Blaise Cendrars...une page de Kléber Haedens...et quelques fotos!
J'adore ce type!
Kléber Haedens, une histoire de la littérature française
Maître de la poésie moderne, aventurier des océans, des pôles, de l'Extrême-Orient et des forêts vierges du Brésil, Blaise Cendrars (1887 – 1961) est le plus grand champion de la littérature exotique. A vrai dire, le mot « exotique » ne lui convient guère et le mot « littérature » pas du tout. Même lorsqu'il écrit, Cendrars se comporte en grand vivant, en homme d'action. Et il n'est pas question d'exotisme pour un citoyen de l'univers, à qui le monde entier appartient et qui est chez lui sur tous les parallèles et tous les méridiens. Cendrars vit à son aise dans les bars nocturnes de Moscou, sur les cargos désolés ou parmi les américaines du Sud et les gangsters du Nouveau Monde. Soit qu'il parle, une cigarette au coin des lèvres, le visage boucané par les vents du monde, le regard clair ou plissé, soit qu' il écrive , il possède un talent de conteur qui touche à la sorcellerie.
( l'or, histoire vraie). Poète, Blaise Cendrars a exercé une influence indiscutable sur Apollinaire. Il écrit alors avec une précision et une vitesse qui brutalise son lecteur. Il faut connaître ses émouvantes Pâques à New York et sa Prose du transsibérien pour la petite Jeanne de France, si l'on veut savoir ce que beaucoup de poètes doivent à Cendrars sans l'avoir jamais avoué.
Après l'armistice de 1940, et pour plusieurs années, ce contrebandier, ce vagabond, s'est réfugié à Aix-en-Provence, puis à Villefranche-sur-Mer, menant une vie recluse de rêveur inspiré, ouvrant toutes grandes les portes de son ame au pouvoir de la contemplation. Il a commencé, de la sorte, une nouvelle oeuvre dont les premiers volumes, l'homme foudroyé, la main coupée, bourlinguer, ont quelque chose de prodigieux. Là, nous assistons réellement à la création d'un univers aux proportions gigantesques. Un torrent d'images nous emporte. On découvre un tempérament de feu, une verve, une santé qui permet à l'auteur de plonger dans un style avide au cœur des remous les plus violents de la vie. Les critiques ont cru déceler dans ses livres un certain désordre. Cendrars leur a répondu joyeusement et avec beaucoup de tranquillité qu'il offrait « peut-être la plus grande nouveauté littéraire du XXe siècle », par ce qu'il avait « su appliquer les procédés d'analyse et les déductions mathématiques d'un Einstein sur l'essence, la constitution, la propagation de la lumière, à la technique du roman ». Les visions simultanées de Cendrars s'imposent par un caractère original qu'il serait bien fou de discuter. Au même instant, les faux révolutionnaires des lettres se bornaient à copier tristement les techniques de Faulkner et de Dos Passos. Cendrars se ne copie jamais : il crée, il invente, il s'ouvre un chemin à grands coups d'épaule. Blaise Cendrars un des plus magnifiques écrivains de son temps.