Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
VITDITS ET AGLAMIETTES
VITDITS ET AGLAMIETTES
Publicité
Archives
Derniers commentaires
VITDITS ET AGLAMIETTES
Newsletter
0 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 355 349
Vous y êtes !

Vous venez d'atterrir sur le blog d'AGLAMIETTES où sévissent Aglaé, Thomas et Dan.

Chez nous, vous trouverez des textes courts, des aphorismes pas toujours très sérieux, des réparties dites VD, ou « Vitdit » pas vraiment classiques, mais, autant que possible humoristiques.

Laissez-nous un commentaire si vous avez le temps et l'envie.

Les commentaires sont accessibles sous chaque post de nos auteurs.

Une réponse vous sera adressée (sauf caprices de l'informatique toujours possible) !

vitdits-ecran

Participez sous la rubrique : « Le Plumard » réservée à nos amis et invités.

A bientôt !

20 novembre 2017

"Domaine de L'Epine-Vinette"... Agla...

 la-vieille-dame-indigne

 

L'arrivée de la vieille Madame Ferlane, ce matin-là au camping ne passa pas tout à fait inaperçue. Elle avait au moins soixante dix ans et plus probablement soixante quinze. La blonde réceptionniste, Françoise, soupçonna la nouvelle arrivante de venir rejoindre des enfants ou des petits enfants déjà installés dans ce qu'on nommait pompeusement « le Domaine ».

Mais non ! Madame Ferlane déclara qu'elle venait se reposer huit ou dix jours et, tirant une valise à roulettes de bonne taille, elle suivit Françoise pour une visite des lieux, des services et diverses commodités de l'endroit. Une cinquantaine de « yourtes », rondes, en toiles colorées, s'étageaient depuis le portail d'entrée, en haut du camp jusqu'à la mer tout en bas. Une seule allée, large et sableuse, desservait l'ensemble. Le tout plutôt agréable en comptant quelques conifères odorants et, séparant les tentes, des haies de Berbéris, la fameuse Epine-Vinette qui avait donné son nom au camping.

Madame Ferlane se retira sous sa tente comme Achille autrefois et reparut en tenue de jogging blanche, mocassins gold et casquette élégante. Il ne lui fallut que quelques jours pour connaître les distractions possibles sur place en dehors des bains de mer qu'elle ne pratiquaient plus depuis quelques années, et pour faire un peu connaissances des familles autour d'elle. Familles avec enfants en vacances scolaires depuis le début de ce mois de Juillet remarquablement beau et chaud dans ce coin de la Bretagne nord où se situe mon histoire.

La vie s'organisa paisiblement pour les uns et les autres. Notre vieille dame, après la toilette et une promenade jusqu'à la plage, remontait chercher et lire le Télégramme de Brest que Françoise lui mettait de côté. Elle s'octroyait une barre de chocolat et si quelques mômes l'avaient suivie elle laissait la monnaie pour les tagadas et autres haribos.

Rien de bien sérieux dans les journaux en plein mois de Juillet et les derniers scandales, les peaux de bananes politiques, les mauvaises nouvelles de la rentrée étaient, si j'ose dire, en hibernation ! Restaient quelques faits divers, une inoxydable histoire de forcené ; un ou deux comas éthyliques suite à une rave partie et un sacré vol de bijoux dans une maison prestigieuse. On ne disait pas le montant du vol mais on sentait, en lisant, que c'était une grosse affaire. Heureusement, notre amie adorait les mots croisés et ceux du Télégramme étaient fameux dans toute la Bretagne.

Les jours passaient et les enfants avaient constitué une joyeuse bande pour l'été ; ça criait un peu fort sur le terrain de foot approximatif, mais en dehors de quelques coups de gueule d'un père dérangé dans sa sieste, les relations de voisinage étaient sympas. Madame Ferlane, adoptée, se voyait confier un bébé pendant le bain des parents et acceptait une fois sur deux une invitation à l'apéritif du soir qui durait souvent jusqu'à la fraîche.

Dans la bande des gosses, comme souvent, un petit caïd se distinguait des autres enfants. On ne saurait dire pourquoi. Ni plus beau, ni plus fort, il avait le charme d'un gavroche, un beau rire sonore et l'œil d'un chef. Chaque jour, il organisait pour les autres un jeu de piste, une chasse au trésor, ou n'importe quoi d'autre avec des règles à lui que les autres suivaient scrupuleusement. Il arrivait que Madame Ferlane soit sollicitée car ils avaient besoin de papier et de crayons pour rédiger des messages top-secrets qu'on cacherait dans le tronc des arbres ou dans les épines des berbéris.

 

C'est toujours Jok qui vient demander ces petits services à Madame Ferlane. Il frappe à la porte qui est la seule partie rigide de la yourte en disant : « C'est moi, Jok, Madame Ferlane... on a encore besoin d'un truc ! ». Et la vielle dame sourit de cette demie complicité qui s'est établie entre l'enfant et elle en quelques jours. Elle donne le papier ou un Bic ou un petit pansement pour une égratignure.

La semaine passe très vite et certains des campeurs reprendront le travail Lundi. Ils rangent leurs affaires dès le Dimanche. D'ailleurs la journée est calme. Il n'y a même pas eu les journaux du matin et on en est réduit à jeter un œil sur le canard de la veille en épluchant les légumes. Le forcené a fini par donner son arme aux flics. Femme et enfants ont été emmenés aux urgences de l’hôpital, ce qui ne sert pas à grand chose, et confiés à une psychologue, ce qui ne peut pas leur faire du mal. Rien par contre, sur le vol des bijoux. Trois lignes en bas de page.

