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VITDITS ET AGLAMIETTES
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Vous venez d'atterrir sur le blog d'AGLAMIETTES où sévissent Aglaé, Thomas et Dan.

Chez nous, vous trouverez des textes courts, des aphorismes pas toujours très sérieux, des réparties dites VD, ou « Vitdit » pas vraiment classiques, mais, autant que possible humoristiques.

Laissez-nous un commentaire si vous avez le temps et l'envie.

Les commentaires sont accessibles sous chaque post de nos auteurs.

Une réponse vous sera adressée (sauf caprices de l'informatique toujours possible) !

vitdits-ecran

Participez sous la rubrique : « Le Plumard » réservée à nos amis et invités.

A bientôt !

10 juin 2015

"Les MDV "...rémy...

 

ecole

 

     Je me souviens de ma première année d'école maternelle. Le premier jour, ma maman m'y avait emmené en 4L, mais je ne me souviens pas comment on mettait les enfants dans les 4L à l'époque, sûrement simplement assis sur la banquette arrière, je n'étais pas très remuant. Elle n'avait que 25 ans - ma maman, pas la 4L - la 4L était bien plus jeune encore - c'était une jeune fille ! Après quoi je me suis retrouvé au milieu d'une salle grande, surtout que j'étais petit, et couverte au sol de carrés de linoléum blanc, ça grouillait de gosses qui hurlaient en courant dans tous les sens, certains poussaient des jouets devant eux, des voitures, ou des chevaux, ou des chaises, je ne me souviens pas bien, enfin des jouets éducatifs sûrement, il y avait une grande baie vitrée vers l'extérieur. Tout ce foin ne me plaisait pas, mais je voyais bien que je ne pouvais rien y changer. Un jour ma maman m'a raconté qu'elle m'avait vu par cette grande baie, debout au milieu et l'air pas sûr de savoir comment réagir, et qu'elle avait eu le cœur serré mais qu'elle voyait bien qu'elle ne pouvait rien y changer. Elle avait raison, je ne savais pas comment réagir.

Plus tard il a fallu aller faire pipi, il y avait trois cabinets côte à côte, avec des portes pas complètes, les dames, c'étaient les maîtresses mais je ne le savais pas encore, accompagnaient ceux qui avaient un pansement autour du zizi, parce que c'est l'âge où on circoncit les phimosis. Je ne me souviens pas si une dame m'avait déshabillé ou si on m'avait laissé faire tout seul. Je me souviens que le manque d'intimité m'avait mis mal à l'aise, mais que j'avais bien vu que là non plus, je ne pouvais rien y changer. Je me souviens que j'avais demandé à mes parents comment on pouvait faire pipi à travers un pansement, et qu'ils m'avaient répondu que le pansement était autour du zizi et pas devant, et je me souviens que je trouvais l'idée effrayante et dégoûtante, et que le fait que ça ne me concerne pas directement n'avait pas suffi à me rassurer. Toute ma vie j'ai détesté les cabinets des écoles, mais il faut dire que je n'en ai connu que des inconfortables, froids et même pour certains, crasseux.

Un autre jour, on était en classe ; j'étais assis à la table de gauche de l'avant-dernier rang de la file de tables de droite, c'est-à dire côté couloir et porte, pas côté fenêtres. On a reçu une photocopie avec quatre fois le même sapin, et un feutre, et la maîtresse nous a dit de dessiner un ballon au-dessus, en-dessous, à gauche et à droite du sapin. C'était pour savoir si on connaissait tous ces mots. Ensuite elle a dit venez me montrer ce que vous avez dessiné, on s'est levés et on a fait la queue pour lui apporter nos feuilles, les plus agités s'agitaient et criaient moi maîtresse moi maîtresse, il y a un mot pour ça en allemand : sich vordrängeln, mais il manque en français ; en tout cas la maîtresse corrigeait les copies au fur et à mesure, en écrivant "bien" en rouge dans un coin. Ma voisine avait fait de tout petits ballons remplis, en fait des boules de pétanque. Elle avait un feutre violet, moi bleu foncé. J'avais dessiné le ballon à la droite du sapin au lieu d'à droite du sapin, et à la gauche au lieu d'à gauche, mais évidemment ni la maîtresse ni moi ne pouvions expliquer l'un à l'autre des subtilités pareilles, elle avait seulement rayé les deux cases en rouge au lieu d'écrire "bien", et ça m'avait laissé perplexe. Les autres avaient tous eu bon. Depuis je me souviens absolument parfaitement de tous les moments de ma vie où j'ai eu honte. Ça en fait beaucoup et c'est très désagréable.

Une autre fois on m'a emmené dans une petite pièce, il y avait un monsieur qui m'a donné toute une feuille de petits dessins à recopier. J'en ai fait plein mais il y en avait un que je n'ai pas compris, il y avait des traits ondulés comme si c'était de l'eau, mais pas horizontaux, plus tard j'ai fini par me dire que c'étaient des cheveux, en tout cas j'ai passé beaucoup de temps dessus et ça m'a embêté que le monsieur vienne m'interrompre parce que j'en avais repéré plus loin dans la liste que j'aurais pu recopier sans difficulté. Des années après on m'a expliqué que ç'avait été des tests psychologiques et que j'étais passé directement en troisième année de maternelle, sans faire la deuxième. Moi je ne me souviens même pas d'une différence entre les deux.

