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VITDITS ET AGLAMIETTES
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Vous y êtes !

Vous venez d'atterrir sur le blog d'AGLAMIETTES où sévissent Aglaé, Thomas et Dan.

Chez nous, vous trouverez des textes courts, des aphorismes pas toujours très sérieux, des réparties dites VD, ou « Vitdit » pas vraiment classiques, mais, autant que possible humoristiques.

Laissez-nous un commentaire si vous avez le temps et l'envie.

Les commentaires sont accessibles sous chaque post de nos auteurs.

Une réponse vous sera adressée (sauf caprices de l'informatique toujours possible) !

vitdits-ecran

Participez sous la rubrique : « Le Plumard » réservée à nos amis et invités.

A bientôt !

12 août 2012

Hervé Baudouy..."Marionnettes"...je viens de le relire et je le le rebloguouille!!!bonsoir!!!

 

 

HerveChalet

Ma foto préférée...dans le chalet...

 

 

Un politicien prêt à prononcer un discours "du fond du cœur", ça se trouve à tous les coins de campagne électorale.

Il y aurait même pléthore.

Par contre, en trouver un capable de discourir *sans* rythme cardiaque, ça, ça vaut le déplacement !

Voici l'histoire de John Fargos, le premier politicien à prononcer un discours de manière posthume.

 

Fargos était un politicien de l'ancienne école (vraiment ancienne!), qui croyait fermement que la route du salut passait par le gouvernement et les impôts. Et il pensait que la mort n'était qu'une manière, ironique, pour Dieu, de taxer la vie.

Après 25 ans dans la politique locale, il se présentait maintenant aux législatives nationales.

 

Je m'appelle Bill Carpetti, et je suis son chargé de Relations Publiques.

Ma patronne est Angie Smellson , la Directrice de campagne. C'est une réaliste pur sucre, parfois originale et brillante.

En dépit de mon expérience en politique, je demeure quelque peu idéaliste. Je suis aussi un peu illusionniste amateur, mais je ne fais pas de politique personnellement.

 

Angie et moi avions travaillé pour plusieurs politiciens, bien que jamais du côté gagnant (1) A présent, John Fargos était le seul qui avait accepté de nous engager (2).

Vu son caractère, peu de gens acceptaient de travailler pour lui, de toute façon.

Nous étions au soir de l'élection, et je me trouvais dans mon bureau quand Angie m'appela pour me convoquer d’urgence dans le bureau d'Argos.

Sa voix était un peu émue, un peu tremblante. Cà, c'était nouveau. Je l'avais surnommée le Crocodile. Et elle avait la capacité d'émotion d'un iceberg.

 

Mais peut-être Fargos avait-il essayé de la toucher; et elle n'aimait pas ça. Vous comprenez pourquoi je l’appelais le Crocodile.

 

Allais-je retrouver des morceaux divers de Fargos répandus sur la moquette ?...

Je poussais la porte.

- Referme et verrouille !

Elle se tenait derrière Argos. Lequel était affalé sur son bureau, la tête sur ses papiers. A côté, une bouteille de bourbon presque vide.

- Ne me dis pas qu'il est saoul !

- Crétin ! Il est mort. Merde ! Qu'est-ce qu'on va faire. On aurait pu gagner, ce coup-ci !

- Je ne l'aimais pas non plus, mais tu pourrais montrer un peu de respect, quand même.

- Du respect ?! C'était un ivrogne et un pourri.

- Il nous a engagés.

- Il n'avait trouvé personne d'autre !

Elle souleva la tête de Fargos et continua :

- Il aurait probablement gagné...

Elle relâcha la tête qui retomba. Bong !

-... On ne retirera aucun bénéfice de sa victoire !

J'essayais de la calmer.

- Bien sûr que si, Angie. S’il gagne, on gagne. Mais c'est vrai que ça ne me plaisait pas de le voir député.

- Essaye de comprendre ! On n'a jamais eu de gagnant. Et aujourd'hui, notre candidat nous claque dans les doigts.

Les politiciens sont très superstitieux. Avant, ils nous considéraient seulement des porte-guigne. Comment vont-ils nous appeler maintenant?

Le Baiser de la mort, ou quelque chose du genre? S'il avait attendu d'être élu, au moins, ce con ! Salaud !

Et elle colla une claque au cadavre.

 

Pour essayer de la détendre, j'ai soulevé la tête, remuant sa mâchoire de mon autre main ; je rassemblais mes talents de ventriloque pour le faire parler:

- Oh La vache ! Espèce de Titanic de la politique ! Tu m'as tué !

Angie eut un sourire:

- Pas mal ! Je ne te savais pas ventriloque.

- Chacun ses petits talents...

Elle marcha vers la fenêtre, l'air pensif, puis elle se retourna;

- J'ai une idée, Bill ! Il va faire un discours, ce soir !

Je relâchai la tête d'Argos. Boiiing !

- De quoi tu parles, là ?

Elle reprit une attitude guindée :

- Tu sors toujours avec cette infirmière ?

- Ouais.

- Je veux que tu l'appelles. Dis-lui que c'est une urgence. On a besoin d'un fauteuil roulant et d'une minerve. Mais n'en dit pas plus !

- Quoi ?!

- On va le préparer pour que tu puisses le manipuler comme un ventriloque, idiot ! On le poussera dans le fauteuil.

On dira qu'il est tombé dans sa douche. Tu t'assois à sa gauche, ta main droite manipule les fils pour faire bouger sa mâchoire, et tu le fais parler !

- Complètement débile ! Et s'il est élu ? Tu ne peux pas mettre un cadavre dans son bureau de député.

- Idiot ! Demain matin, nous annoncerons sa mort au cours de la nuit. Crise cardiaque. Les journaux vont adorer ça.