La bande de Jok est particulièrement bruyante et c'est impossible de faire la sieste. Si bien que Madame Ferlane, contrairement à son habitude, s'éloigne un peu de sa yourte vers trois heures de l'après midi et suit une sorte de chemin sableux qui la mène vers un peu d'ombre et de silence... Ce petit éloignement lui fait un bien fou... Elle songe sérieusement à quitter le camping dans quelques jours mais elle a besoin d'avoir des nouvelles des ses enfants auparavant... c'est eux qui ont décidé qu'elle passerait une semaine ici, au Domaine... eux qui ont tout organisé pour elle...

Joke a inventé un nouveau jeu pour sa bande : Chaque enfant, dans les limites du Domaine, doit trouver et rapporter un objet le plus rare, ou le plus drôle, ou le plus bizarre possible. D'accord ? Rendez-vous ici dans une heure !

 - D'accord !

- Et toi, Jok, tu joues aussi !

- Oui !... Attention au départ... PAR-TEZ !!!

Les enfants s'éparpillent dans tous les sens avec des cris de sioux et peu à peu la récolte s'amoncelle au quartier général.

Les gamins de cette génération n'ont aucune inhibition dans ce genre de projet et ils entrent partout avec une décision qui frôle souvent le sans-gêne ! si bien que les trophées sont à la mesure de leurs investigations énergiques.

Quelques supporters rédigent la liste des trouvailles par ordre d'entrée en scène :

- Un soutif rouge

- Une bible

- Une foto de lady Gaga

- Une lettre d'amour

- Une moumoute

- Une boîte de Viagra, une statuette en plastique de la Vierge de Lourdes, un thermomètre médical... etc...

Il y a de la rigolade dans l'air et les parents ne sont pas les derniers à se tenir les côtes ! Presque tous les participants sont arrivés.

Venant de la direction de la yourte de Madame Ferlane Jok survient alors, en courant, hilare, les bras écartés en ailes d'avion. Il est exalté, tout rouge de plaisir et, deux secondes après son arrivée, une énorme stupéfaction se peint sur les visages de tous les gens présents, enfants et adultes. Vingt cinq personnes, immobiles, la bouche ouverte, regardent fixement le gamin.

Jok est couvert, absolument couvert, de bijoux. Un diadème sur les cheveux, un lourd collier, plusieurs bracelets aux bras, une broche piquée sur son teeshirt Coca Cola... C'est une apparition tellement improbable que chacun tente de trouver une explication plausible... S'agit-il de bijoux de pacotille, pour un spectacle de 14 Juillet dans quelques jours ?... ou bien Madame Ferlane développe-t-elle une douce manie de vieille dame en collectionnant des verroteries sans valeur ?

La scène, si bruyante il ya cinq minutes, plonge dans un silence de stupeur et de malaise. Il a fallu que Jok s'approche des adultes et que la vérité apparaisse brutalement. La valeur de ces bijoux ne fait aucun doute, ils se trouvaient dans l'habitation de la vieille dame où l'enfant les a trouvés en fouillant partout pendant sa courte absence, et le collier est une magnifique rivière de diamants dont la description très précise figurait dans l'article du Télégramme de Brest, celui qui relatait le vol six jours auparavant.

Madame Ferlane a un petit-fils de vingt ans, Frédéric, qui ressemble un peu à Jok au même âge. Vivant, charmeur, décidé. Et Frédéric, devenu Frédo La Roucoule dans le milieu des truands à cause de sa manière d'embobiner tout le monde, vient perpétrer ce casse magistral au début du mois de Juillet avec deux potes... Un beau coup tout en finesse, sans blessés et sans cadavres. Le butin amassé dans un sac de jute, il faut trouver très vite un receleur pas trop connu de la police. Ne pas garder toute cette joncaille près de lui. Trop dangereux. Frédo ne trouve personne, à croire qu'ils sont en vacances comme tout le monde.

- Allo, Mamoune ?... C'est Frédéric !

- Bonjour mon chéri... que deviens-tu, je ne te vois jamais ?

- Justement, Mamoune, j'ai très envie de te voir... et j'ai un petit service à te demander...

- Volontiers mon grand... si je peux...

 

Aglaé Vadet

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
A
UN autre vieux remis au goût du jour!!!<br /> <br /> <br /> <br /> Un autre vieux comme mes robes! <br /> <br /> Aglaé, vieux routard, <br /> <br /> Fini la petite randonnée <br /> <br /> , <br /> <br /> <br /> <br /> Vide ton sac <br /> <br /> Arrache les vertes jalousies <br /> <br /> Les remords monotones <br /> <br /> Les ruminations lentes <br /> <br /> Les j'aurai du ici <br /> <br /> Les pas encore là bas <br /> <br /> Dehors le fric dehors les fringues <br /> <br /> Les cadeaux sans l'amour <br /> <br /> Snobe deux fois plutôt qu'une <br /> <br /> Les fêtes mercantiles <br /> <br /> Dans des temples sans dieu. <br /> <br /> Quand enfin allégée <br /> <br /> Tu fermeras les yeux <br /> <br /> Une dernière fois <br /> <br /> Sans amertume aucune <br /> <br /> Loin des alcools sans joie <br /> <br /> Ton âme en gambadant <br /> <br /> Les deux mains dans les poches <br /> <br /> S'évadera follette<br /> <br /> <br /> <br /> agla
Répondre
A
...et Toi...quand tu veux!
Répondre
H
Hop ! :-)<br /> RV
Répondre
A
...Moi aussi, j'en ai d'autres sous le coude!
Répondre
H
J'aime ! :-))<br /> <br /> RV
Répondre
Publicité