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VITDITS ET AGLAMIETTES
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Vous venez d'atterrir sur le blog d'AGLAMIETTES où sévissent Aglaé, Thomas et Dan.

Chez nous, vous trouverez des textes courts, des aphorismes pas toujours très sérieux, des réparties dites VD, ou « Vitdit » pas vraiment classiques, mais, autant que possible humoristiques.

Laissez-nous un commentaire si vous avez le temps et l'envie.

Les commentaires sont accessibles sous chaque post de nos auteurs.

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vitdits-ecran

Participez sous la rubrique : « Le Plumard » réservée à nos amis et invités.

A bientôt !

1 août 2012

Marlène Tissot...un extrait de son prochain roman..."Les Voix..."...

ecole poissons velo

Valence...Marlène...2012...

 

Nettoyer

C’était les samedis matin et l’odeur âcre de la poudre Cif me griffait les narines. Maman enfilait sa vieille blouse à fleurs et récurait frénétiquement chaque recoin de l’appartement. Si elle avait pu me nettoyer, l’intérieur, l’extérieur, avec autant d’ardeur, sûre qu’elle n’aurait pas hésité une seconde.

C’était les samedis matin, je m’en souviens parce que les autres jours, maman travaillait de longues journées pour pouvoir me nourrir, me vêtir, me loger, m’éduquer. Elle n’avait pas la vie facile, je le sais bien. Elle travaillait beaucoup et pendant ce temps-là, la crasse s’accumulait. Maman la regardait se déposer d’un œil mauvais. De la poussière, des traces de doigts, de la saleté, partout. Sur le sol et les meubles. Sous le lit, sur l’émail de la baignoire, sur ma peau et dans mon âme. J’étais en perdition. Aucun Cif, aucun Monsieur Propre ne parviendraient à me sauver. Maman frottait, astiquait, épongeait, et jamais, jamais, je ne deviendrais lisse et pure comme elle le souhaitait. Pas même les samedis matin.

Je profitais parfois de sa frénésie ménagère pour m’enfermer à la salle de bain, seul. Juste pouvoir me laver sans la douche froide de son regard. Un matin, elle m’a surpris. J’ai tourné le robinet et j’ai su qu’elle était là. Il y avait trop de silence entre les murs. Je la devinais, guettant au travers de la porte. Mes petits coups en douce, comme elle disait en me traitant d’ordure. Sûre qu’elle m’attendait, prisonnière des deux tours de verrou que j’avais mis entre nous.

Mes jambes ont commencé de trembler. C’est pas vraiment que j’avais peur d’elle. Je grandissais et je savais bien qu’elle ne pouvait pas me faire mal au point de me tuer. Mais le malaise me vrillait le ventre. L’attente du premier cri, du premier coup. La métamorphose de maman, la peau de monstre qu’elle enfilait quand son impuissance à me modeler la rendait ivre de rage. Alors je faisais le dos rond. Je disais oui maman suffisamment de fois, je racontais tout, et surtout les mensonges qu’elle prenait pour mes vérités. Alors elle se calmait. Elle se calmait, me cajolait et puis elle recommençait. C’était ainsi depuis toujours et je me demandais si ça finirait par s'arrêter un jour.

 

Marlène Tissot

 


 

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Commentaires
A
...toujours des scènes de vie sans tricher...merci à elle!
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