"Un politicien se fait élire avant de mourir".

- Je ne le ferai pas.

Elle eut son sourire crocodilesque.

- Tu veux retourner vendre des voitures d'occasion ?

- J'appelle ma copine tout de suite.

 

L'idéalisme, c'est bien, mais il faut l'aérer de temps en temps.

Dix minutes avant que la TV n'annonce les dernières estimations, nous avons roulé le candidat dans la salle de presse.

Les candidats font toujours un petit discours avant les dernières projections.

C'est l'équivalent politique d'uriner même quand on en n'a pas besoin. Il y avait plus de journalistes que prévu. Avec un peu de chance, ils prendraient l'attitude stoïque de Fargos pour celle d'un homme d'état plutôt que d'un cadavre.(3) En tant que chargé des relations publiques, je n'avais bien sûr aucune idée de sa plate-forme politique. Mon job, c'était de vendre, pas d'expliquer. J'allais devoir improviser.

 

Je commençais donc à le faire parler :

- Je dois m'excuser quant à mon apparence. J'ai glissé dans la douche en nettoyant la boue que mon adversaire a déversée sur moi. Ah ! Ah ! Ah !

Il peut essayer de s'en laver les mains, comme Ponce Pilate, mais elles resteront toujours tachées, comme celles de Lady Macbeth.

Les journalistes se dirent que cette Lady Macbeth était une figure du parti opposé. Ils en parleraient demain dans leur papier sûr !

Je continuais, avec la voix de Fargos :

- C'est la nuit la plus heureuse de ma vie. Je me sens comme si j'étais aux portes du Paradis. Enfin, je l'espère !

 

Angie me lança un long coup d'œil désapprobateur, mais je continuai sur ma lancée :

- Dans quelques minutes, nous connaitrons le vainqueur. Mais je veux que vous sachiez tout de suite combien j'ai apprécié votre aide.

L'argent ne peut acheter une telle loyauté. A l'avenir, n'envoyez pas de fleurs !

Angie passa derrière le fauteuil et me gifla le bras. ce qui me fit perdre le contrôle, et Fargos s'écroula en avant, sa tête rebondissant sur la table.

Boinnng... Boinnnng.... Booooong !

 

Je remis les fils en place rapidement et le redressai, puis lui fis dire :

- Touchons du bois. Ha ! Ha ! Ha !

Il y eut comme une commotion à l'arrière de la salle. La foule des journalistes s'écarta pour laisser passer deux types.

L'un était grand et mince; c'était Ratsley, le directeur de campagne de notre adversaire. L'autre, assis dans un fauteuil roulant, avec une minerve, c'était Galverson, notre adversaire en personne.

Johnson hurla :

- Tricheur ! Je ne te laisserai pas gagner avec de la sympathie. Moi, je me suis cassé les DEUX genoux et mes DEUX mentons !

Et les deux nous chargèrent à travers la foule.

Ratsley aida Galverson à se lever. Je soulevai Argos...

Et nous sommes tombés tous les quatre par terre.

 

Quand les agents de la sécurité nous eurent séparés, Fargos et Galverson restèrent au sol.

L'un des gardes se pencha :

- Ils sont morts tous les deux.

Angie les examina tous les deux et cria :

- Votre candidat est plus froid que le nôtre ; nous avons gagné !

Mais une femme se rua sur l'estrade, un papier à la main, et hurla :

- Voilà les résultats : Helen Kennedy est élue !

 

... Quelques heures plus tard j'étais, avec Angie, dans le bureau d'Argos, à vider pensivement une bouteille de bourbon.

- Bon, je crois qu'il ne me reste plus qu'à retourner aux voitures d'occasion. Et toi, Angie ?

- Je vais continuer en politique.

- Après ce qui s'est passé ce soir ?!

- Tu as oublié la règle No 1 en politique.

- Laquelle :"Les politiciens morts ne mentent plus" ?

- Nop ! C'est que les gens ont la mémoire courte quant aux actes, mais longue pour les noms. Nixon est maintenant un Homme d'État, un Sage !

Elle me fit son sourire-crocodile, puis continua :

- Pourquoi nous embauchent-ils ? Pour faire connaitre leur nom. La meilleure pub, pour eux, c'est la controverse, la polémique. Et tu ne peux pas *acheter* cette sorte d'exposition. Je vais parler en prime time sur toutes les chaines nationales !

- Et je pense que tu as des chances de devenir la première femme présidente, en plus.

- Ca te dirait de t'occuper de ma campagne ?

Je lui renvoyai un sourire-crocodile pas trop mal imité, et répondit :

- Je t’invite à diner ?

------------

 

 

 

(1) Ce qui pose la question :"Quand un politicien ne gagne pas, est-ce de sa faute ou de celle de ses "conseillers". Angoissant, non ?

(2)Ce qui répond à la question du (1) ? Dans le sens où le candidat rejette la faute sur ses conseillers, question subsidiaire et néanmoins séditieuse :

"Pourquoi un candidat a-t-il besoin de conseillers ? "

Avec un corollaire : "Peut-être Fargos était-il un indécrottable optimiste. Ou un inconscient. Ou les deux.

(3) Quoiqu'on puisse se demander parfois s'il y a vraiment une différence...

 

 

 

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Commentaires
H
Ah ! J'ai failli en faire...<br /> <br /> Mais j'ai trouvé le milieu ... glauque, et nauséabond :-)<br /> <br /> <br /> <br /> RV - anar tendance Groucho
Répondre
A
...je me demande comment tu fais pour inventer une crapulerie pareiile? ...tu devrais faire de la politique!!!
Répondre
A
....pour ce texte en particulier et les autres en général!
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