mai... rien ne manque.
   « Voilà, dit-il, je ne sais pas pourquoi mais j’ai pensé que tu étais le seul à pouvoir m’aider à exploiter ça ».
  Son idée était simple : je couchais noir sur blanc dans une sorte de fiction appuyée tout ce que je venais de découvrir ; un éditeur était prêt à l’étranger, la diffusion déjà programmée et lui intervenait après avec ses dossiers et ses preuves ; les mouvements d’opposition existant encore étaient cette fois décidés à marcher, du moins se rassura-t-il en me l’assurant. Son idée était si simple qu’elle m’apparût naïve, si naïve qu’elle en était sublimée ; moins comptait pour lui la réussite de son entreprise que le besoin d’entreprendre qui le faisait vivre encore à cet instant. Il me sembla d’un seul coup plus grand que son mètre quatre vingt cinq, à moins que ce fût moi qui me soit tassé davantage sur ma chaise. De mes dernières années ne me revenaient ostensiblement et brutalement que l’odeur des cuisines du restaurant et le bruit ronronnant des lave-vaisselle qui tournaient à longueur de journée.
  Sans rien ajouter il m’interrogeait en me clouant de ses yeux bleus, sûr qu’il était de ma réponse, sûr qu’il savait que j’attraperai cette perche qu’il me tendait, sûr qu’il savait ma noyade depuis dix ans.

 

   Je regagnais l’hôtel avant l’heure fatidique et ne parvint à m’endormir qu’au spectacle lénifiant et sédatif de l’un de ces documentaires dont les télévisions meublaient leur grille pendant les heures creuses.
   Il ne faisait pas jour lorsque le réceptionniste me réveilla et me pria de descendre au plus vite. Les deux types d’hier m’attendaient et je crus un instant qu’ils n’avaient pas quitté le hall.
   J’étais donc le dernier à l’avoir vu vivant et d’après eux il ne faisait aucun doute que j’étais aussi le premier à l’avoir vu mort.
   Mon avocat, commis d’office comme le prévoit la loi dans ces circonstances, me donna tout d’abord envie de rire ; rapidement il ne m’amusa plus ; quel âge pouvait-il bien avoir ? vingt cinq ? guère plus de vingt sept ans.

 

« Cinquante à trèfle, annonça mon bûcheron partenaire, à toi de jouer... t’as la pogne ! »

J’ai la main, mais elle ne vaut plus grand chose. Les deux premiers édits du commandeur ont marqué l’opinion ; après le renvoi inconditionnel des étrangers de sang à hauteur de trois générations, il y a eu rétablissement des censures médiatiques et culturelles puis celui attendu de la peine de mort.

 

   Cette fois je vais être « dedans » !


Jean Barbé

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Commentaires
I
Excellente nouvelle, en peu de lignes un tour d'horizon de l'agueusie culturelle qui nous guette, et des alentours qui vont avec, dans une "fiction" bien vivante. Bravo.<br /> <br /> <br /> <br /> Sur la forme quelques petits problèmes entre l'imparfait et le passé simple, le conditionnel et le futur, le subjonctif et le passé simple (je regagnai, j'attraperais, qu'elle m'apparut, ... )
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A
Merci Monsieur Dan!<br /> <br /> çutété dommage que je massacre cette mise en page....cette nouvelle est tellement réussie...<br /> <br /> Le reste en privé...
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