Jean-Marc La Frenière....texte volé sans regret sur Francopolis!!!et BONSOIR!!!
LE TEMPS JAMAIS
J’avais des mains aveugles. Tu as ouvert en elles la paupière des caresses. Je te regarde du bout des doigts. Je porte en moi ta bouche comme une eau souterraine, la source intouchable des yeux. Il n’y a que toi. Il n’y a que moi. Je ne veux rien d’autre au milieu de la nuit. Aucune femme ne te ressemble. Tes yeux brûlent plus loin que la dernière cendre. D’un doigt, j’ouvre ton centre jusqu’au ciel.
Fruit lisse dans un lit de femme, drap dessus drap dessous, une main renversée sur l’oreiller, mi chair mi frisson, tu dors l’autre main sur les cuisses. J’arrive à toi le corps rempli d’amour, les mains pleines de caresses, des sémaphores aux yeux, les bras chargés d’un bouquet de ferveurs, les lèvres parallèles aux battements du cœur, une tourmente dans les hanches. Mes yeux ont un parfum qui cherche tes images dans la nuit court vêtue. J’aime quand tu bouges les lèvres, quand tu m’ensevelis à marée haute. Ta langue fouine sur ma peau. J’aime quand tu prends le temps, quand tu embouches l’absolu, quand tu lèches mes mots, quand tes mains coulent sur mes épaules. J’aime quand tu m’aimes.
Le temps jamais ne remplacera nos rides. Le mot amour dit si mal que je t’aime. Il faut le silence des gestes comme une force ajoutée au mouvement. Même dans mes bras, tu es trop loin. Je te veux sous la peau. Tu es la ligne sur ma main que je ne voyais pas, celle qui donne sur le cœur. Je te libère en moi comme une source pure suppléant à la mort. L’infime s’ouvre à l’infini dans l’herbe de tes mains. Le vent se lève comme un désir ébouriffant nos gestes. Je n’attends rien d’un monde où tu ne serais pas. Je te rencontre là où je deviens ce que je voulais être.
1 décembre 2005
Jean-Marc La Frenière