Je me souviens aussi d'une copine avec qui on chantait Malbrough s'en va-t-en guerre, et une autre chanson dont je ne me souviens plus, assis dans la cour de récré, qui ressemblait plutôt au jardin d'une maison normale - la cour, pas la copine -, dans un coin calme et secret sous une fenêtre. Une autre fois on avait parlé de la grande école et on était tristes d'être séparés. C'est comme ça que je sais que c'était en troisième année.

C'est tout ce dont je me souviens. Ça ne fait pas beaucoup pour deux années de vie. Et c'est pas très riant.

 

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Commentaires
J
OK ... mais corrige ça "j'ai beau lui serreR" ... et non "serré"... je manque pas d'air à manquer les R ! (les autres itou ...si tu trouves)
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A
jean!<br /> <br /> TRop beau!<br /> <br /> Aglaémue!<br /> <br /> Je remets ton texte demain en page d'accueil en souhaitant très fort que personne ne la loupe!
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J
La 1ere année de cette épopée scolaire n'épargne donc pas grand monde à l'instant des souvenirs....<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> […]"C’est l’odeur du hall ciré que je reconnais tout d’abord. l’odeur agressive et terrifiante du hall ciré avec toujours celle de la peinture de gouache qui s’y mêle. <br /> <br /> Nous entrons. <br /> <br /> Les pas, les paroles, tous les sons résonnent sur les murs tapissés de grossiers et ridicules dessins d’enfants, tous de couleurs vives sorties du tube, tous plus laids les uns que les autres. A gauche dans la grande cage en forme de pagode, les deux tourterelles tressautent du col rythmiquement ; comme pour ma grand-mère qui balance pendant des heures son Parkinson sur un rocking-chair, je me demande si elles sont vivantes, encore vivantes.<br /> <br /> <br /> <br /> J’ai beau lui serré la main un peu plus fort, faire battre mon cœur un peu plus vite et plus bruyamment, déglutir par saccades pour ravaler les larmes que je ne laisse pas échapper et qui se nouent dans mon gosier, je sais… je sais que dans le hall ciré elle va me laisser. <br /> <br /> On peut toujours me seriner que j’ai de la chance parce que ma maîtresse est la plus gentille et, en plus, que je la connais bien puisqu’elle est leur proche voisine, ça ne change rien et je m’en fous : elle va me le laisser là. <br /> <br /> Me laisser pour des heures et des heures parmi cette marmaille servile et pleurnicharde qui s’ébroue à des jeux idiots avec des cris aigus. On va m’asseoir là tout seul à côté de la petite brunette à nattes qui pue la pisse, juste devant le gros lard méchant comme une teigne, boudiné dans une blouse de drap noir et qui va me taper dans le dos à longueur de journée.<br /> <br /> Lorsqu’elle se baissera et se penchera vers moi en disant : « je reviens te chercher tout à l’heure quand tu auras bien travaillé » je lui volerai une caresse de cheveux souple sur sa joue et je m’arrangerai pour que son baiser tombe au coin de ma bouche où son gras rouge à lèvres laissera pour un bon moment sa rémanence.<br /> <br /> Mais elle me lâchera la main que la maîtresse reprendra aussitôt pour m’emporter vers la large porte à double battant au fond du hall ciré.<br /> <br /> Je ne me retournerai pas…je ne me suis jamais retourné. Je ne pleurerai pas… jamais je n’ai pleuré comme les autres faisaient. <br /> <br /> De ma main libre je soulève le pan de mon tablier à petits carreaux bleus et blancs, le porte à ma bouche et je tète.<br /> <br /> Je ne ferai rien de cette autre journée-là. J’attendrai en tétant mon tablier, l’imbibant lentement, ravalant le jus de ma propre salive imprégnée de celui des fibres.<br /> <br /> Peut-être que les bras croisés sur mon pupitre et la tête dessus parviendrai-je à m’endormir en tétant, le temps mortel me semblera alors passer un peu plus vite.<br /> <br /> <br /> <br /> Elle n’est jamais la première pour me récupérer. J’attends encore… j’attends assis avec les autres sur les bancs lattés du hall encaustiqué. S'en va la petite pue-la-pisse qui sautille des nattes vers sa maman revenue… part le gros qui en grimaçant et se dandinant comme un ours rejoint son grand frère à la porte. Partent les uns, s'en vont les autres.<br /> <br /> On n’est plus qu’une poignée lorsqu’elle arrive enfin. Je l'ai vue de loin qui venait dans l'allée. Pour mieux respirer je laisse alors retomber le pan de mon tablier et d’un pas lent que je veux digne, sans me retourner, je lui reprends la main dès qu'elle franchit la porte, oubliant aussitôt cet ultime quart d’heure : le plus terrible !<br /> <br /> <br /> <br /> «-Mais comment fais-tu pour te mouiller comme ça ? » demande-t-elle à chaque fois en s’efforçant, les doigts à plat, de défroisser le tablier détrempé.<br /> <br /> <br /> <br /> Puis nous rentrons chez nous en traversant le bois de marronniers . C’est l’automne et les gros fruits bruns roulent sous nos pieds, moi courant presque quand elle ne fait que marcher en chantonnant.<br /> <br /> […]<br /> <br /> <br /> <br /> jb (Le Faiseur de rêves)
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A
Merveilleuse authenticité de cette page de Rémy!
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